Dans mon job sous les ors de la République j’ai croisé beaucoup de préfets, surtout lorsque je tenais le dossier Corse sous Michel Rocard premier Ministre. Avant, j’avais apprécié l’accueil de Claude Erignac alors préfet du Gers. Ensuite, lors de ma mission VDN il fut beaucoup question du préfet Bonnet qui s’illustra en Corse avec l’incendie des paillotes sous JP Chevènement, j’ai récemment appris que le préfet Dartout qui m’accueillit chaleureusement à Perpignan en plein mois d’août, Préfet de la région PACA, prendra ses fonctions à Monaco comme ministre d'Etat le 1er septembre. Mon collègue à la présidence de l’AN Jean-François Gueulette fut nommé préfet des Deux-Sèvres Joël Thoraval préfet de région Corse m’impressionna, ancien directeur de cabinet de Pasqua à l’Intérieur, il devint à sa retraite président du Secours catholique. Celui qui pleura devant moi, travailla au Conseil général de la Nièvre en 1970, fut nommé préfet de l’Ardèche en 1983, dans le palais Lantivy avait tenu 1 an dans l’univers impitoyable de la Corse. 1989-1990.
Notre guide suprême Emmanuel Macron vient de procéder à un vaste mouvement de préfets il a profité du dernier conseil des ministres avant la pause estivale, mercredi 29 juillet, pour nommer 18 nouveaux préfets.
S’il n’est pas inédit, un changement d’une telle ampleur est rare.
Plus de cinquante nominations de préfets étaient intervenues à l’été 1981, au lendemain de l’élection de François Mitterrand. Un vaste mouvement préfectoral avait également suivi l’arrivée de Pierre Joxe à l’intérieur, en 1984. En 1993, une cinquantaine de préfets avaient également bougé, après la nomination d’Edouard Balladur à Matignon. « Mais, en 1981 comme en 1993, il s’agissait de débarquer des préfets marqués politiquement, ce n’est pas le cas ici, rappelle Gildas Tanguy, maître de conférences à Sciences Po Toulouse. Ce mouvement, en cours de mandat, n’est pas une épuration, au contraire. Il s’agit vraisemblablement d’imposer une rupture et une nouvelle ligne politique, plus territorialisée, décentralisée. »
Il n’est sans doute pas un corps administratif de l’État en France qui véhicule – depuis sa création – autant de fantasmes, d’a priori, de caricatures, de parodies et de mises en scènes savantes et littéraires, et bien sûr de commentaires politiques, que le corps préfectoral.
De fait, la figure du préfet semble – et ce quel que soit le régime – vouée de façon récurrente à occuper le devant de la scène, de deux façons principales.
D’une part, l’institution est souvent évoquée au travers des individus, tour à tour héroïques ou comiques, qui l’ont incarnée : Rambuteau, Haussmann, Cambon, Lépine, Poubelle, Schrameck, Carnot, Moulin, Érignac sont autant de noms qui symbolisent et personnifient le corps.
D’autre part, cette individualisation marquée de l’institution va de pair avec l’usage d’un vocabulaire attendu ou routinisé et d’un imaginaire approprié. En témoignent les mutations ou les évictions, si controversées et médiatisées, du préfet de la Manche Jean Charbonniaud en janvier 2009 et du préfet de l’Isère Albert Dupuy en juillet 2010. Ces « affaires » rassemblent tout l’arsenal rhétorique qui entoure la définition de l’institution : pour le dire vite, le préfet est un agent politique du gouvernement, un fonctionnaire d’autorité révocable ad nutum. Ce qui est advenu des préfets de la Manche ou de l’Isère résonne telle une antienne de la longue histoire de l’institution préfectorale, tant la mutation et la révocation semblent l’alpha et l’oméga de l’histoire de cette administration
À dire vrai, rien de très original. Depuis la création du corps, les analyses, les commentaires savants ou non, et a fortiori les évocations littéraires ont toujours retenu ce critère comme déterminant. Les exemples sont légion. Que l’on songe à la vision d’Henri Chardon qui envisageait la suppression des préfets comme le préalable nécessaire à toute réforme administrative.
« Le préfet dans tous ses états ». Une histoire de l’institution préfectorale est-elle (encore) possible ? ICI
Gildas Tanguy
Les préfets sont nommés par décret du Président de la République pris en Conseil des Ministres sur proposition du Premier Ministre et du ministre de l’Intérieur. Ils sont recrutés parmi les sous-préfets et administrateurs civils et, dans une proportion d’un cinquième de l’effectif global, pris discrétionnairement parmi les fonctionnaires ou les non-fonctionnaires, sans aucune condition spéciale. Soumis à un loyalisme particulièrement strict à l’égard du gouvernement, les préfets ne possèdent pas le droit syndical ni le droit de grève. Ils sont regroupés au sein de l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.
Emmanuel Macron décide d’un vaste mouvement de préfets ICI
Des proches du chef de l’Etat ont été promus. Les femmes, les jeunes et les nouveaux profils ont été privilégiés.
Par Benoît Floc'h, Denis Cosnard et Solenn de Royer
Publié le 31 juillet 2020 - Mis à jour le 31 juillet 2020
Le président de la République, Emmanuel Macron, a profité du dernier conseil des ministres avant la pause estivale, mercredi 29 juillet, pour nommer 18 nouveaux préfets, procéder à 15 mutations et changer un certain nombre de directeurs d’administration centrale. Préparé de longue date mais retardé par la crise sanitaire, ce mouvement est le plus important depuis des années, alors que 13 nouveaux préfets ont déjà été nommés en janvier.
S’il n’est pas inédit, un changement d’une telle ampleur est rare. Plus de cinquante nominations de préfets étaient intervenues à l’été 1981, au lendemain de l’élection de François Mitterrand. Un vaste mouvement préfectoral avait également suivi l’arrivée de Pierre Joxe à l’intérieur, en 1984. En 1993, une cinquantaine de préfets avaient également bougé, après la nomination d’Edouard Balladur à Matignon. « Mais, en 1981 comme en 1993, il s’agissait de débarquer des préfets marqués politiquement, ce n’est pas le cas ici, rappelle Gildas Tanguy, maître de conférences à Sciences Po Toulouse. Ce mouvement, en cours de mandat, n’est pas une épuration, au contraire. Il s’agit vraisemblablement d’imposer une rupture et une nouvelle ligne politique, plus territorialisée, décentralisée. »
Soucieux d’affirmer son autorité et d’insuffler un nouvel élan pour les six cents jours qui lui restent, le chef de l’Etat, qui vient de remanier en profondeur son gouvernement, poursuit son grand ménage. « Le président a fait le choix de gens frais, compétents et motivés, sur qui s’appuyer, dit-on dans son entourage. Il veut montrer que la transformation se poursuit avec force et non pas au fil de l’eau, ce qui est souvent le cas à ces moments du quinquennat. »
« Rattraper les choses »
Ces nominations ont été l’occasion pour Macron de remercier et promouvoir plusieurs proches et conseillers. Laurent Hottiaux, qui suivait les affaires intérieures à l’Elysée, devient préfet des Hauts-de-Seine et le chef de cabinet adjoint du palais, Rodrigue Furcy, est nommé dans les Hautes-Pyrénées. Le conseiller en communication du président, Joseph Zimet, devait quant à lui hériter de la préfecture de la Haute-Marne, mais son nom a été retiré de la liste juste avant le conseil des ministres ; il pourrait être nommé fin août pour une prise de poste plus tardive.
Emmanuel Macron récompense aussi son précieux directeur de campagne en 2017, Jean-Marie Girier, qui, à 36 ans, devient préfet du Territoire de Belfort, après avoir dirigé le cabinet de Richard Ferrand à l’Assemblée nationale. Fin politique, ce Lyonnais, ancien collaborateur de Gérard Collomb, devient l’un des plus jeunes préfets de France, derrière Pierre Sudreau, nommé préfet à 32 ans seulement, en 1951.
Plusieurs anciens conseillers de Matignon sont également promus. Eric Jalon, ex-chef du pôle intérieur à Matignon, est nommé préfet de l’Essonne, Xavier Brunetière, ex-conseiller outre-mer, préfet du Gers, ou encore Anne Clerc, ex-chef de cabinet d’Edouard Philippe, préfète déléguée pour l’égalité des chances dans les Hauts-de-Seine.
Côté Beauvau, l’ex-directeur de cabinet adjoint de Christophe Castaner, Etienne Stoskopf, devient préfet des Pyrénées-Orientales, l’ancien directeur de cabinet, Stéphane Bouillon, est nommé secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale. Il était programmé pour la prestigieuse préfecture d’Ile-de-France, mais ce poste revient finalement à Marc Guillaume, évincé sans ménagement du secrétariat général du gouvernement (SGG). « Ils ont voulu rattraper les choses avec Guillaume pour ne pas donner l’impression d’un licenciement sec », explique un fin connaisseur de l’administration.
Il est en effet extrêmement rare qu’un SGG soit remercié après un changement de gouvernement, souligne Jean-Michel Eymeri-Douzans, professeur à Sciences Po Toulouse. « Cela ne s’est produit qu’une fois, en 1986, lors de la première cohabitation, dit-il. Cette décision est plus importante que la nomination de tous les autres préfets réunis. Jean Castex veut signifier qu’il y a un nouveau maître à Matignon. »
« Il y en a pour tout le monde »
Plusieurs critères ont guidé ces nominations, explique l’Elysée. Le rajeunissement : trois nouveaux préfets ont moins de 40 ans. La féminisation : 8 primo-nommés sur 18 sont des femmes ; la France compte désormais 38 préfètes, contre 24 en 2017, et pour la première fois, une femme, Pascale Regnault-Dubois, prend la tête des CRS. La diversification des profils, enfin : la cadre dirigeante d’une entreprise privée, Salima Saa, qui avait des responsabilités au sein de l’UMP, est par exemple nommée en Corrèze.
Autre bénéficiaire du mouvement, Frédérique Calandra, l’ancienne maire du 20e arrondissement de Paris, nommée déléguée interministérielle à l’aide aux victimes. Cette socialiste de 57 ans avait été la seule maire de l’équipe Hidalgo à rejoindre le camp macroniste et à se présenter en mars sous les couleurs de La République en marche. Une évolution sanctionnée par les électeurs : elle n’a obtenu que 9 % des voix au second tour, et n’a été réélue ni maire d’arrondissement ni même conseillère.
Ce mouvement voit aussi la promotion ou le retour de plusieurs ex-collaborateurs de l’ex-premier ministre Bernard Cazeneuve à Beauvau, dont son ancienne conseillère spéciale, Marie-Emmanuelle Assidon, nommée secrétaire générale de la zone de défense et de sécurité à Paris. « Il y a des ex de chez Cazeneuve mais aussi de chez Valls, il y a également des promus à droite, observe un fin connaisseur de l’administration. Il ne faut pas voir de sens politique à ce mouvement, il y en a pour tout le monde. » Emmanuel Macron pourrait réunir ces nouveaux préfets à la rentrée.
Benoît Floc'h, Denis Cosnard et Solenn de Royer
Emmanuel Macron a nommé mercredi 29 juillet, 18 nouveaux préfets de département, dont plusieurs conseillers de l’Élysée et de Matignon, et en a déplacé 15 autres. C’est le plus vaste mouvement préfectoral depuis le début du quinquennat, après les 13 nouveaux préfets nommés en janvier. ICI