Au café existentialiste, sirotant un cocktail à l'abricot avec Raymond Aron, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Selon une jurisprudence bien installée, dès qu’une idée de chronique maraude dans ma tête j’ai un gros problème : il y a de grandes chances que j’en eusse pondue une sur le sujet…
Ainsi je lis dans l’excellent journal Le Temps
L’abricot, cette pomme précoce ICI
On l’aime nature, en confiture, pour accompagner une viande, ou encore en eau-de-vie. Mais quoi? L’abricot, évidemment! Originaire de Mandchourie, il est probablement arrivé en Asie mineure et dans nos régions grâce aux Romains qui l’appelaient malus praecox, soit «pomme précoce», parce qu’il fleurit tôt.
En Suisse, il constitue bien une spécialité valaisanne: 95% des abricots du pays en proviennent, avec plus de 700 hectares de surface cultivable. La culture des abricots est donc un des piliers de l’agriculture du canton, qui rapporte en moyenne un tiers du revenu brut du secteur des fruits et légumes.
Je pioche dans mes Archives et j’y découvre
2 août 2015
Que boire à la plage avec un beignet à l’abricot ? ICI
La plage des Sables-d’Olonne
En attendant l’heure de la baignade, fixée par nos intransigeantes mères à moins 3 heures après la fin de notre déjeuner, nous exercions nos talents de cantonniers, creusant des trous, érigeant des murailles, bâtissant des châteaux de sable… Notre proximité de la pendule nous permettait de contrôler le compte à rebours. Nous ne savions point nager mais nos mères nous laissaient aller au bain sans grande inquiétude, la plage était si plate, la mer si calme, le drapeau était vert et les CRS musclés nous protégeaient. De ces baignades maritimes j’ai gardé le goût de l’eau salée et un grand désintérêt pour celle des piscines.
Mais le bain ça donne faim !
Et, bien sûr, suit une tartine sur l’abricotier.
Que faire ?
Je pioche du côté des écrivains :
- Au café existentialiste, sirotant un cocktail à l'abricot avec Raymond Aron, JeanPaul Sartre et Simone de Beauvoir.
- Alexandre Soljenitsyne, La Confiture d’abricots et autres récits, Fayard, août 2012, 410 pages, 22 €
- Sérotonine de Michel Houellebecq
Son héros, Florent-Claude, est un ingénieur agronome travaillant comme contractuel au ministère de l'Agriculture. Il produit des notes qui sont censées alimenter les positions françaises au sein de la Commission de Bruxelles où se discute à la fois la PAC (politique agricole commune) et où la direction générale du commerce exerce, au nom des 28 États membres, le mandat de conclure des accords commerciaux avec les pays tiers.
Comme dans Extension du domaine de la lutte pour construire son histoire, Michel Houellebecq emprunte quelques éléments à sa propre biographie : il est lui-même passé par l'Institut national agronomique Paris-Grignon et, plus tard, a effectivement travaillé pour le ministère de l'Agriculture, mais après avoir bifurqué vers l'informatique.
À la recherche des abricots argentins
Voici ce qu'il écrit : « J'étais en effet parti avant d'avoir remis ma note de synthèse sur les producteurs d'abricots du Roussillon, dégoûté par la vanité de ma tâche, dès que les accords de libre-échange actuellement en négociation avec les pays du Mercosur seraient signés, il était évident que les producteurs d'abricots du Roussillon n'auraient plus aucune chance, la protection offerte par l'AOP abricot rouge du Roussillon n'était qu'une farce dérisoire, le déferlement des abricots argentins était inéluctable, on pouvait d'ores et déjà considérer les producteurs d'abricots du Roussillon comme virtuellement morts, il n'en resterait pas un, pas un seul, même pas un survivant pour compter les cadavres. »
Ce passage fait référence à la négociation d'un accord de libre-échange en cours entre la Commission européenne et les 4 pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay). Mais, petit problème : les Argentins, pas plus que les trois autres pays, ne sont des producteurs d'abricots. L'Amérique du Sud tout entière ne représente pas plus de 2 % des abricots dans le monde, selon les données de 2011. Le bassin méditerranéen est le premier producteur mondial (48 à 50 %) devant l'Asie proche (30 à 34 %).
Pan sur la plume de Houellebecq, ancien ingénieur agronome, les abricots argentins, si tant est qu'ils parviennent en nombre jusqu'en Europe, ne sont en aucune façon concurrents des abricots français du Roussillon puisque les cycles saisonniers entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud sont... inversés ! Quand ceux du Roussillon sont mûrs et débarquent sur les marchés, ceux d'Argentine n'ont pas encore poussé, et réciproquement. On ne voit pas comment les abricots argentins pourraient tuer jusqu'au dernier les producteurs du Roussillon puisqu'ils ne seraient éventuellement commercialisés qu'en hiver...
Les arguments de mauvaise foi, quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage, l'écrivain a publiquement pris position en faveur de la sortie de l'Union européenne, ne servent pas une cause, le bon argument pour rejeter l’importation de fruits de l’hémisphère Sud c’est son coût carboné, mieux vaut consommer local de saison.
le 14 / 12 / 2016
4. la douceur de l’abricot, c’est aussi la nostalgie du doudouk
Lorsque Karen Hakobyan, musicien et fabriquant de flutes, prend son doudouk, un film pourrait s’enclencher. Un paysage mental. Il y aurait beaucoup de nostalgie, mais surtout de la douceur. Sans doute vient elle du souffle de Karen, sa mélancolie (de sa jeunesse). Mais aussi du bois d’abricotier dont est fait cette petite flûte au bec de roseau percée de neuf trous.
L’abricot, appelé pomme d’Arménie, est , dit-on, le meilleur au monde. il est partout dans les préparations pâtissières, soupes, pilafs, confits ou sec. Et même dans le drapeau national, où il ne viendrait à personne l’idée de dire que après le rouge et le bleu, la troisième couleur serait orangé (or). Après quelques mélopée, on réalise alors que l’abricot d’Arménie n’aura plus jamais le même goût…