Je l’ai échappé belle je suis né 2 jours avant le 14 juillet !
En Vendée, entre nos maîtres les nobles et les curés, suite à nos petites histoires avec les sans-culottes, la République a mis du temps à s’installer et, glorifier le sang impur qui coule dans le sillon n’était pas du goût des bien-pensants. Par bonheur l'année 1948 était bissextile sinon j’eux pu, horreur absolue en cette Vendée si peu républicaine, naître le 14 juillet. Ma sainte mère étant une bonne chrétienne, et comme en ce temps là le dimanche était sacré, ce fut un lundi 12 que je fis mon apparition. Une date bien anonyme, et qui le resta fort longtemps, jusqu'à mes 50 ans.
En effet, le 12 juillet pendant des années fut un jour ordinaire, puis vint le 12 juillet 1998. Ce jour-là, en une chaude fin de soirée, le front de Zidane propulsa par 2 fois à bon escient ce que les reporters de ses jeunes années qualifiaient de cuir dans les bois brésiliens.
Le peuple de France exulta et 1 et 2 et 3, et même si plus personne ne se souvient de ce brave Guivarc'h préposé officiel à l'engraissement du score, le onze d’Aimé Jacquet inscrivit le 12 juillet en lettres d'or au fronton de l'orgueil national. Chirac notre président était content et d’un coup d’un seul tous les problèmes de Melting pot étaient réglés.
Comme quoi, il faut ne jamais désespérer, le jour de gloire était enfin arrivé !
Je n’en ai tiré aucun bénéfice, ça n’était toujours que l’occasion de lever son verre entre proches et amis.
J’avoue que j’ai toujours été étonné que l’on fêtât mon changement de millésime, sans vouloir assombrir le happy birthday to you prendre officiellement une année c’est vieillir, faire un pas supplémentaire vers la fin.
Et puis vint Face de Bouc, où je collectionne 5000 amis (maximum autorisé par le sieur Zuckerberg) et là patatras ce fut le déferlement, un tsunami, on me bombardait de messages souvent automatiques.
Afin de tenter de tarir ces fleurs, pas encore des couronnes, je me garde bien d’entrer dans ce tourbillon : je ne souhaite à aucun de mes amis un HB via Face de Bouc.
Cette année le 12 juillet était un dimanche alors je me suis dit mes « amis » de Face de Bouc allaient m’oublier que j’allais pouvoir faire tranquille la grasse matinée.
Tout faux mon petit cricket américain croqueur de pomme s’est mis à crépiter comme un forcené. Vous allez me dire que je fais le coquet et que mon ego en est flatté… Pas vraiment, mon souci majeur étant : dois-je répondre individuellement à tous ces messages ?
Suis plutôt du genre ramier je ne voyais pas m’atteler à cette tache alors j’ai décidé de pondre une chronique sur mon parcours d’âge.
Je suis né, au premier étage de la maison familiale du Bourg-Pailler, aux environs de midi dans le lit où je fus conçu des mains de Marthe Régnault sage-femme à la Mothe-Achard, celle-ci fut ensuite élue maire : pour faire plaisir à Pax je pourrais souligner que ma mère accoucha aux bons soins du maire.
Je n’ai évidemment aucun souvenir de cette irruption dans la vie.
On me qualifia de petit dernier et certaines amies de ma mère affirmèrent que j’étais un beau papot.
On me prénomma Jacques pour faire plaisir à mon parrain, mon grand frère Alain, et on y adjoignit Alain, Gabriel, Arsène… soient les prénoms de mon parrain, de ma marraine Gaby et de mon père.
On me baptisa en l’église Saint Jacques le majeur.
Avec mon air de ne pas y toucher, je grandis en âge et en sagesse, je fus enfant de chœur, fréquentai l’école Sainte-Marie…
Je fus confirmé par Mgr Cazaux.
Je jouais au basket à la Vaillante Mothaise.
On m’envoya une seule fois en colonie de vacances à Saint Jean de Maurienne avec les enfants de marins de l’Ile d’Yeu. (Le curé-doyen Bailly avait été le curé de l’Ile d’Yeu).
Je gardais les vaches du pépé Louis et conduisait Nénette, la vieille jument, avec le pépé aux manchons de la décavaillonneuse pour sarcler les betteraves.
Voulant être gentleman-farmer je persuadai mes parents de m’inscrire à l’école d’Agriculture de la Mothe-Achard plutôt qu’au lycée. Interne à 500 mètres à vol d’oiseau du Bourg-Pailler, 3 heures de travaux pratiques par jour : panser et brosser les vaches normandes, charroyer leur fumier, sarcler le foin, tailler la vigne, vendanger, travailler le bois et le fer à l’atelier, repiquer les fleurs, ramasser les pommes…
Et puis un jour l’aumônier me dit : « tu es fait pour être paysan comme moi pour être pape, tu feras l’ENA ! »
Mes deux parties de bac en poche je pris, à 17 ans, le chemin de Nantes pour faire mon droit…
Et puis, il y eu mai 68, adieu vaches, cochon, ENA…
Je m’arrête là pour vous conter mon rapport avec l'âge.
Ayant été perfusé de religion par le clan des femmes je m’étais mis dans la tête que je mourrai à 33 ans comme le Christ !
En 1981, ce ne fut pas le Christ mais Mitterrand qui changea le cours de ma vie.
Passé ce Cap je ne me préoccupai plus de l’âge de ma fin me contentant d’enfiler plus de dix années à faire, comme on dit, du cabinet avec un séjour de 3 ans dans le vin à la SVF.
50, 60… et puis faut décrocher… je le fis sans souci… j’avais encore plein de choses à faire…
Devenir septuagénaire, au temps de mes ascendants, c’était entrer dans le monde des vieux et, je dois avouer que ça m’est resté.
Maintenant j’égrène les ans comme les numéros de départements, activité que nous occupait enfants sur le bord de la nationale où nous repérions les plaques minéralogiques des estivants filant vers les plages des Sables d’Olonne ou de Saint-Gilles-Croix-de-Vie…
72 c’est la Sarthe…
Irais-je jusqu’au 85 ?
Si c’est bon pied bon œil pourquoi pas !
Pas de souci comme disent les gamins !
Je cite Léon Schwartzenberg, garnd cancérologue médiatique qui fut 9 jours ministre délégué à la Santé dans le premier gouvernement de Michel Rocard, nommé le 29 juin 1988 il doit démissionner le 7 juillet pour avoir proposé publiquement un dépistage systématique du sida chez les femmes enceintes et avoir pris position en faveur de la légalisation, de la mise en vente libre du cannabis, sous le contrôle de l'État, afin de barrer la route aux trafiquants.
« Pour naître on ne peut pas donner son avis, mais pour mourir au moins foutez-nous la paix ! »
L’an dernier j’ai déjà donné sur le sujet ICI : pourquoi fête-t-on les anniversaires de sa naissance ?
- L'invention de l'anniversaire ICI