Voici le début de son texte (la suite en fin de chronique) :
Très bonne émission ce matin dans Le cours de l'histoire sur la naissance des mouvements de résistance, où l'invité Laurent Douzou, auteur notamment d'une biographie de Lucie Aubrac décrit le caractère pleinement hétéroclite des premiers groupes de résistance qui surent transcender leurs différences politiques, religieuses, ou sociales pour s'unir sous la houlette de Jean Moulin au sein d'un même mouvement.
J'ai bien aimé la conclusion donnée par Laurent Douzou à cette émission.
À la question « qu'aurions-nous fait dans des circonstances aussi désespérées et hostiles ? » qu'inévitablement nous nous posons tous, il y répond en citant Lucie Aubrac ; « il ne faut pas se demander qu'aurai-je fait ? Mais qu'est-ce que je fais là, dans l'instant présent. »
C'est une façon de dire que nous avons quotidiennement des combats à mener, pas seulement dans les heures les plus sombres de notre histoire. Au nombre de nos combats présents, il y a bien sûr la lutte contre le réchauffement climatique. Quel événement majeur, par quel coup de baguette magique, pourrions-nous être amenés à transcender nos différences pour s'unir d'un même front contre ce fléau ?
Laurent Douzou cite à un autre moment de l'émission un autre grand résistant, Emmanuel D'Astier de la Vigerie, le fondateur de Libération *, qui prétendait qu'il était plus facile de devenir résistant lorsqu'on était un « raté social ».
Fils de baron, Emmanuel d’Astier de La Vigerie rompt avec son milieu d’origine et fonde le mouvement de résistance Libération-Sud en 1941, avant de devenir commissaire à l’Intérieur de la France libre en 1943.
*Libération titre de l’organe de propagande de la Résistance fut racheté à Louba la veuve d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie.
À considérer seulement son élégante silhouette digne du personnage d’un roman de Roger Vailland, on imagine mal Emmanuel d’Astier de La Vigerie en parolier d’une chanson de Leonard Cohen !
La Complainte du partisan est une chanson écrite à Londres en 1943 par Emmanuel d'Astier de La Vigerie pour le texte et Anna Marly pour la musique. Cette chanson est diffusée pour la première fois sur les ondes de la BBC à destination de la France occupée et un des disques est même détruit par la DCA allemande lors d'un parachutage de résistants. Elle devient une chanson populaire dans les années 1950. http://www.berthomeau.com/-15
« Les Allemands étaient chez moi / On m’a dit résigne-toi / Mais je n’ai pas pu / Et j’ai repris mon arme / J’ai changé cent fois de nom / J’ai perdu femme et enfants / Mais j’ai tant d’amis / Et j’ai la France entière. »
EMMANUEL D’ASTIER DE LA VIGERIE « L’ARISTOCRATE DANDY DE LA LIBERTÉ »
Se révolter ce fut simplement en 1940 « une question de dignité » pour le plus jeune des fils du baron Raoul d’Astier de La Vigerie, issu d’une famille vivaraise où l’on compte dès le XVIIe siècle chirurgiens, magistrats et officiers, et, du côté maternel, deux ministres de l’Intérieur, l’un sous Napoléon, l’autre sous Louis-Philippe… Peut-être, aussi, au regard de ses frères François et Henri, l’un saint-cyrien, l’autre artilleur colonial, tous cités et décorés en 1914-18, le moyen de ne pas s’éprouver comme un « raté de héros ».
Car cet ancien élève du lycée Condorcet, qui a fait Navale et découvert dans ses pérégrinations maritimes les séductions de l’opium, quitte tôt la Royale pour la plume du journaliste et de l’écrivain. Assurant le matériel par un emploi dans l’immobilier d’entreprise, le voici, rompant avec son milieu d’origine, qui côtoie Drieu La Rochelle, Kessel et Cocteau, fréquente les surréalistes, publie dans Marianne – le journal de gauche lancé en 1932 par Gallimard, entre à Vu – l’hebdomadaire antifasciste de Lucien Vogel, le père de la future résistante et déportée Marie-Claude Vaillant-Couturier.
« Dilettante, paresseux, indifférent à la façon des roués du XVIIIe siècle : c’est ainsi que le voyaient ses amis d’avant 1939 », écrira Lucie Aubrac.
Mobilisé dans le renseignement à Lorient cette même année, démobilisé à Marseille après la capitulation de juin 1940, Astier s’indigne : « Reste l’espoir que l’histoire nous venge et replace dans l’ombre les vieillards militaires assis au sommet des ruines et qui ont eu le cœur de douter d’une cause qui n’était pas perdue. » Et se fixe une ligne de conduite offensive : « Faire quelque chose, c’est immédiatement non pas résister (…) mais attaquer. »
Avec l’as d’aviation Corniglion-Molinier, producteur du film Sierra de Teruel, d’André Malraux, il organise la « Dernière Colonne », petit groupe de résistants où se retrouveront le mathématicien et philosophe Jean Cavaillès, Lucie et Raymond Aubrac, Charles d’Aragon…
Les habitants de Nîmes, de Clermont-Ferrand, de Nice, de Marseille, de Toulouse et même de Vichy, plus tard ceux de Montluçon et de Limoges en connaîtront l’existence et le dynamisme lors de campagnes d’affichages massives contre les collabos !
En février 1941, des arrestations déciment le réseau et d’Astier, sous le pseudonyme de Bernard, entre en clandestinité. L’homme de l’écrit qu’il n’a cessé d’être fonde alors Libération, un périodique qui sera l’organe du mouvement Libération-Sud, l’un des trois plus importants groupements résistants de la zone non occupée, recrutant ses forces parmi les syndicalistes CGT et les milieux socialistes. Une liaison est établie avec Londres dès 1942, et en mars de cette année-là, Jean Moulin, envoyé du général de Gaulle jouant son rôle de « Carnot de la Résistance » (Malraux) peut réunir en Avignon les responsables de Libération (Astier), Combat (Henri Frenay) et Franc-tireur (Jean-Pierre Lévy).
Emmanuel d’Astier, ayant rencontré de Gaulle, sera chargé par celui-ci de négocier avec le président Roosevelt la légitimité de la France libre. En même temps, il participe à l’unification des forces dispersées de la Résistance métropolitaine et devient le commissaire aux affaires politiques des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Membre de l’Assemblée consultative provisoire d’Alger, il est nommé en novembre 1943 – rejoignant ainsi des fonctions exercées naguère par ses ancêtres maternel – commissaire à l’Intérieur du Comité français de libération nationale (CFLN). À ce titre, il discute avec Winston Churchill de l’aide armée des Alliés à la Résistance.
Ministre – toujours de l’Intérieur – du gouvernement provisoire, il le demeure jusqu’à l’automne 1944. Ce compagnon de la Libération (tout comme ses deux frères), refusant alors au général une ambassade à Washington, transforme en quotidien son journal Libération qu’il dirigera pendant vingt ans, au cours d’une troisième vie de parlementaire et de militant progressiste, compagnon de route des communistes.
Esprit libre, il combattra avec eux contre le réarmement de l’Allemagne via la CED (Communauté européenne de défense) en 1954, et s’opposera au traité de Rome en 1957, mais, neutraliste affirmé, il condamnera l’intervention soviétique à Budapest en 1956. Se rapprochant du gaullisme, bien qu’ayant refusés la confiance à de Gaulle en 1958, l’aristocrate qui obtint le prix Lénine de la paix, le dandy résistant qui épousa en secondes noces la fille d’un révolutionnaire bolchevique, le commentateur de l’actualité d’un célèbre Quart d’heure télévisé, directeur du mensuel l’Événement, achève son temps en 1969 par une saillie de presse mémorable : « Je vote pour Pompidou-la-scarlatine ! »
Lors de sa disparition prématurée, son collègue du Monde, Pierre Viansson-Ponté, salua justement « un homme qui ne ressemblait à personne ».
La suite du texte de Lilian Bauchet
On peut avancer la même chose quant à notre implication personnelle contre le réchauffement climatique. Plus nous sommes insérés socialement, quand bien même notre conscience écologique serait particulièrement développée, plus il est difficile de mettre en place des actes de vie concrets qui participent activement de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce n'est pas seulement que nous refusons de céder un peu de notre confort pour atténuer les effets du réchauffement, même si certains font preuve d'un égoïsme à cet endroit qui me désespère, c'est que le monde dans lequel nous évoluons nous contraint à entretenir des activités dont nous savons en notre âme et conscience qu'elles sont néfastes mais dont ne nous pouvons nous affranchir.
Beaucoup de monde attendait avec impatience le déconfinement, synonyme de liberté de déplacement retrouvée, mais aussi et surtout, synonyme de reprise de l'activité économique. Moi le premier, qui ai vu mon chiffre d'affaires s'effondrer et qui attend que mes clients japonais, canadiens, danois se remettent à me passer des commandes. Pourtant, nous avons vu les effets bénéfiques du confinement pour la nature.
La nature, moi qui produis des vins naturels, je me suis bien sûr réjoui de cette période d'accalmie de l'agression de l'homme à son encontre. Mais voilà, j'ai besoin de vendre ces vins que j'ai produit, comme des millions d'autres ont besoin aussi de reprendre leurs activités pour vivre de leur travail, quand bien même nous savons que cette reprise d'activité sonne le retour à "l'anormal", pour reprendre le slogan d'extinction rébellion.
Comme notre monde est compliqué, dont nous nous sentons en quelque sorte prisonnier et où le principal ennemi qu'il faut affronter est soi-même, où nous devons nous contenter de petits gestes, quand l'urgence climatique de plus en plus visible nous obligerait à envoyer tout en l'air.
Emmanuel D'ASTIER DE LA VIGERIE - Vidéo Ina.fr
Emmanuel D'ASTIER DE LA VIGERIE video 25 mai 1965 361 vues 14min 14s Pierre DUMAYET invite Emmanuel D'ASTIER DE LA VIGERIE à commenter les événements marquants du mois. Deux thèmes sont abordé...
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