Dans mon journal d’un confiné, j’ai souvent vanté et apprécié la bulle de sérénité qui s’était installée dans mon quartier entre Saint Jacques et Glacière.
Oui c’était, j’ose l’écrire, le bon temps du confinement, le temps du silence, du calme pour les tympans et de l’air pur à Paris.
Un fait inédit voire historique.
Démonstration implacable, à cette époque, la pollution avait considérablement chuté – la qualité de l’air n’avait jamais été aussi bonne en Ile-de-France depuis 40 ans – et le bruit avait considérablement baissé.
« Un silence inhabituel s’est installé au sein de la région Ile-de-France en lien avec les très fortes diminutions des émissions sonores d’origine anthropique du fait de la réduction drastique des trafics routier, aérien et même ferroviaire, de l’arrêt temporaire de certains chantiers et de la fermeture de nombreuses activités et lieux festifs », notait Bruitparif, l’Observatoire du bruit en Ile-de-France, qui dispose de 150 stations de mesure du bruit. Un silence de plusieurs semaines dont la faune (renards, hérissons, chevreuils, oiseaux), la flore et les Parisiens ont pu profiter pleinement, jusqu’à regretter cette époque… »
Ce temps est définitivement révolu.
Le Parisien, le quotidien, titre : À Paris, le bruit, c’est reparti comme avant
Dans son nouveau bilan, Bruitparif confirme ce que beaucoup de Parisiens ressentent depuis le 11 mai : les décibels retrouvent presque leur niveau d’avant le confinement.
« Durant le confinement, un silence inhabituel s'était installé dans la capitale. Depuis le 11 mai, outre le retour de la pollution de l'air constaté par l'association Airparif, on constate également une remontée sensible des nuisances sonores. « L'environnement sonore a très majoritairement été perçu comme agréable, calme, ou paisible, ce qu'a révélé une enquête auprès de 1 300 Franciliens. Les gens vivent mal ce retour brutal du bruit et certaines associations de riverains montent déjà au créneau », confirme Fanny Mietlicki, la directrice de Bruitparif.
Moins de bruit surtout dans Paris intra-muros
À partir du mardi 17 mars 2020, date d’entrée en vigueur du confinement, le bruit généré par la circulation routière a fortement chuté, en lien avec la diminution du trafic automobile.
Selon Bruitparif, les diminutions les plus importantes ont été constatées entre les deuxième et sixième semaines de confinement.
En Île-de-France, les diminutions ont été plus marquées sur le réseau de voirie dans Paris intra-muros que sur les grands axes (bd périphérique, autoroutes, routes nationales ou départementales en banlieue) et ont également été proportionnellement plus importantes la nuit (période 22h-6h) que le jour (période 6h- 22h).
« Une tendance à la remontée des niveaux sonores a été observée au cours des deux dernières semaines de confinement, et les niveaux ont nettement ré-augmenté depuis le début de la phase de déconfinement », note toutefois l’organisme selon lequel le niveau d’avant confinement n’a pas encore été atteint.
Beaucoup moins de nuisances dans les quartiers piétons
Les nuisances sonores avaient également fortement diminué pendant la période de confinement.
« Dès le dimanche 15 mars 2020, date de fermeture officielle des commerces non essentiels, et durant les huit semaines de confinement, les nuisances sonores liées aux activités humaines ont disparu de certains quartiers animés de la capitale, qui comptent de nombreux bars et restaurants ou dont l’espace public est fortement fréquenté en soirée et en début de nuit, notamment aux beaux jours », développe Bruitparif.
Les baisses de décibels ont ainsi atteint en moyenne 6,4 à 16,2 décibels entre 22 heures et 2 heures, par rapport aux deux semaines précédentes (2 au 15 mars inclus). Les soirs de week-end (vendredis et samedis soirs), la chute a été encore plus marquée avec de 6,9 à 19,6 décibels de moins selon les quartiers.
Les baisses de niveau sonores ont été plus marquées dans certains quartiers peu ou pas circulés habituellement (rues du quartier des Halles, du quartier de la butte aux cailles ou du quartier des enfants rouges ainsi que sur la Place Sainte Catherine). Résultat direct de la diminution des activités récréatives du fait de la fermeture des établissements.
Dans d’autres quartiers (bassin de la Villette, canal Saint Martin, quais Austerlitz/La Râpée et port de la gare), les diminutions constatées sont le résultat de deux phénomènes cumulés : la disparition des nuisances sonores liées à la moindre fréquentation des espaces publics du fait du confinement et également la baisse du bruit lié à la circulation routière durant cette période.
Depuis le début du déconfinement et malgré une fermeture encore maintenue des établissements sur la période allant du 11 mai au 1er juin (phase 1 du déconfinement), « une remontée assez nette des niveaux sonores a été observée » juge Bruitparif qui donne comme raison la réappropriation de l’espace public, « amplifiée par une météorologie clémente et l’activité de vente à emporter développée par certains établissements, ainsi que par le retour du bruit de fond généré par le trafic routier dans certains quartiers. »
C’est donc reparti comme avant et c’est bien joli d’étaler sous nos yeux des mesures du bruit, de la pollution de l’air, mais que fait-on pour réduire significativement le niveau de bruit dans Paris ?
Pas grand-chose à ma connaissance !
Et pourtant il serait possible, hormis d’agir radicalement sur le niveau de la circulation des véhicules thermiques, ce qui n’est pas simple eut égard à la difficulté liée au fait que les problèmes de Paris-intra-muros ne peuvent être traités sans tenir compte des trajets banlieue-travail, et comme le Grand-Paris reste un projet flou, d’agir sur des nuisances sonores intempestives et agressives.
J’en cite 3 :
- Les 2 roues motorisées « D’après une étude du Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) pour Bruitparif, le bruit des véhicules deuxroues motorisés représente, pour 35 % des Franciliens, le bruit lié au transport le plus gênant. » La rue n’est pas un circuit de vitesse pour motard ou pour gros cul posé sur des gros scooters, que fait la police pour juguler les pots d’échappement de ces connards ?
- L’abus des 2 tons par la police en voiture estampillée comme en voiture banalisée, le maintien de l’ordre : la litanie des cars de CRSGendarmes qui foncent à tombeau ouvert dans les rues en couinant, les « voitures dites officielles » : n’importe quel sous-secrétaire d’état qui part déjeuner couine bien calé au fond de sa limousine, les ambulances privées qui contrairement au SAMU ne bénéficie d’aucun droit à couiner pour brûler les feux rouges… c’est le grand tintamarre… c’est intolérable… y’en a marre !
- L’abus de klaxon pour un oui ou pour un nom, à la moindre gêne, les conducteurs écrasent leur foutu klaxon. Je rappelle à ces agresseurs sonores que « De jour comme de nuit, klaxonner en ville est strictement interdit sauf en cas de danger immédiat c’està-dire lorsqu’une situation représente un danger réel et imminent. Il est autorisé de klaxonner pour éviter un accident de la route. Voir ICI
- De toute ma vie de cycliste parisien je n’ai jamais vu la police verbaliser un automobiliste pour usage intempestif de son klaxon.
Bref, pendant et après le confinement nos chers pouvoirs publics nous ont seriné les gestes barrières, la nécessité du masque, et que voyons-nous ? Après avoir hurlé au scandale d’État pour la pénurie de masques, plus personne ou presque n’en porte, tout le monde s’agglutine, tout le monde s’en fout.
Mesurer le niveau de l’agression sonore c’est bien, agir pour le faire régresser c’est mieux. Je n’ai aucun goût pour la répression mais puisque le degré de citoyenneté est faiblard, que seule la peur du gendarme est efficace, comme pendant le confinement il ne reste plus qu’à frapper au porte-monnaie…
Comme nous sommes encore en période électorale la Mairie de Paris promet :
« Nous agirons aussi contre le bruit. Pendant le confinement, les Parisiens ont pu redécouvrir le silence et le chant des oiseaux : selon Bruitparif, les émissions sonores ont chuté jusqu’à 90 % dans Paris, plus encore durant la nuit qu’en journée. C’est pourquoi nous renforcerons la verbalisation des véhicules et deux-roues trop bruyants grâce à de nouveaux radars acoustiques. Nous limiterons la vitesse dans Paris à 30km/h car c’est surtout la nuit que cette vitesse est dépassée et qu’elle cause le plus de nuisances sonores, avec des conséquences pour la santé du fait des insomnies qu’elle provoque. »
Je ne vous servirai pas le plat des promesses qui ne lient que ceux qui les entendent. Le vivre ensemble commence par des gestes simples et non par le règne du tout pour ma gueule, la soi-disant liberté de faire ce que bon me semble…