C'est l'histoire d'une très vieille chronique de derrière les fagots de la sacristie de la paroisse Saint Jacques le Majeur, pondue le 27 avril 2007, pas sûr que notre Pax l’ait dénichée celle-là.
Je l’ai extirpée de la naphtaline à la suite d’un commentaire sur mon mur de Face de Bouc où, j’avais publié une photo de mon déjeuner du 4 mai baptisée : déjeuner de moine.
« Sans vin de messe... »
Je vous la livre telle quelle, si vous souhaitez lire l’originale c’est ICI
Comme beaucoup d'entre vous me suivent depuis les origines de ce blog ils savent, qu'au temps de mes culottes courtes, j'ai occupé les éminentes fonctions d'enfant de coeur à la paroisse St Jacques le majeur de la Mothe-Achard auprès du curé-doyen Bailly. J'ai donc servi la messe, en latin, en soutane rouge ou noire pour les sépultures et surplis empesé, celle du petit matin comme la grande du dimanche, officié aux Vêpres du dimanche après-midi, suivi les chemins de croix de la Semaine Sainte, assuré les processions des Rogations et de la Fête Dieu, officié aux mariages, baptêmes et enterrements, suivi le curé pour les derniers sacrements, lavé les pieds le jeudi saint, porté la croix ou les bougeoirs, agité l'encensoir, porté le seau du goupillon, sonné la clochette et bien sûr présenté les burettes au curé. Un boulot pris certes sur le temps de loisirs mais aussi sur les heures d'école. J'y reviendrai plus loin mais, comme ce qui m'amène ce matin à égrener mes souvenirs d'eau bénite ce sont les burettes, un petit mot sur le vin de messe.
La sacristie sentait l’antimite. Nous, les enfants de chœurs, étions parqués dans une antichambre qui, elle, empestait le jus de chaussette car nous portions des savates avec semelle de feutre. Le service du curé était assuré par soeur Marthe (mon premier amour platonique) Pendant que nous boutonnions l'enfilade de petits boutons de nos soutanes elle préparait les ornements à la bonne couleur, le ciboire, la patère et bien sûr elle remplissait les burettes. Celles-ci se trouvaient placées dans un placard d'angle. Tout le jeu des enfants de chœur consistait à arriver en avance pour aller fouiner dans le placard aux burettes où se trouvait bien sûr la bouteille de vin. Les plus vantards racontaient qu'ils avaient osé s'en siffler une gorgée au goulot. Moi, jamais, non par crainte du péché – c'en n'en était pas un d'ailleurs car le jaja n'avait pas subi la transmutation - mais parce que mon esprit déjà critique trouvait un peu fort de café que ce vin fut blanc.
Bien sûr, si lors de la consécration le liquide avait pris une couleur vermillon mes doutes auraient été levés. La seule transgression que je me permis fut de le sentir. Il avait une odeur douçâtre qui n'engageait guère aux libations. Lorsque je présentais d'abord la burette de vin au curé celui-ci la vidait intégralement dans le ciboire, pour celle contenant l'eau il se contentait d'une larme. Ma sainte mère qui voulait faire de moi un prêtre n'a jamais su que l'histoire du vin de messe pesa aussi dans mon choix de ne pas embrasser un sacerdoce où le sang du Christ n'était qui liquide blanc jaunasse. Mais la raison profonde était ailleurs.
Alors, comme je suis ce matin en veine de confidences, je vais vous l'avouer. Ce que j'adorais par-dessus tout dans mes fonctions d'enfant de chœur c'était la distribution de la communion. En ces temps reculés les paroissiens venaient s'agenouiller à la sainte-table et je précédais le curé, tenant dans ma main un petit plateau en métal doré que je plaçais sous le menton juste avant que le curé n'enfourna l'ostie ou plus exactement la plaça sur la langue tirée.
Pourquoi diable ce plaisir ?
Tout simplement parce qu'ainsi je pouvais contempler à souhait les beautés de la paroisse, leurs toilettes, leurs audaces parfois : certaines au lieu de baisser les paupières plantaient leurs yeux dans les miens, leurs lèvres faites – suprême audace – leurs mains jointes emmitouflées dans des gants de dentelles où pour certaines flamboyaient des ongles peints – provocation ultime – , j'ose : leurs poitrines si proches, leur façon de quitter la sainte-table sur leurs talons hauts en balançant leurs hanches et en roulant des fesses. Rien que pour ces pensées impies on aurait dû m'excommunier sur le champ. Mais nul ne pouvait soupçonner mes jouissances intimes sauf qu'un jour, las de la pression d'un recruteur de l'Evêché, à sa question sur les raisons de mes atermoiements je lui répondis droit dans les yeux : « j'aime trop les femmes... » ce qui le laissa sans voix de la part d'un moutard de 10 ans de la Vendée profonde.
© Theopedie
Pas de messe sans vin… Théologique, le principe a aussi ses implications économiques. « Tous les grands domaines en Europe ont une origine ecclésiastique, rappelle Jean-Baptiste Noé, auteur d’une Histoire du vin et de l’Église (Éditions ADN, 2010). Au-delà de la place symbolique du vin dans la Bible, c’est une question pratique qui a conduit les évêques et les moines à produire du vin : il est indispensable pour célébrer la messe. » Mais si le débouché n’est pas négligeable pour les viticulteurs et les négociants, peut-on vraiment parler d’un marché du vin de messe ?
« Difficile à dire, parce que le vin de messe n’est pas un produit à proprement parler », nuance d’emblée Jean-Baptiste Noé. En effet, pour la liturgie catholique, le vin que recommande l’Église n’a rien d’un produit casher (chez les juifs) ou halal (chez les musulmans), qui serait certifié par elle. Tout vin de raisin pur convient pour cet usage (1).
Dans les régions viticoles, les paroisses se servent directement chez les producteurs locaux, comme à Perpignan (Pyrénées-Orientales). À la cathédrale Saint-Jean, ce sont les bouteilles de Nicolas Roux, diacre et vigneron, qui sont enfermées dans l’armoire de la sacristie. Dans le village du Soler, à quelques kilomètres de là, Jean-Marie Nadal, propriétaire du château Nadal-Hainaut, livre la paroisse en viognier et en chardonnay. « Chez nous, c’est une tradition familiale », raconte-t-il.
Un vin doux et sucré
« Fournir sa paroisse est une démarche pour l’Église », estime Brigitte Le Roch, propriétaire à Mouzillon (Loire-Atlantique) et catholique pratiquante. Elle approvisionne aussi les paroisses des environs et, pour elle, ce geste ne s’apparente en rien à une démarche commerciale.
Le vin pour la liturgie, s’il est un vin comme les autres, répond cependant à une demande particulière, clairement identifiée par les producteurs. « Les prêtres préfèrent un vin doux et sucré. Quand ils disent la messe tôt le matin, à jeun, un vin sec est trop agressif, explique Brigitte Le Roch. Nous leur proposons un vin fruité, qui garde la fraîcheur en bouche. » Un vin qu’ils ne produisent pas tous les ans, et qui fait l’objet d’une attention particulière. « Pour qu’il ait cette qualité, nous retardons les vendanges. »
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Le pape aurait choisi ce breuvage comme vin de messe.
Insolite. « Le pape François a choisi, en guise de vin de messe, le muscadet biodynamique de Guy Bossard, l'un des pionniers de cette méthode. » L'info, qui nous avait échappé, est tombée, dimanche 17 septembre, à l'heure de la communion. Farfelue ? Impossible, elle est signée François-Régis Gaudry, l'animateur de la très respectée émission « On va déguster » sur France Inter.
Que diable, le vin de Guy Bossard, laïc parmi les laïcs, aurait été choisi par le Saint-Père ! Dare-dare, coup de téléphone au vigneron pour confirmer cette annonce tombée du ciel. Au bout du fil, le viticulteur du Landreau, dans le vignoble nantais, s'esclaffe.
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