J’adore faire bisquer*, gentiment bien sûr, ce cher Pax confiné dans les Pyrénées-Orientales…
« Vous avez mal compris le sens de ma lettre; je l'ai écrite ainsi pour faire un peu bisquer… »
Flaubert.
*faire bisquer = faire enrager
Par l’entremise de mes écrits j’ai rendu PAX fou, non du chocolat Lanvin, mais de Pierre Jancou et, bien sûr aussi, des vins nu qui puent chers à ce cher Pierre.
Pierre fut un ouvrier de la première heure des vins nu, dénicheur, érecteur de belles quilles, défenseur infatigable de celles et ceux qui dans les vignes et dans les chais sont respectueux de la nature et soucieux de laisser au vin sa part liberté.
Au temps où il officiait à Paris, il m’a fait découvrir et aimer ces fichus vins nu si décriés, si vilipendés, si conchiés par la caste officielle dont une partie depuis a retourné sa veste, fait retrouver le plaisir de boire, de me laisser aller à la volupté, de jeter aux orties les dernières scories de mon lourd passé de soi-disant grand rapporteur du vin.
Et puis, Pierre est parti dans le pays de Die, là où notre Pax fait maintenant pèlerinage.
Le café des Alpes !
Chatillon-en-Diois !
La vie qui va, qui vient, et nous sommes, pour beaucoup d’entre-nous, confinés, encalminés, en rade, inoccupés, Pax promène Nane, va chercher son journal et son pain quotidien, pendant que votre serviteur passe sa vie sur son balcon en veillant de changer de nappe pour complaire au chef du protocole, et Pierre, lui, au pays de Die, que fait-il ?
Alors je surfe sur face de bouc et j’y lis
Pierre Jancou
5 avril, 17:59 ·
Chers voisins du Diois, si vous avez besoin/envi(e)(s) de vin vivant et nature, sachez que je peux vous livrer, et évidement avec la rigueur que l’époque impose. Dites-moi ce que vous aimez, votre budget et je saurai vous faire plaisir.
Merci de me contacter en MP
Pierre
Je ne suis pas voisin de Pierre mais dans ma petite Ford je me suis dit : pourquoi pas moi ?
Là je sens que Pax doit regretter de ne pas se promener sur Face de Bouc.
Donc, ni une ni deux, je pianote sur mon criquet américain fabriqué en Chine, pour faire une requête auprès de l’aubergiste confiné.
Je vous passe les détails de nos échanges mais au bout du bout l’accord est conclu : Pierre me sélectionne 12 pépites qu’il stocke en attendant la levée du confinement pour me les expédier.
Là je sens que Pax est fou de jalousie et qu’il va de suite prendre ma suite en postant une petite bafouille à Pierre pour acquérir quelques pépites qu’il mettra dans le coffre de son auto lorsqu’il pourra regagner son Alsace.
Je le rassure la cave de Pierre regorge de pépites.
À cet instant je m’interroge comme le faisait de sa voix rocailleuse l’aveyronnais Mgr Marty lorsqu’il était archevêque de Paris : suis-je un bon samaritain ?
La parabole du Bon Samaritain est celle dont se sert Jésus Christ, selon l’Évangile de Luc, pour illustrer sa définition du « prochain ».
En effet, un « docteur de la Loi » vient lui demander : « Et qui est mon prochain ? ».
Jésus-Christ lui répond en lui racontant l’histoire suivante : « Un voyageur est attaqué et laissé pour mort par des bandits, alors qu’il fait route de Jérusalem à Jéricho. Un prêtre et un Lévite, tous deux juifs, (ils représentent l’orthodoxie religieuse de l’époque), passent à côté de lui et l’abandonnent à son sort. Or un Samaritain, représentant d’une population que les Juifs tiennent pour méprisable, se montre capable de compassion envers cet inconnu grièvement blessé, qui n’est pas de sa religion. Ce samaritain donnera du temps, prodiguera des soins et donnera de son argent pour sauver ce malheureux.
Il s'approcha, banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit jusqu'à une auberge et continua les soins. Le lendemain, tirant deux pièces d'argent, il les donna à l'aubergiste et lui dit: « Prend soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c'est moi qui te rembourserai quand je repasserai »
Pour les petits louves et petits loups acculturés Le Samaritain n’est pas un occupant de la samaritaine restaurée par Bernard Arnault mais un habitant de Samarie, capitale du royaume d'Israël, sa population fut déportée et remplacée par les colons originaires de Babylone.
Je ne sais si je suis un bon samaritain mais ce que je sais c’est que je suis un bon accordeur – non de mets et de vins – un forme de marieur, un créateur de liens grâce à mon petit espace de liberté…
Et demain Pierre reprendra sans doute la route, bonjour vaches, cochons, couvée, un bout de vigne, une maison avec un pré et des pommiers... Bon vent, à lui...
PHILIPPE LEOTARD notre Tom Waits fut ministre de la défonce et comme Nougaro je l’aimais bien… ICI
Lorsque j’habitais rue Mazarine, face à la boulangerie où le boulanger accrochait une petite pancarte « je suis parti quelques instants porter du pain chez un client », je croisais parfois Philippe Léotard avec ses costars froissés, son visage plissé, buriné, ses cheveux de broussaille, ses poches sous ses yeux malicieux et toujours accroché aux lèvres un franc sourire. Souvenir !