Jean-Yves Bizot le confiné de Vosne-Romanée, entre-nous ça sonne classe, est l’une de mes gorges profondes, certes il ne me donne des rendez-vous dans un sombre parking mais en des messages cryptées, avec les grandes oreilles qui traînent sur la Toile c’est plus prudent.
Il m’a donc alerté, à la suite à une découverte sur Face de Bouc et d’une longue plongée dans sa petite Ford d’intérieur, sur l’irruption d’une redoutable et insoignable pandémie d’Ultracrepidarianisme…
En bon rédachef, type Washington Post, j’ai mis mes journalistes, espèce en totale disparition, en chasse.
Mark Felt, l'informateur secret appelé "Gorge Profonde" qui avait permis à deux journalistes de faire éclater le scandale politique du Watergate à l'origine de la chute du président Richard Nixon en 1974, est décédé à l'âge de 95 ans.
Et là, que me ramènent-ils dans leurs filets, des infos d’une autre de mes gorges profondes, le confiné de Nantes agissant sous le pseudo aredius44
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L’ULTRACREPIDARIANISME EN TEMPS DE PANDÉMIE
18 avril 2020
Si nous étions en « temps normal », je serais depuis le lever du soleil en train de lutter contre la nature. C’est ma nature ! Mais une lutte naturelle. Douce, bienveillante. J’aurais touillée gentiment la terre au pied de la maison en tentant de ne pas déranger les œufs des rapiètes, planté les tomates, coupé des bambous pour en faire des tuteurs (on appelle ça un projet tuteuré !). J’aurais fait le tour des étangs, je serais allé voir si les biches, les sangliers sont venus cette nuit. J’aurais balayé les crottes des chauves-souris. Dans le futur, je me méfierai. Il se pourrait qu’on ait un labo de recherche sur les virus planqué dans une ancienne mine d’or gauloise vers Fouilloux ou le Bourneix !
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Le bougre avait omis de m’informer mais sur mon petit carnet d’enquête je notais : Colette Renard et je rajoutais Marseille.
En février 2014, Marc Andreessen, cofondateur de Netscape et désormais capital-risqueur, éclairait notre lanterne « l’ultracrepidarianisme est la pratique consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a aucune compétence. »
Ce terme provient d’un commentaire, rapporté par Pline l’Ancien, adressé par l’artiste grec Apelle à un cordonnier qui critiquait l’une de ses toiles : « sutor, ne supra crepidam » « cordonnier, pas plus haut que la chaussure ».
Cette phrase devenue proverbe explique au malotru où s’arrête sa compétence pour juger…
Pour le peuple, les gens chers à Mélenchon, « parler et donner son avis sur des sujets qu'on ne maîtrise pas »
Dans le grand bassin déversoir, le nouveau tout à l’égout de l'idéologie que l'information continue, règnent sans partage les « toutologues » professionnels.
En anglais, on utilise le mot ultracrepidarianism, en espagnol, ultracrepidarianismo, en bosniaque, ultrakrepidarianizam…
La liste des ultracrépidariens, en cette période de pandémie, s’enrichit chaque jour, ils sont de plus en plus nombreux ils pullulent, tels des sauterelles goulues, nouvelle vérole sur le bas-clergé des confinés, ils donnent leur avis sur tout mais sans avoir de connaissances ou de compétences sur les sujets évoqués. Elles ne se taisent jamais, nous corrigent, nous suggèrent des tonnes de choses, veulent sauver le monde et prennent le pas sur les véritables experts dans un domaine.
Je ne taperai pas plus sur la tête des petits clous qu’ils sont mais je vais vous expliquer pourquoi, via Aredius 44, ils me renvoient à Marseille et à Colette Renard…
Si vous croyez que je fais allusion au Professeur Raoult… vous avez tout faux…
Dans mes élucubrations journalières un jour je pris en grippe Jacques Marseille, « une PME à lui tout seul », s'amuse un de ses proches. Une PME médiatisée. L'homme ne refusait jamais une interview et trustait les médias : chroniqueur à L'Expansion, aux Echos puis au Point, il participait régulièrement à l'émission télévisée "C dans l'air".
Un personnage « au commerce agréable », « bon vivant » et « aimant la bonne chère ». Mais aussi et surtout un homme de débats avec une prédilection pour les thèses les plus libérales.
Marxiste défroqué, Marseille cultivera le goût de la confrontation de théories, voire de la provocation, n'hésitant pas à caricaturer son propos pour faire part de ses convictions.
Agitateur, l'économiste avait un avis sur tout ou presque.
Les 35 heures ? « Un archaïsme » et « un débat ubuesque » dira-t-il.
La lutte contre l'inflation ? « Une politique de vieux » destinée à protéger les créanciers et les rentiers plutôt que les jeunes…
La taxe professionnelle ? « Une imbécillité »
Bref, il me gonflait, non pour ses idées mais pour son omniprésence péremptoire. Il aurait été un bon client pour Twitter mais le pauvre est mort d'un cancer, à son domicile parisien, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 mars 2010, à l'âge de 64 ans. Paix à son âme… ICI
Et c’est ainsi que j’avais commis une chronique ayant pour titre : « Marseille, tais-toi Marseille, Crie pas si fort, Je n'entends pas claquer, Les voiles dans le port… », titre emprunté à Colette Renard qui chantait cette chanson à l’aube des années 60.
Ne la cherchez pas, je l’ai expédié dans les ténèbres extérieurs à la mort de Jacques Marseille, sans doute pour faire plaisir au Jacques Dupont du Point perfusé de libéralisme mais aussi que ma vieille éducation vendéenne me faisait respecter la mémoire des défunts.
Voilà, c’est écrit, vous pourrez, assis sur votre canapé, regardant les « toutologues » de tous poils sur BFM ou C.News ou LCI, vous défouler en criant dans le silence de votre confinement, non pas vos gueules les mouettes, mais, enrichissant le vocabulaire du capitaine Haddock, « espèce de d’ultracrépidarien… »
Et comme en France tout se termine par des chansons, je vous offre Colette Renard, non dans son répertoire coquin habituel, mais avec « Marseille, tais-toi Marseille, Crie pas si fort, Je n'entends pas claquer, Les voiles dans le port… »