Ernest Higgins Rigg (1868-1947), Les Ramasseurs de pomme de terre
Le titre de cette chronique pourra vous surprendre mais elle a un dénominateur commun : la Vendée.
En effet dans Extension du domaine de la lutte, le roman le plus personnel de Houellebecq, La Roche-sur-Yon offre à l’auteur le cadre idéal pour décrire la misère affective de son héros.
« Un romancier peut tout faire. Y compris avancer d'une heure et demie le premier train en gare de La Roche-sur-Yon. C'est que le héros-narrateur de Michel Houellebecq a besoin d'un peu d'avance : à mi-parcours du livre Extension du domaine de la lutte (1), l'arrivée à 5 h 52 permet une petite promenade avant de rejoindre « la Direction départementale de l'Agriculture », alors située place de la Vendée, lorsque Houellebecq a écrit ses lignes au début des années 90.
Formateur à la direction départementale de l'agriculture » la suite ICI
Bernard Suaud, c’est un lien avec mes souvenirs de la Vendée d’avant.
Les îles : Noirmoutier est officiellement vendéenne, elle fait face à la baie de Bourgneuf et au marais breton ; Ré elle fait face à l’anse de l’Aiguillon et au marais poitevin, ne l’est pas, mais les Vendéens, aux familles nombreuses, ont beaucoup migré vers les Charente et au Bourg-Pailler on évoquait souvent les cousins des Charentes comme s’ils étaient partis aux Amériques.
Pourquoi le décès de Bernard Suaud à la Roche-sur-Yon me touche ?
C’est lui qui a vendu à mon père Arsène, entrepreneur de travaux agricoles et de battages, sa première moissonneuse-batteuse de la marque Claas.
Je suis allé avec papa à la Caillère où était situé alors le siège de son entreprise, c’était un homme au franc-parler, plein d’humour, qui n’épargnait personne, même ses amis politiques. Tel fut le cas pour l’ancien maître de la Vendée Philippe de Villiers, il fut parmi les rares personnalités de droite (UDF) à s’être opposées à lui.
Né à La Châtaigneraie et ayant grandi à La Caillère, le Vendéen était connu pour être « un de ceux qui ont bâti le miracle économique vendéen ».
Il est décédé dans la nuit du 3 au 4 mai, à l’âge de 91 ans dans une maison de retraite de La Roche-sur-Yon.
Il était le fondateur de l’entreprise de matériel agricole Suoma, installé dans la zone industrielle face au lycée agricole des Etablières (qui avait pris la succession de l’école d’agriculture ND de la forêt de la Mothe-Achard où j’ai fait mes études secondaires) où j’ai enseigné pendant 3 ans pendant que je rédigeais ma thèse de doctorat.
Je ne crois pas aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant » - M. Houellebecq
Michel Houellebecq est écrivain. C'est la première fois (hier 4 mai) qu'il s'exprime depuis le début de la pandémie. Dans cette lettre, il récuse l’idée de l’avènement d’un monde nouveau après la crise du coronavirus. Son texte et la lecture proposée par Augustin Trapenard, sont reproduits dans leur version intégrale.
À chaque produit agricole son syndicat adhérent à la FNSEA, les confédérés paysans en ont aussi quelques-uns, et bien sûr chaque année ce syndicat tient son Assemblée Générale, et comme le Ministre de l’Agriculture n’a guère d’appétit pour ces pinces-fesses, il se paye que les gros morceaux, il faut aller se taper à sa place le discours de fin de Congrès face à des gars qui ont plus d’appétit pour le banquet que pour votre blablabla.
Je crois les avoir tous fait, même celui de la patate.
Mais pour la patate, depuis 2002, l'Union Nationale des Producteurs de Pommes de Terre (UNPT) regroupe la fédération nationale des producteurs de pommes de terre industrielles (FNPTI) et la fédération nationale des pommes de terre de consommation (FNPTC).
Le 17ème congrès de l'UNPT s’est déroulé à Paris les 27 et 28 janvier 2020.
Dans la patate, y’a les grosses patates qui vont dans les usines, en France, dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme, la pomme de terre a fait naître une importante industrie de transformation qui produit des frites, des chips, des flocons déshydratés et un bon nombre de préparations surgelées.
La vie secrète et croustillante de la frite Mc Cain : visite d’usine ICI
L'amidon de cette plante, appelé aussi fécule, a notamment de nombreuses utilisations.
L'amidon peut remplacer la farine, être employé comme épaississant dans les sauces et servir dans la confection des biscottes. On se sert aussi de la pomme de terre à des fins non alimentaires, par exemple pour préparer certains médicaments, du rouge à lèvres, des couches pour bébés, mais aussi dans la papeterie, le textile et le contreplaqué ! Traité par de l'eau chaude, l'amidon issu de cette plante entre dans la confection du caoutchouc et dans le glaçage du papier photo. Et, depuis 2007, on peut même utiliser la fécule de la pomme de terre afin de produire des matières plastiques, ainsi qu'un produit de lutte contre les feux de forêt
Roquette Frères basée à Lestrem. L'entreprise fait partie des leaders mondiaux concernant les ingrédients d’origine végétale et un pionnier dans la recherche des nouvelles protéines végétales biodégradables, ainsi qu'un produit de lutte contre les feux de forêt. ICI
Découvrez la filière de la pomme de terre en chiffres ICI
Quelques expressions :
« Avoir la patate » la forme !
‘Avoir les patates au fond du filet » signifie être chaud comme une baraque à frites
« En avoir gros sur la patate »rancœur !
« Se refiler la patate chaude » se débarrasser d’un sujet emmerdant.
« Petite patate bouillie… » Joli
La scène culte des Tontons flingueurs (1963) de Georges Lautner par Michel Audiard
« 50 kilos de patates, un sac de sciure de bois, il te sortait 25 litres de 3 étoiles à l'alambic. Un vrai magicien ce Jo. Et c'est pour ça que je me permets d'intimer l'ordre à certains salisseurs de mémoires de bien vouloir fermer leur claque-merde! »
Jean Yanne J'me marre (2003)
« L'alcool de patates, ça ne m'a jamais tenté. Autant le vin, les types qui foulent des grappes de raisins aux pieds, on arrive encore à faire de bons produits, mais fouler des patates aux pieds, c'est pas humain comme boulot! »
21 mai 2009
Mesclun de l’Océan aux Bonnottes de Noirmoutier confites et le vin qui va avec… ICI
Coronavirus : les producteurs de pommes de terre demandent aux Belges de manger des frites deux fois par semaine ICI
Selon les estimations de Belgapom, une fédération représentant les négociants et transformateurs de pommes de terre belges, un million de tonnes de patates seraient déjà invendables.
Sur l’île de Ré, les agriculteurs retiennent leur souffle. La récolte des pommes de terre primeurs vient de débuter. Emballées dans leurs cagettes bleu turquoise estampillées du précieux label AOP, elles sont prêtes à être commercialisées. Les plus belles « truffes » sont vendues 3 euros le kilo par la coopérative Uniré. Comme la bonnotte de Noirmoutier, la grenaille de l’île de Ré tient le haut du panier. Et sonne le début d’une nouvelle saison pour la pomme de terre. Mais, cette année, avec le confinement, les Français auront-ils envie de succomber ? Les producteurs de Charente-Maritime s’interrogent avec quelque appréhension.
Le marché de la pomme de terre n’échappe pas, en effet, au coup de presse-purée de la crise due au Covid-19. Si le tubercule a trouvé sa place dans le panier panique des consommateurs aux côtés des pâtes et du riz glanés dans les rayons de supermarché, il a vu les portes des cantines, restaurants et autres fast-foods se fermer le 15 mars. La pomme de terre n’a plus la frite.
Les industriels tranformant pour McDonald’s, KFC ou Burger King ont donc mis le pied sur le frein et rechignent désormais à accepter les livraisons des producteurs sous contrat. Même s’ils acceptent parfois de dédommager l’agriculteur.
Des exportations déséquilibrées
Résultat, des pommes de terre viennent engorger le marché. « L’industrie en consomme en moyenne de 5 000 à 6 000 tonnes par jour », estime Antoine Peenaert, producteur dans le Pas-de-Calais, qui chiffre le trop-plein à 200 000 voire 300 000 tonnes. Même si les Français ont acheté 20 % de pommes de terre fraîches en plus dans les magasins, le compte n’y est pas. D’autant que les variétés ne sont pas les mêmes. La petite frite blanche demandée par McDonald’s ne franchira jamais les portes d’une friterie des Hauts-de-France, où les amateurs l’exigent d’un jaune doré…
Dans ce jeu de chamboule-tout, l’excédent de tubercules vient déséquilibrer les exportations. Or, la France vend hors de ses frontières les deux tiers de sa production estimée à 6,1 millions de tonnes. « Sauf pour les très belles variétés, les prix ont été divisés par deux et se négocient entre 100 et 130 euros la tonne, parfois moins », affirme M. Peenaert. A comparer aux 180 voire 240 euros la tonne pour un produit frais vendu en supermarché. Sachant que, pour continuer à alimenter les marchés espagnol, portugais, italien, grec ou roumain, la pomme de terre saute les frontières, même en temps de confinement…
Les agriculteurs français, mais aussi belges et néerlandais, logés à la même enseigne de la frite en berne, ont interpellé Bruxelles. La Commission européenne, qui s’est déclarée, mercredi 22 avril, favorable à des mesures d’aide au stockage privé des produits laitiers et de la viande, des filières confrontées également à des surplus, a donné son accord pour des retraits de produits sur le marché de la pomme de terre. Quitte à déroger aux règles de la concurrence. Reste à savoir comment ces mesures de soutien agricole seront financées. La patate chaude du confinement….
Laurence Girard
Les pommes de terre vues par les peintres ICI
Vincent Van Gogh (1853-1890) "Paysans plantant des pommes de terre"
Henry Lerolle (1848-1925) "Récolte de pommes de terre"
Lucien Simon (1861-1945) "Récolte de pommes de terre à ND de la Joie (Penmarch)"
Vincent Van Gogh "mangeurs de pommes de terre"