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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 12:00

 

Le 19 février 2020 je titrais :

 

En cette période de coronavirus soyez Ponce-Pilate : lavez-vous les mains ! L’histoire de la découverte du hongrois Ignace Philippe Semmelweis a été brillamment racontée dans la thèse de médecine de Louis-Ferdinand Céline en 1924 ICI  

 

André Dussollier, à Lille en 2009

 

  • "Semmelweis" de LouisFerdinand Céline, choisi et lu par André Dussollier

 

Face au coronavirus, on assiste aux débats médicaux les plus virulents. Je n’ai pu m’empêcher de penser à l’histoire du docteur Semmelweis, ce médecin hongrois qui en 1846 s’attaqua aux causes de la fièvre puerpérale qui touchait les femmes après leur accouchement et provoquait leur mort dans des proportions considérables.    

               

Louis-Ferdinand Céline, alors âgé de trente ans, fit de l’histoire de ce médecin le sujet de sa thèse, qu’il soutint devant la Faculté de médecine en 1924. A presque deux siècles de distance, il est surprenant de voir jusqu’où l’histoire peut se répéter, quand la science médicale est confrontée aux intuitions des uns et au nécessaire contrôle du corps médical tout entier.  La science tâtonne, s’interroge, cherche, avance et malgré les âpres combats qui opposent les médecins entre eux, finira avec le temps, par vaincre la maladie pour le bien de l’humanité. C’est l’histoire de ce médecin hongrois né en 1818 à Budapest d’un père épicier et d’une mère infatigable, tôt mariée, qui mit au monde huit enfants, que Louis-Ferdinand Céline raconte à travers ces pages que j’ai choisi de lire pour France Culture.

André Dussollier 

Didier Pittet, médecin-chef au service prévention et contrôle aux hôpitaux universitaires de Genève, en Suisse. © OLIVIER MAIRE/BELGAIMAGE

Didier Pittet, discret sauveur du monde ICI 

 

Ce médecin suisse, aujourd'hui sexagénaire, est à l'origine de la généralisation du gel hydroalcoolique. En faisant don de la formule à l'OMS, il a empêché la privatisation de ce produit essentiel dans la lutte contre le coronavirus.

 

C'est un soldat, sinon inconnu, du moins peu connu. En revanche, il est identifié. Et dans la lutte contre le coronavirus, il est invisiblement omniprésent. Didier Pittet, 63 ans, est un épidémiologiste et infectiologue, aujourd'hui médecin-chef du service de prévention et contrôle aux hôpitaux universitaires de Genève. C'est à lui que l'on doit la mise au point du gel hydroalcoolique, le produit aujourd'hui le plus connu au monde. Rebobinons. En 1995, Didier Pittet découvre dans son institution les ravages des maladies nosocomiales, causées par les soignants eux-mêmes, transporteurs involontaires de virus et de bactéries. L'étude qu'il mène sur le sujet au sein de son hôpital le conduit à cette conclusion : " Les mains qui sauvent sont celles qui tuent. " Dès lors, avec William Griffiths, un pharmacien attaché à la même structure hospitalière et qui avait déjà travaillé à la formulation de la solution hydroalcoolique des années auparavant, il invente le gel hydroalcoolique.

 

Ce gel permet de diviser par deux le taux d'infection en milieu hospitalier.

 

De l'alcool, un agent antibactérien, de l'eau oxygénée, de la glycérine, de l'eau, voilà pour l'essentiel. Rien n'empêche d'y ajouter un agent moussant, un parfum agréable, voire un colorant. En quinze à trente secondes, ce gel extermine les bactéries, virus et champignons qui voyagent incognito sur nos mains alors qu'un lavage avec eau et savon dure au moins deux minutes. En milieu hospitalier, le personnel soignant pourrait devoir se laver les mains jusqu'à 22 fois par heure, soit durant 44 minutes : intenable. Hypoallergénique, ce gel peut s'employer sans eau et s'emporter partout. Il sèche en outre presque instantanément, ce qui représente un gain de temps considérable pour ses utilisateurs professionnels. L'étude menée par Didier Pittet, prouvant que le gel hydroalcoolique permet de diviser par deux le taux d'infection dans le milieu hospitalier, est publiée en 2000 dans la prestigieuse revue britannique The Lancet. En 2005, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fait appel à lui pour lancer le programme Clean Hands Save Your Life (des mains propres sauvent votre vie) auquel adhèrent des milliers d'hôpitaux dans le monde.

 

De quoi assurer la fortune du génial inventeur ? Que nenni. Ce dernier décide, en 2006 - après avoir découvert combien son produit se vendait cher - de rendre la formule gratuite. Il publie la formule et le protocole sur le site de l'OMS, lui faisant don du brevet, au grand dam des laboratoires pharmaceutiques. " Nous avons simplifié la formule et nous l'avons adaptée pour que, localement, on puisse utiliser l'alcool de canne à sucre ", par exemple, détaille-t-il dans sa biographie intitulée Le Geste qui sauve (1). Et en Russie, certains ont entrepris de boire le gel, contraignant ses concepteurs à y ajouter un vomitif...

 

Selon les estimations de l'OMS, les campagnes incitant au lavage régulier des mains, couplées à l'invention du gel hydroalcoolique, sauvent entre cinq et huit millions de vies par an.

 

(1) Le Geste qui sauve, par Thierry Crouzet, éd. L'Age d'homme, puis Thierry Crouzet et le Fonds Clean Hands Save Lives. Ce livre, publié sous licence creative commons, est disponible sur tcrouzet.com.

Aucune description de photo disponible.

 

 

Coronavirus. Faire du gel hydroalcoolique avec du vin ? Une idée pour « sauver la filière » viticole

 

C’est un des multiples secteurs touchés par la crise du coronavirus. Avec la fermeture des salons, l’annulation des évènements et les mesures de distanciation sociale, nombreux sont les viticulteurs à souffrir aujourd’hui économiquement. Pour pallier les difficultés qu’ils rencontrent, l’eurodéputé socialiste Eric Andrieu a demandé l’activation « urgente » du mécanisme de distillation de crise. Objectif : se servir de l’alcool issu de la distillation pour fabriquer du gel hydroalcoolique.

Au nom du péril que le coronavirus ferait peser sur la filière vin, l’eurodéputé socialiste Eric Andrieu a demandé à la Commission européenne l’activation urgente du mécanisme de distillation de crise pour aider les viticulteurs à écouler leur production.

 

Pour l’eurodéputé audois, élu du Grand Sud-Ouest, l’alcool résultant de cette distillation pourrait servir pour la fabrication de gel hydroalcoolique.

 

« Les petits producteurs risquent de disparaître »

 

Même si cet alcool est un peu plus cher que celui produit avec la betterave, il y a aujourd’hui une telle demande pour le gel hydroalcoolique, que tout le monde serait gagnant, a-t-il affirmé.

 

La commission européenne a les outils juridiques et financiers pour intervenir sur le marché en temps de crise. Si elle ne le fait pas aujourd’hui, les petits producteurs risquent de disparaître, a-t-il plaidé.

 

Il estime le stock de vin français qui pourrait être distillé avant la fin de l’été à près de trois millions d’hectolitres, et à quelque 10 millions d’hectolitres en Europe, en tenant compte de l’Espagne et l’Italie notamment.

 

Il y a urgence. La distillation -processus consistant à séparer le fruit de l’alcool pour créer de l’éthanol doit se faire avant juillet, car si les producteurs n’ont pas libéré de volume à l’heure des récoltes, soit ils ne vendangeront pas, soit ils videront les cuves dans les caniveaux, met-il en garde. La solution est soutenue selon lui par l’ensemble du secteur viticole français et européen.

 

Un impact colossal

 

Cette proposition est indispensable à une sortie de crise, fait écho le président de la Fédération des vignerons indépendants de l’Aude, Alexandre They, invoquant un impact colossal de l’épidémie sur la filière viticole.

 

On sort déjà d’une année 2019 très compliquée avec notamment la taxe imposée par le président américain Donald Trump sur les importations de vins français, espagnols et allemands en représailles aux subventions européennes à Airbus, affirme-t-il.

 

Les producteurs indépendants sont les premiers touchés parce que notre clientèle c’est en grande partie les particuliers à qui on vend dans des salons -tous annulés, les hôtels et restaurants, et les cavistes, très durement impactés par le confinement, ajoute-t-il.

 

Pour amortir a minima le manque à gagner des producteurs, Eric Andrieu a proposé aux États concernés et à l’Europe de prendre en charge le coût de distillation à hauteur de 80 centimes par litre : 45 et 35 centimes respectivement. Nous sommes dans l’attente d’une réponse au niveau européen, a-t-il indiqué.

Dix énigmes scientifiques à résoudre au sujet du Covid-19

 

Le public peine à accepter les changements et contradictions dans les discours et recommandations portant sur le Covid-19. La raison en est pourtant simple: les questions les plus fondamentales sur le coronavirus et la maladie sont en grande partie irrésolues.

Sylvie Logean, Marie Maurisse, Etienne Meyer-Vacherand et Fabien Goubet

Publié mercredi 15 avril 2020

Avec 51 000 articles scientifiques à son sujet recensés dans la base de données CORD-19, le Covid-19 fait l’objet d’un foisonnement de recherches. Un corpus d’autant plus impressionnant qu’il y a quatre ou cinq mois, le SARS-CoV-2, nom du virus responsable de l’épidémie, était absolument inconnu au bataillon. Des millions de scientifiques ont foncé vers ce terrain inexploré, séquençant le génome du virus, étudiant ses mécanismes d’action, fabriquant des vaccins, analysant cette nouvelle maladie. Pourtant, malgré cette ruée, la plupart des grandes questions demeurent aujourd’hui en grande partie irrésolues, ce qui explique notamment les apparentes contradictions sur certaines recommandations. Comme on le voit ici, les principales énigmes du Covid-19 sont aussi les questions les plus fondamentales que pose cette maladie.

 

1. On ne sait pas comment a commencé l’épidémie

 

Nul besoin de chercher bien loin pour trouver la première énigme du coronavirus: il suffit de commencer par le commencement. Les scientifiques ne savent pas exactement d’où vient le SARS-CoV-2. Des analyses de son génome suggèrent qu’il aurait émergé à partir de coronavirus de chauves-souris chinoises via des recombinaisons génétiques, comme cela a déjà été observé pour d’autres coronavirus. Ce qui est encore moins certain, c’est la manière dont le coronavirus a franchi la barrière inter-espèces, c’est-à-dire comment il est arrivé chez l’humain. A-t-il «sauté» de la chauve-souris à l’homme? Ou bien y a-t-il eu un ou plusieurs hôtes intermédiaires? Un temps favorisée, l’hypothèse du pangolin, suspecté d’avoir joué un tel rôle, tend à être abandonnée. Il reste que la connaissance de l’origine du virus est cruciale pour éviter sa réapparition, par exemple en surveillant mieux les animaux hôtes.

 

2. On ne sait pas comment se transmet le coronavirus

 

C’est la question à 2000 milliards de dollars, soit le montant du plan de relance américain. Comment le coronavirus se transmet-il aussi facilement, avec plus de 1,7 million de cas cliniquement confirmés? Il est certain que les gouttelettes crachées lors de la toux, des éternuements ou des postillons sont vectrices du virus. Mais des zones d’ombre demeurent sur la transmission éventuelle par les fomites – le nom des surfaces contaminées –, les excréments et surtout les aérosols, ces nuages de gouttelettes parfaitement invisibles. De récentes études suggèrent que celles-ci pourraient bien être infectieuses, autrement dit que le virus se transmet par l’air, ce qui a conduit les Etats-Unis à recommander le port du masque en public. Si toutes ces voies d’entrée existent, elles ne sont toutefois pas égales, c’est pourquoi plus de recherches sont nécessaires afin de mieux comprendre la transmission virale et d’adapter les recommandations.

 

3. On ne connaît pas encore précisément la mortalité/le doute sur la mortalité

 

La sévérité exacte du Covid-19 reste à préciser, notamment parce que plusieurs calculs de la mortalité cohabitent. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) établissait le 28 mars la létalité (nombre de morts divisé par nombre de cas confirmés) à 4,6%. Un chiffre sans doute bien moindre si l’on considère aussi les cas non confirmés (parce qu’asymptomatiques ou non déclarés). Finalement, l’excès de mortalité, soit le surplus du nombre de morts survenus au premier trimestre 2020 par rapport aux années précédentes, est également utilisé pour jauger la sévérité d’une maladie, en prenant en compte l’impact de l’épidémie de manière systémique. Les premiers chiffres commencent à tomber: ainsi l’Italie du Nord compte chaque jour presque le double de décès par rapport à la moyenne. La mortalité exacte du Covid-19 ne sera connue qu’une fois l’épidémie terminée.

 

4. On ne sait pas pourquoi certains cas sont si graves quand d’autres sont anodins/le mystère de la sévérité des cas

 

La variabilité des cas observés a de quoi déstabiliser plus d’un médecin. Depuis le début de l’épidémie, on sait que l’âge avancé et l’existence de pathologies chroniques peuvent être des éléments aggravants. Mais comment expliquer la sévérité de certains cas, y compris chez les personnes jeunes et en apparente bonne santé? Cela reste un mystère et les scientifiques en sont au stade des hypothèses. Parmi celles-ci, l'«orage de cytokines», un phénomène d’hyper-inflammation du système immunitaire engendrée par le virus chez certains patients. Cette libération massive de molécules impliquées dans le contrôle de l’immunité pourrait entraîner des effets délétères comme une baisse massive de la pression artérielle, des œdèmes pulmonaires, ou des détresses respiratoires aiguës, pouvant conduire jusqu’au décès.

 

5. On ne sait pas quel médicament donner

 

«A ce jour, il n’existe aucun traitement contre les infections dues aux coronavirus. Les possibilités thérapeutiques se limitent à traiter les symptômes.» Sur son site, l’Office fédéral de la santé publique ne peut pas se montrer plus clair. Dans l’attente de molécules efficaces, les médecins ont à leur disposition quelques médicaments qu’ils administrent au cas par cas, en fonction du profil des malades et des stocks à disposition: des antiviraux comme le kaletra (association de ritonavir-lopinavir) et le remdesivir; un antimalarique comme l’hydroxychloroquine, ainsi que des antibiotiques parfois utilisés pour combattre les infections associées. Leurs effets sont loin d’être les mêmes pour tous les patients. C’est pourquoi l’OMS vient de lancer un vaste essai clinique nommé «Solidarity», afin d’évaluer l’efficacité de ces médicaments dits «compassionnels». En Suisse, c’est le Centre hospitalier universitaire vaudois qui le coordonne.

 

6. On ne sait pas combien de temps dure l’immunité

 

C’est l’une des grandes inconnues liées à l’épidémie de Covid-19. Une fois remis de la maladie, sommes-nous bien immunisés, et, si oui, pour combien de temps? Face à des données encore lacunaires, les scientifiques s’appuient principalement sur des études ayant été conduites durant les premières épidémies de SRAS et de MERS, mais aussi sur des travaux plus récents. Une étude chinoise conduite sur des macaques infectés par le SARS-CoV-2 a ainsi démontré que les singes produisaient des anticorps neutralisants leur permettant de résister à une nouvelle infection, des résultats venant accréditer la thèse d’une immunité acquise. Reste à savoir pour combien de temps. Et là encore, impossible d’avoir d’estimations à ce stade, faute de recul. Il est par ailleurs difficile de tirer des liens avec les précédentes épidémies, la réponse immunitaire pouvant non seulement être très variable d’un virus à l’autre de la famille des coronavirus, mais aussi entre les individus.

 

7. On ne sait pas le rôle joué par les enfants. Une certitude: les enfants sont, dans leur immense majorité, nettement moins gravement touchés par le Covid-19 que leurs aînés. En Suisse, près de 800 cas confirmés de Covid-19 sur environ 26 000 concernaient ainsi des individus entre 0 et 19 ans. Par contre, les scientifiques émettent encore de sérieux doutes quant au rôle exact qu’ils pourraient jouer dans la propagation de la maladie, un point sur lequel ces derniers n’ont donc toujours pas trouvé de consensus, mais ayant néanmoins légitimé la fermeture des écoles dans de nombreux pays. Cette question cruciale est d’autant plus sensible que la contagiosité des personnes asymptomatiques a désormais été soulevée par de nombreuses études. En tant que porteurs sains, les enfants pourraient-ils être des super-propagateurs de la pathologie? Les données actuelles ne permettent de tirer aucune conclusion définitive.

 

8. On ne sait pas grand-chose sur la mutation du SARS-CoV-2

 

Processus naturels et aléatoires, les mutations génétiques constituent une donnée importante pour l’élaboration d’un vaccin: les virus échappent d’autant plus facilement aux vaccins que leur génome est fréquemment modifié au fil des mutations. Les modalités précises de mutation du SARS-CoV-2 sont un terrain qui demande à être exploré, ce que font des plateformes de surveillance en ligne telles que NextStrain. Mais une chose est sûre: son génome mute relativement lentement. Son taux de mutation estimé à moins de 25 mutations par an serait moitié moindre que celui du virus de l’influenza responsable de la grippe. De quoi envisager un vaccin unique.

 

9. On ne sait pas si les animaux domestiques sont contagieux

 

La situation pour nos compagnons est confuse. Chats, chiens et même un tigre: plusieurs animaux ont été testés positifs au SARS-CoV-2, sans qu’aucune transmission d’un animal de compagnie vers un humain n’ait toutefois été constatée. Une étude a mis en évidence une reproduction virale chez certains d’entre eux (chats, furets), tandis qu’une autre, menée sur des animaux de compagnie dont les maîtres étaient malades, n’a pu observer un quelconque développement d’anticorps contre le coronavirus. Les animaux pourraient transmettre le virus via leur pelage, au même titre qu’une poignée de porte contaminée. Tant que le mécanisme de pénétration du coronavirus dans les cellules reste à éclaircir, une contagion reste de l’ordre du possible même si la rareté des cas d’animaux infectés rapportés permet d’estimer qu’une transmission vers l’humain reste improbable.

 

10. On ne sait pas quand et comment ça va se finir

 

Plusieurs variables détermineront le déroulement futur de l’épidémie de Covid-19. D’abord, la possibilité d’un vaccin pour espérer circonscrire, voire éradiquer le virus. Près de 70 candidats sont à l’étude, selon un rapport de l’OMS. Parmi eux, trois seulement sont en phase d’évaluation clinique et testés sur des humains, et aucun ne sera disponible avant au moins une année. Dans l’attente, la recherche se penche aussi sur la piste des traitements qui pourraient sauver des vies. Des antiviraux tels que l’Avigan ou des antipaludiques comme l’hydroxychloroquine sont en cours d’essais cliniques. Et si rien n’aboutit? Le coronavirus poursuivra son chemin puis pourrait disparaître, faute de personnes à infecter. Avant de resurgir de manière régulière, ou plus erratiquement, à l’image de la grippe A de type H1N1. En posant une dernière question: combien de morts d’ici là?

 

 

 

Ces rapports qui prédisaient la pandémie

 

De l’Europe à l’Amérique du Nord, tous les Etats développés mènent depuis des décennies des simulations pour se préparer au risque d’une pandémie. Pourtant, les avertissements des experts sont restés lettre morte

Marc Allgöwer

Publié lundi 13 avril 2020

 

Nous sommes le 18 septembre 2001. A New York, les débris des tours jumelles fument encore. A Washington, le Pentagone est éventré. Le monde vient d’entrer dans l’ère de la guerre contre le terrorisme. Mais ce jour-là, le vice-président, Dick Cheney, prend conscience d’une autre menace en découvrant les conclusions d’un exercice conduit quelques mois plus tôt. La simulation, nommée «Dark Winter», décrit une attaque biologique au moyen du virus de la variole. Lorsque la présentation se termine, le vice-président lâche: «C’est terrifiant.»

 

Les conclusions de «Dark Winter» comportent des ressemblances troublantes avec la pandémie de Covid-19. «Vingt ans après cette simulation, les responsables civils et militaires que j’ai consultés témoignent encore de son impact énorme», explique Mark Perry au Temps. Dans une enquête publiée par Foreign Policy, ce spécialiste des questions de défense détaille les parallèles. Un foyer de variole à Oklahoma City s’étend à l’ensemble du pays. Les responsables politiques fédéraux, régionaux et locaux, peu familiers de la gestion de crise sanitaire et privés d’informations fiables, se contredisent. Les mesures de confinement, mal définies, tardent à avoir un impact. Le système de santé, mal préparé, fait face à un afflux de patients alors que les tests de dépistage manquent et que les rumeurs enflent sur de prétendus remèdes miracle. Des émeutes forcent la Garde nationale à intervenir. «Nous aurions été bien plus à l’aise avec l’explosion d’une bombe», conclut l’un des participants à l’issue de l’exercice.

 

Le plan de George W. Bush

 

Le cas des Etats-Unis, désormais considérés par l’OMS comme le nouveau foyer de la pandémie, illustre les défis gigantesques que la diffusion rapide d’un virus mortel pose jusque dans les pays les plus développés. Ce n’est pourtant pas faute de s’être préparé. Dès 2005, George W. Bush demande à son administration d’échafauder un plan. «Une pandémie est comme un incendie de forêt, explique le président, qui vient de lire un ouvrage sur la grippe espagnole de 1918. Si elle est endiguée tôt, les dégâts sont limités. Sinon, elle devient un brasier que nous ne pouvons plus contrôler.» L’effort sera soutenu durant les trois années suivantes: mise en place d’un système d’alerte précoce, financement accru de la recherche sur les vaccins et constitution de stocks de masques et de respirateurs.

 

Mais la sensibilité au risque pandémique suit un mouvement de balancier. Acculée à des coupes budgétaires par la crise financière de 2008, l’administration Obama dissout le bureau de sécurité sanitaire globale, avant d'être confrontée dès 2009 à l’épidémie de H1N1. Cette expérience, associée à celle de l’épidémie d’Ebola en 2014-2015, fournit à l’administration Trump un plan de route qu’elle choisira à son tour d’ignorer, démantelant l’unité de réponse pandémique mise en place au sein du Conseil de sécurité nationale par Barack Obama.

 

Event 201, le scénario du coronavirus

 

La conduite de simulations ne s’est, en revanche, jamais interrompue. De 2001 à 2019, les autorités américaines mènent quatre autres exercices. Le plus récent, Event 201, remonte au mois d’octobre dernier et postule l’apparition d’un coronavirus qui, quittant son foyer au Brésil, tue 65 millions de personnes dans le monde. «L’objectif était de préparer les responsables politiques et les milieux d’affaires à minimiser l’impact économique d’une pandémie qui enrayerait la croissance et la confiance des consommateurs, souligne Mark Perry. Toutes ces simulations ont fonctionné: elles nous ont montré ce qui se produirait si nous ne prenions pas des décisions fortes et rapides. Ironiquement, elles décrivent aussi les raisons de notre échec actuel.» Pour l’expert, l’écueil principal tient aux tensions entre les différents échelons gouvernementaux. «Les Etats-Unis ne peuvent faire face à une menace nationale en permettant à leurs 50 Etats de déterminer leur propre réponse sanitaire.»

 

 

Il n’y a pas qu’à Washington que de tels exercices sont organisés. Tous les Etats développés le font. En témoignent les livres blancs successifs du Ministère français de la défense – le risque de pandémie y est évoqué dès 2008 – ou l’exercice mené en 2014 en Suisse par le Réseau national de sécurité. Pourtant, les pays d’Europe et d’Amérique du Nord ont été, à des degrés divers, pris de court par l’apparition de la pandémie. «Le problème de ce type de crise, c’est que, à la différence d’un événement comme celui du 11 septembre 2001 – une attaque dont la nature et la temporalité étaient bien circonscrites –, il y a aujourd’hui énormément d’inconnues dans l’équation de la pandémie, explique Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique. C’est une crise à mèche lente, et c’est pourquoi je suis un peu plus indulgent avec les gouvernements occidentaux, notamment européens, que ne l’est l’opinion publique.»

 

«Le monde n’est pas prêt»

Aucun responsable politique de la planète ne pouvait toutefois ignorer la menace pandémique. Chacun avait accès au dernier rapport du Global Preparedness Monitoring Board de l’OMS. Il évoque «la menace très réelle d’un pathogène respiratoire hautement mortel et se diffusant très rapidement qui pourrait tuer 50 à 80 millions de personnes et détruire 5% de l’économie mondiale». «Le monde n’est pas prêt», concluaient les experts. C’était en septembre dernier.

 

Polémique aux Etats-Unis

 

Donald Trump a-t-il trop tardé à réagir? C'est ce qu'a affirmé le New York Times dimanche. Selon le quotidien, les experts avaient averti la Maison-Blanche dès le début de l'année du danger posé par l'épidémie alors en cours en Chine. Anthony Fauci, l'immunologiste à la tête de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses, a admis que des restrictions prises plus tôt auraient permis de limiter le nombre de victimes. «Mais à l'époque, il y avait beaucoup de réticences à tout fermer», a-t-il dit, évoquant une «décision compliquée».

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commentaires

P
Ces derniers temps le Taulier a souvent mis en avant un livre apparement incontournable (vivement le 11 mai pour retrouver le chemin des librairies) " L'école des salauds " Il ne serait pas inutile d'envisager une " Ecole des philanthropes " Mais, bien sur, les trains qui déraillent sont plus interessants que ceux qui arrivent à l'heure.
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