C’était au temps où je travaillais boulevard Victor Hugo à la SIDO, je passais beaucoup de temps dans les musées à l’heure du déjeuner et le MAM (ne pas confondre avec l’imposture au féminin Michèle Alliot-Marie) de Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris sise à quelques encablures, 11. avenue du Président-Wilson. Les musées ne manquaient pas dans ce 16ième des nouveaux riches, tendance Deauville, (Dapper, Guimet…)
Du 20 Octobre au 20 Janvier 2008 le MAM proposait pour la première fois en France une monographie complète de l’oeuvre d’Helena Sofia Schjerfbeck (1862-1946)
Je m’y rendis flanqué d’une amie peintre à ses riches heures et là je fus subjugué, touché au cœur, en symbiose, j’y restai des heures et j’y retournai. Helene Schjerfbeck est pour moi l'un des plus grands peintres du début du 20ièmesiècle.
Enfant prodige, elle complète sa formation académique à Paris, dans les rares ateliers libres ouverts aux femmes. Son naturalisme allié à une grande virtuosité technique lui vaut d’être rapidement reconnue. Au cours de cette période elle voyage, en Bretagne, en Angleterre, en Russie, en Italie. À l'extrême fin du XIXe siècle, dans une Finlande luttant pour l'indépendance, son refus du romantisme national, la marginalise. De santé fragile depuis son enfance elle s’éloigne d'Helsinki, s’isole, élabore une écriture picturale épurée, réaliste, ascétique : elle peint « son entourage, les ouvrières de l'usine locale ou plus tard les infirmières du sanatorium, des paysages et des natures mortes intimes qui sont comme autant de méditations faisant échos aux autoportraits où à la fin de sa vie elle traque les progrès de l'âge, de la maladie et de la mort s'approchant ». Femme étrange, étrange destin, une vie entièrement dédiée à la peinture dans la solitude et le plus grand dénuement.
Helene Schjerfbeck par Hélène Mulot ICI
Helene Schjerfbeck est surtout connue pour ses autoportraits, une quarantaine, en près de soixante-dix ans, parmi les trois cents œuvres qu’elle a peintes accompagnant, sans jamais en être vraiment partie prenante, l’émergence du modernisme.
Dès son premier portrait elle donne le ton : pas de corps entier, juste des bustes. Elle suggère, mais interdit au spectateur tout regard sur son corps meurtri. Un sentiment de silence et de solitude se fait sentir devant ses portraits qui sont comme figés. La suite des portraits nous permet de l’accompagner à travers le temps. Ses traits deviennent plus sombres, moins précis, les yeux se fondent jusqu’à laisser place à deux orbites vides. La couleur aussi se fait rare comme dans ce portrait où on ne voit plus qu’une seule tache rouge. L’artiste peint son visage et semble scruter toute trace de maladie et de vieillissement comme pour domestiquer la mort en la regardant (les portraits sont toujours de face). Ces portraits en deviennent presque effrayants. Elle nous donne à voir une accélération du temps : sur les deux dernières années de sa vie elle peindra plus de vingt autoportraits.
L’art finlandais se dévoile au MAM ICI
Cette nouvelle déception amoureuse, et le contexte difficile de la guerre, décident Helene à fuir la Finlande (1944) pour s’installer dans un hôtel thermal près de Stockholm (Saltsjöbaden) où elle peint surtout des natures mortes et des autoportraits. Elle traque sur son visage le signe de la maladie et de la mort. Une salle de l’exposition est spécialement dédiée à ces dernières peintures. Son style devient très épuré, le crâne s’efface progressivement pour ne laisser place qu’aux tracés de ses yeux enfoncés, son nez et sa bouche. Sa représentation des natures mortes fait écho à cette autoanalyse du vieillissement.
Francesco De Grazia, un guitariste classique de 25 ans originaire de Sicile, a déclaré que presque tous les concerts et événements artistiques qu'il attendait avec impatience ont été annulés, lui laissant suffisamment de temps pour s'habiller comme un tableau du Caravage. "La seule possibilité est d'utiliser les outils offerts par le web en attendant que ce cauchemar passe", a-t-il expliqué. "J'espère avoir réussi à faire rire quelqu'un."
Ami Herrick, 12 ans, comme «Autoportrait de Frida Kahlo dédié au Dr Eloesser».