L’avantage d’un retraité confiné, tel que moi, sur un confiné « actif », c’est qu’il a acquis une grande expérience du comment occuper son temps inutile ; certains retraités ne se remettent jamais de leur retrait de la vie active, ils se sentent relégués, déclassés, ils s’emmerdent… ; d’autres, s’ils sont à la campagne se découvrent une vocation de jardinier.
Comme vous le savez ou pas, en temps ordinaire, lorsque je ne suis pas un vieux con-finé je jardine sur les toits avec Émilie, dites la B.J., de l’association Veni Verdi :
11 octobre 2016
Les gentils conseils d’un papy au semeur amateur que je suis sur le toit de Veni Verdi… ICI
Mais, puisque depuis 40 jours et 40 nuits *, je suis confiné, le jardinage me manque.
Que faire pour pouvoir semer, bécher, récolter ?
Les jardineries sont fermées…
Je me contente d’arroser les fleurs du balcon qui en bien besoin puisque le thermomètre tangente les 20° degrés C.
Bien sûr, Émilie, pour soutenir mon moral de jardinier confiné me postait des photos, mais le jardinage virtuel ne procure pas les joies des doigts dans la terre.
Impuissant, désœuvré je ruminais sans pour autant évacuer des gaz à effet de serre…
Et puis, un beau matin, profitant de mon bon de sortie pour quérir quelques provisions de bouche je rends pédestrement jusqu’au Biocoop de la rue de la Glaciaire.
Petite queue…
J’entre, et, sous mes yeux émerveillés que vois-je ?
Des petits pots !
Rassurez-vous, même s’il est dit qu’avec la vieillesse on retourne en enfance, rien à voir avec les petits pots Blédina.
Des jeunes pousses bios en pots…
Bien évidemment, délicatement, de ma main gantée, j’en dépose 3 dans mon petit panier.
Une fois de retour dans mon modeste château-fort, j’immortalise mes acquisitions posées sur l’une de ces nappes qui font la joie de Pax.
Après déjeuner, à l’ombre de mes stores, je choisis les lieux du repiquage, ne dites pas mise en terre ça me ferait penser à mon retour futur à la poussière.
J’aère la terre !
Je fais des petits trous que je mouille.
Je désincarcère délicatement les jeunes pousses…
Je les pose dans le trou.
J’épands du terreau tout autour de la motte enserrant les racines.
Je tasse tout autour !
J’arrose !
Je contemple mon œuvre…
Et puis, graphomane impénitent je décide de coucher sur mon écran ce retour réussi à la terre…
Et si je partais d’un film, ça plairait aux confinés me dis-je !
Je cherche et trouve Dialogue avec mon jardinier film de Jean Becker Comédie et drame 1 h 49 min 6 juin 2007 avec Daniel Auteuil, Jean-Pierre Darroussin, Fanny Cottençon.
Ne l’ayant point vue, je farfouille sur la toile et bien sûr je tombe sur Télérama, Pierre Murat qui n’aime pas du tout, c’est même un froid assassinat.
Ça commence fort :
Genre : Dupinceau et Dujardin.
Jean Becker aligne désormais des petits mélos humanistes et surannés que les critiques abhorrent et que le public adore. Ici, un artiste peintre, pianiste jazzy à ses heures et en instance de divorce (Daniel Auteuil, pas très à l'aise), retape sa maison du centre de la France. D'où la nécessité d'engager un jardinier — un copain d'enfance oublié, que Jean-Pierre Darroussin interprète avec naturel.
Imaginé par le peintre et écrivain Henri Cueco, le jardinier reflète cette France profonde qui aime les traditions, les idées toutes faites et l'immobilisme. Il ne comprend évidemment rien au travail de son pote : l'art, c'est pour les Parisiens, les intellos. Lui sait à l'avance s'il va pleuvoir, et c'est plus utile qu'une toile de maître, suggère le réalisateur. Becker est un pro, dont on a aimé les débuts (Un nommé La Rocca, Echappement libre). Mais ses films sont de moins en moins personnels...
Je farfouille pour trouver mieux et pas de bol, c’est aussi meurtrier (notez l’à propos de mon propos L’été meurtrier avec une Adjani flamboyante)
« Malheureusement pour nous, ce qui se promettait comme un doux et agréable moment de détente finit presque sous forme de roupillon détaché. Car la relation passionnée qui unit le rat des villes au rat des champs prend souvent trop le temps de s’embourber dans des dialogues sans fin et parfois trop démonstratifs, cassant alors trop vite le charme désuet de certaines images et séquences. Et même si on ne doute jamais de la sincérité du réalisateur et de son très juste casting, on a parfois du mal à rentrer dans la conversation entre les deux comparses tant leur débit ne laisse aucun répit ni même aucune ouverture »
Peu importe, je m’en tiens là…
Matthieu 6:26-30
Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment pas et ne moissonnent pas, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit.
Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ?
Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie?
Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement?
Etudiez comment poussent les plus belles fleurs des champs: elles ne travaillent pas et ne tissent pas; cependant je vous dis que Salomon[a] lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas eu d’aussi belles tenues que l'une d'elles. Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu, ne le fera-t-il pas bien plus volontiers pour vous, gens de peu de foi?
*Dans l'Ancien Testament, quand Dieu a détruit la terre par l'eau, il a fait pleuvoir pendant 40 jours et 40 nuits (Genèse 7.12). Après avoir tué un Égyptien, Moïse s'est enfui à Madian, où il a passé 40 ans à garder des troupeaux dans le désert (Actes 7.30). Ensuite, il a passé 40 jours et 40 nuits sur le Mont Sinaï (Exode 24.18) et intercédé pour Israël pendant 40 jours et 40 nuits (Deutéronome 9.18, 25). La Loi dit qu'un homme qui avait commis un crime ne pouvait pas recevoir plus de 40 coups (Deutéronome 25.3). Les espions israélites ont exploré Canaan pendant 40 jours (Nombres 13.25). Les Israélites ont erré 40 ans dans le désert (Deutéronome 8.2-5). Israël a été asservi aux Philistins pendant 40 ans avant que Samson ne les délivre (Juges 13.1). Goliath a provoqué l'armée de Saül pendant 40 jours avant que David ne vienne le tuer (1 Samuel 17.16). Quand Élie a fui Jézabel, il a marché 40 jours et 40 nuits jusqu'au Mont Horeb (1 Rois 19.8).