Traviès de Villers, Charles Joseph (dit C. J. Traviès) dessinateur
Juliette, 8 ans, aime lire, alors lorsque je m’arrête chez Gallimard boulevard Raspail pour une moisson de livres je fais un séjour dans le coin Gallimard jeunesse.
Je venais d’acquérir le tome IV des Œuvres complètes d’Albert Camus dans la Pléiade afin de découvrir La Postérité du soleil, lorsque je tombai en arrêt face à un titre : PAX et le petit soldat. Comme vous vous en doutez, tel le renard de la fable, alléché tout à la fois par la perspective d’une chronique goûteuse et le plaisir de ravir ma jeune lectrice, je le plaçai dans ma calebasse.
Passé ce moment d’euphorie, il me fallait m’atteler à la tâche et trouver un angle qui déborda le simple plaisir de taquiner la mouche du coche.
Pax et le petit soldat
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Faustina Fiore. Illustrations de Jon Klassen
Collection Grand format littérature, Série Romans Junior, Gallimard Jeunesse
« Écrite pour les neuf ans et plus et ponctuée par les magnifiques illustrations de Jon Klassen, ce roman de Sara Pennypacker parlera tant aux plus jeunes qu’aux plus vieux grâce à la force de ce texte qui aborde, du côté des humains comme de ceux des renards, l’importance de la famille, biologique ou non, la confiance, le besoin de liberté, les conséquences de la guerre. »
Je venais de boucler une chronique sur Bruno Latour et, soudain, dans mes vieux neurones resurgit l’esquisse du parlement des choses du dit Bruno Latour.
Grandville dessinateur
- Chronique sérieuse
Longtemps, l’homme s’est cru seul maître de la nature. Mais la question se pose désormais d’accorder des droits civils et politiques aux animaux, aux végétaux et aux minéraux. Verra-t-on un jour des chimpanzés, des peupliers et des courges à l’Assemblée nationale ?
1451. Les habitants de Berne intentent un procès aux sangsues qui infestent les eaux du lac. Elles ont trois jours pour quitter les lieux, sous peine d’être maudites par l’évêque de Lausanne. Engagé sous serment à servir loyalement les bestioles, leur avocat ramène quelques spécimens au tribunal, où elles sont finalement exécutées. L’anecdote prête à sourire. Elle n’est pourtant pas extraite d’un conte fantastique mais de chroniques judiciaires bien réelles, dévoilées par Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre écologique (Grasset, 1992).
Sénateur des forêts
Si les droits des « non-humains » sont peu ou pas appliqués, est-ce la faute de notre système politique ? Oui, répond l’association L214, qui souligne les contradictions d’une démocratie où « 80 % des gens sont contre l’élevage en batterie, mais 80 % des poules pondeuses sont élevées en batterie ». Cette faille représentative pousse Bruno Latour à plaider pour la création d’un « Parlement des choses ».
Un projet qui s'inspire de la logique des premiers Sommets de la Terre. Convaincu que la politique doit redevenir « cosmopolitique » et établir des liens durables entre tous les habitants de la Terre, le philosophe souhaite qu’un dialogue s’établisse entre les représentants des humains et ceux de leurs « non-humains associés ».
Du Moyen Âge à l’aube des Lumières, les animaux sont logés à la même enseigne que les hommes : avant d’être condamnées à la potence ou au bûcher, les vaches et autres truies criminelles doivent passer par la case justice.
La suite ICI
Esquisse d’un Parlement des choses
Bruno Latour
L’écologie nous oblige à repenser à la fois la science et la politique. Nous exprimons cette double refonte par l’expression «le Parlement des choses».
Le Parlement des choses n’est pas une invention de visionnaire à imposer par le fer et le feu contre l’état de choses existant, il prend «seulement» en compte ce qui existe déjà parmi nous (les hybrides, devenus trop nombreux pour être accommodés par les instances de purification : la science, la politique). Il s’agit de manifester officiellement ce qui existe déjà officieusement, au sein d’une enceinte où se trouvent réunis tous les porte-parole quelle que soit l’origine de leurs mandants.
Le lancer de renard (en allemand : Fuchsprellen) était un sport sanguinaire populaire dans certaines parties de l'Europe durant les XVIIe et XVIIIe siècles, où les participants lançaient en l'air des renards et d'autres animaux vivants.
- Chronique plus légère ne troublant pas le repos dominical de PAX
La guerre est imminente. Lorsque le père de Peter s'engage dans l'armée, il oblige son fils à abandonner Pax, le renard qu'il a sauvé et élevé depuis le plus jeune âge et envoie le garçon vivre chez son grand-père à cinq cent kilomètres de là. Pax affronte seul la nature sauvage et se trouve confronté à ceux de son espèce en attendant son ami. Malgré la guerre qui se prépare, Peter s'échappe pour partir à sa recherche
Un avis ICI
« C’est une maladie qui frappe parfois aussi les renards. Cela les conduit à changer de comportement, à attaquer des étrangers. La guerre est une maladie humaine qui y ressemble. »
« Il repensa aux paroles de son grand-père : « la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre », et la nausée et la peur l’envahirent de nouveau. Il baissa le regard vers la table en pin usée pour cacher cette phrase qui lui faisait honte et qu’il sentait écrite en lettres brûlantes sur son visage.
Vola tendit les bras et posa ses deux mains de part et d’autre de son crâne. Peter se figea. A part une main approbatrice sur l’épaule de la part de son père de temps en temps, et quelques coups de poings amicaux de la part de ses amis, personne ne l’avait touché depuis la mort de sa mère. Vola attendit, comme si elle savait qu’il avait besoin de temps. Puis elle appuya, fermement.
C’était un geste étrange, mais Peter ne recula pas, ne bougea pas un muscle, ne respira même pas. Car à ce moment-là, cette prise solide était la seule chose qui l’empêchait d’éclater en mille morceaux. »
Consacré Meilleur roman jeunesse 2016 par le Publishers Weekly.
Prix Sorcières 2018 catégorie Carrément Passionnant Mini.
Prix Enfantaisie 2018.
Prix des Libraires du Québec 2018.
Acclamé par les auteurs de littérature jeunesse:
• «Un chef-d'œuvre, tout simplement!» Katherine Applegate
• «Le livre est comme le renard: à moitié sauvage et absolument superbe.» Katherine Rundell
• «Merveilleuse conteuse, S. Pennypacker entraîne le lecteur sur une route pleine de désenchantements et d'espoirs jusqu'à une fin déchirante.» Ann M. Martin
Voilà, la messe est dite, j’ai accompli mon devoir dominical avec application, sans doute en toucherai-je des indulgences plénières* pour le salut de mon âme de mécréant.
* L'affaire du commerce des indulgences fut le déclencheur de la Réforme protestante, à une époque où le développement de l'imprimerie permettait une lecture directe de la Bible, dans les langues vernaculaires, ce qui ouvrit la voie à une critique des croyances catholiques et des pratiques de ses prêtres.