Affiche publicitaire pour la cigarette Marocaine, produit phare de la manufacture de tabac de Grandson, réalisée en 1945 par André Simon. Museum für Gestaltung Zürich, Plakatsammlung, Zürcher Hochschule der Künste.
La Journée des Droits des Femmes est née en Russie.
Le 8 mars 1917, à Petrograd, devenue Saint-Pétersbourg, des femmes descendent dans les rues pour faire entendre leur voix. Elles réclament de quoi manger et le retour de leurs époux partis au combat : c'est le début de la Révolution russe mais aussi celle des femmes du globe. Face à la misère et au froid, elles font grève et demandent la paix en marchant pacifiquement. C'est ainsi que la date du 8 mars est devenue une date-clé. En 1921, Lénine proclame le 8 mars comme étant la Journée des Femmes, en mémoire à celles qui ont fait naître la Révolution russe. Discours et affiches de propagande invitent les travailleuses opprimées à se rallier aux contestations communistes pour défendre leurs droits.
REVUE DE PRESSE HISTORIQUE du TEMPS de Genève
Les femmes stigmatisées
«Souvent stigmatisées pour leur participation» aux manifestations de mécontentement, les femmes furent par exemple «les instigatrices d’une grève à la fabrique de cigares Vautier d’Yverdon, en mai 1907». Fermée par British American Tobacco en 1975 qui l’avait rachetée quinze ans auparavant, la plus ancienne et plus importante manufacture de tabac vaudoise s’était étendue de Grandson à Yverdon en 1858, où apparurent les premières machines à fabriquer des cigarettes en 1893. Industrie aujourd’hui en déliquescence, mais qui a longtemps fonctionné dans la Broye et le Nord vaudois avec des «petites mains» en majorité féminines.
A cette époque, «l’opinion publique, hostile aux grévistes en général, se montre particulièrement dure envers les femmes». La Gazette de Lausanne du 30 mai 1907 fustige les ouvrières en grève qui ont la prétention de continuer d’amener leurs enfants à la crèche, alors que cette dernière est faite pour celles qui travaillent. Mais comme cette presse-là est jugée bourgeoise, on l’envoie au diable, et l’on appelle déjà à la révolte contre la «double journée».
«Tout commence, comme le racontait La Liberté en 2014, lorsque, début mai, des ouvrières tentent de créer un syndicat.» En représailles, leur patron, Henri Vautier, licencie sept travailleuses le 23 mai: «Depuis quelque temps, […] quelques [ouvrières] circulaient dans les ateliers avec des listes et forçaient plus ou moins les autres à signer comme quoi elles s’engageaient», lit-on dans un rapport de police cité par l’historien Claude Cantini. Le soir même, un secrétaire ouvrier négocie le réengagement des ouvrières remerciées, comme le résumera à la une le Journal de Genève une semaine plus tard, certain et rassuré que les autorités sauraient «sans doute faire cesser rapidement cette agitation».
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