En dehors des petits chevaux et du nain jaune à la veillée au Bourg-Pailler, je n’ai jamais été très friand des jeux de société, des jeux de cartes : belote, aluette… En famille, jouer au Scrabble pendant les vacances mais jamais au grand jamais au Monopoly.
Pourquoi ?
Avant de vous délivrer la réponse je vais vous éclairer sur ce qui m’a amené à chroniquer sur le Monopoly.
C’est hard.
Pour finir, il ouvrit le cadeau de Mary-Lou, un jeu de société américain dans son emballage d’origine. Le jeu s’appelait le Monopoly et m’était en réalité destiné. Une amie le lui avait rapporté directement de New-York, car il était introuvable en Lettonie.
- Oh, honey, believe me, it’s the hottest game town – Oh, chéri, croismoi, c’est le jeu le plus sexy du moment, susurra Mary-Lou à l’oreille de mon frère en soulevant le couvercle.
C’était une histoire de terrains et de constructions immobilières qui figurait sur la liste des jeux interdits en Allemagne. À part les Américains, toutes les personnes autour de la table le savaient. L’ambiance était à l’avenant.
Ev brisa courageusement le silence consterné.
- Bien, dans ce cas gagnons un peu d’argent.
Mais le roi de la fête attrapa une liasse de billets dans la boîte pour les jeter en l’air, et nous vîmes un coup de vent – sans doute le premier depuis des heures – faire tourbillonner les fausses coupures comme des confettis, enrichissant notre jardin. Puis Hub se leva et déclara :
- C’est un jeu de juifs.
Pages 146-147
NDLR. Mary-Lou est américaine et noire, chanteuse-danseuse genre Joséphine Baker.
Elizabeth Magie, quakeresse éprise des théories de l'économiste Henry George, partisan d'une taxe unique imposée sur la plus-value afin de lutter contre les bénéfices réalisés par les propriétaires fonciers.
À l’origine, le Monopoly était anti-capitaliste
L'inventrice de ce jeu de société mondialement connu voulait faire prendre conscience aux gens que la propriété terrienne était quelque chose dont tout le monde avait le droit de jouir.
Elizabeth Magie irait peut-être d’elle-même en prison sans passer par la case départ si elle voyait ce que son jeu, le Monopoly, était devenu. Car elle ne voulait pas apprendre à des enfants à acheter des terrains, construire le plus de maisons possible ou faire payer plein pot les gens qui tombaient par hasard sur le terrain en question.
Née en 1866, Elizabeth Magie était une fermement opposée à la politique de son temps. Elle défendait la notion de propriété terrienne développée par l’économiste américain Henry George dans son livre Progress and poverty, qu’elle résumait par l’idée que «les hommes ont un droit égal à utiliser la terre de la même manière qu’ils ont un droit égal à respirer l’air – c’est un droit proclamé par le simple fait qu’ils existent».
Prospérité et Monopole
Henry George estimait que l’inégal accès à la propriété terrienne créait de la pauvreté, et pensait qu’il fallait contrer cela en taxant les propriétaires et en reversant cet argent dans des projets utiles à toute la communauté.
Déterminée à prouver la qualité de la pensée de George, Elizabeth Magie invente et dépose le brevet du «Landlord’s Game» (le «jeu du propriétaire»), en 1904, un plateau sur lequel sont dessinés des bâtiments et des rues à acheter.
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La véritable histoire des origines du Monopoly
Pendant de nombreuses années, l’Américain Charles Darrow a été reconnu comme étant le créateur du jeu pendant la Grande Dépression de 1929. Il aurait vendu le concept aux frères George et Fred Parker en 1934 qui, un an plus tard l’ont mis sur le marché, prêt à jouer. Darrow et les Parkers sont devenus très riches suite aux ventes du jeu.
Mais la vérité est que Charles Darrow avait remanié un jeu de société inventé des décennies plus tôt par Elizabeth Magie Phillips, en 1903. Il s’appelait alors le Jeu du propriétaire foncier.
Le Jeu du propriétaire foncier
Elizabeth Magie Phillips était fan d’un économiste, Henry George, qui proposait aux propriétaires de payer des impôts sur leurs propriétés et de ne pas répercuter leurs coûts sur les locataires. Ceci permettait de réduire ou de supprimer les taxes liées à la vente. Phillips a alors conçu le Jeu du propriétaire foncier comme un moyen de montrer les conséquences négatives de la propriété foncière monopolistique, comme pour les propriétaires de l’époque John D. Rockefeller et Andrew Carnegie.
À l’origine le jeu avait deux ensembles de règles: un scénario anti-monopole dans lequel la richesse était partagée, et un autre alternatif, où chaque joueur essayait d’obtenir le monopole d’un bien en investissant sur la faillite des autres joueurs. Phillips voulait que son jeu montre la supériorité morale de la première règle, espérant comme résultat de véritables réformes économiques dans la socéité. Elle a breveté son jeu en 1903.
Cependant, ce sont les règles du monopole qui se sont retrouvées dans le jeu quand le Monopoly a été commercialisé en 1935. Il est devenu le jeu capitaliste par excellence dans lequel le gagnant pérennise la rentabilité de ses propriétés et, un par un, élimine les autres joueurs.
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