25 août 2015
Humour d’été : les saillies de De Gaulle « Alors Massu, toujours aussi con ? Oui toujours gaulliste mon général ! »
Les plus fidèles de mes lecteurs, pas sûr que Pax soit du lot, se souviennent sans doute du De Gaulle à la Plage de Jean-Yves Ferri.
« Juin 1956. Le capitaine Lebornec, aide de camp du général de Gaulle, chargé de recueillir les mémoires du grand homme durant les vacances que ce dernier s’est octroyées en famille sur les plages bretonnes, fait l’inventaire du contenu du cabas qu’il transporte. L’attirail semble complet : thermos, protection solaire, de quoi écrire, des tongs …
Des quoi ?
« Des tongs mon Général ! »…
Le capitaine Lebornec l’aide de camp du Général dans la BD est le capitaine de corvette François Flohic l’aide de camp du Président de la République, la Ve, de 1959 à 1963, puis de 1965 à 1969, date du retrait du Général suite au désaveu du référendum.
De Gaulle intime
Son aide de camp raconte chez Archipoche
En novembre 1958, François Flohic, capitaine de corvette, est désigné par la Marine pour être l’aide de camp du chef de l’État. Il le restera jusqu’en 1969, avec une interruption de deux années.
C’est un intime qui, de l’homme qu’il a connu au quotidien, donne ici « une image différente de celle qui apparaissait en majesté sur les écrans de télévision ». Et atteste, à l’inverse de Malraux, « qu’il n’a cessé d’exister un Charles qui regardait agir le Général, l’encourageait et le jugeait ».
Du fondateur de la Ve République, on découvre les habitudes et les réflexions, sur fond de retour aux affaires, de drame algérien ou de contestation sociale. Dès le 28 avril 1968, à quelques jours de l’embrasement, la lassitude lui fait dire : « Cela ne m’amuse plus beaucoup ; il n’y a plus rien de difficile ni d’héroïque à faire. » Un mois plus tard, seul témoin et organisateur de la « fuite » à Baden-Baden, François Flohic décrit un chef désemparé, inquiet de sa « déchéance », songeant même à l’exil en Irlande où il l’accompagnera sitôt son retrait du pouvoir.
« Le Président Coty invite De Gaulle à reprendre la barre du navire « France ». Bientôt installé à l'Élysée, le couple De Gaulle se met en quête d'un nouveau « chef » aux cuisines. Sachant d'expérience que l'on mange bien sur les bâtiments de la Royale, le nouveau Président charge son aide de camp, l'amiral Le Flohic*, de lui dénicher la perle rare. Ce fut Marcel Le Servot. La République est en déshérence. La cave de l'Élysée aussi, que le nouveau « chef » se met en devoir de regarnir. Oh, pas avec des « Petrus » et autres « Yquem ». Madame de Gaulle, la parcimonieuse « Tante Yvonne », ne l'aurait pas admis. Des Bordeaux à des prix abordables, il en est, n'est-ce pas ? Entre autres, un « Château Poujeaux », un rouge de Moulis de bonne extraction. »
*François Flohic terminera sa carrière comme vice-amiral mais à l’époque que capitaine de corvette, il est mort le 5 septembre 2018 à Toulon.
Ce petit livre est passionnant.
Laissant de côté les grands événements, j’ai choisi de vous citer les passages de l’intimité de tante Yvonne et de Charles…
- Le 26 décembre 1959, Pierre de Gaulle, frère du Général, meurt d’une rupture d’anévrisme dans le bureau de Jacques Foccart. Profondément affecté de gaulle décide après les obsèques de se rendre à l’hostellerie de l’abbaye de la Celle, proche de Brignoles dans le Var.
Le trajet s’effectue par la route le 4 janvier 1960.
Madame de Gaulle a fait préparer un panier en prévision d’un pique-nique. À l’heure du déjeuner, près de Tournus je fais obliquer le convoi dans les monts du Mâconnais afin de trouver un endroit favorable. Nous découvrons une jolie clairière. Sans plus de façons, le Général s’assied sur une souche, le sandwich à la main. Un petit soleil hivernal éclaire la scène. Et voilà que des bûcherons descendent vers la vallée, leur travail terminé. Ils ont repéré les deux DS immatriculées 75 mais n’ont pas reconnu le président de la République.
Goguenards, ils s’adressent à notre groupe :
- Alors, les Parisiens, on se les chauffe ?
De Gaulle ne bronche pas et les laisse poursuivre leur descente.
- L’attentat du Petit Clamart le 22 août 1962
Le Général, après avoir passé en revue le piquet d’honneur (ndlr à l’aéroport de Villacoublay) comme si de rien n’était, déclare cependant que « cette fois, ça été tangent » avant de monter dans l’avion.de son côté, Mme de Gaulle s’enquiert de ses poulets achetés chez Fauchon pour le déjeuner du lendemain, et qui étaient dans la voiture d’accompagnement. Elle pense à ses poulets et non pas aux policiers qui se trouvaient dans la même voiture !
- Voyage officiel en URSS du 20 juillet au 1er juillet 1966 messe dite à Saint-Louis-des-Français.
Peu avant la communion, je vois, en effet, le responsable de l’organisation du voyage s’Approcher de Mme de Gaulle et lui parler à voix basse ? Par un signe de tête, Mme de Gaulle acquiesce à ce qu’il vient de lui dire. Elle entraîne alors son mari à la sainte table où tou deux reçoivent la communion. Cela me paraît proprement extraordinaire et provocant de sa part : étant chef d’un État laïque, jamais au grand jamais, je ne l’ai vu communier dans une cathédrale lors d’une célébration officielle.
À peine sortis de l’église et monté en voiture, il m’interpelle :
- Pourquoi m’a-t-on fait communier ?
- Je n’en sais rien et je n’y suis pour rien !
À la résidence qui nous a été réservée, l’organisateur du voyage essuie une sévère réprimande. Mme de Gaulle, pour atténuer l’admonestation, recueillera le coupable au sortir du bureau de son mari.
- Le voyage en Roumanie pendant les évènements de 1968
J’apporte ces mauvaises nouvelles au Général qui reçoit le choc sans broncher. Une fois seulement, Mme de Gaulle, sortant de sa réserve habituelle, déclare, sibylline :
- Il ne faudra pas tarder à référer.
C’est-à-dire à organiser un référendum.
- La mise en bière du Général
Le signe le plus évident de la rupture définitive entre les deux hommes, c’est Mme de Gaulle qui le donne en faisant fermer la bière de son mari, le10 novembre 1970, avant l’arrivée à la Boisserie de Georges Pompidou, président de la République.
- De Gaulle en Irlande un reportage de MATCH
Il aura fallu que son photographe rampe dans les buissons pour tâcher, en vain, de surprendre le Général et sa femme dans leur retraite protégée. Sur l’une des deux photographies de la chambre, on voit une silhouette que la légende indique comme étant celle de Mme de Gaulle. Celel-ci, choquée, remarque :
- Je ne me charge pas de faire les vitres.
- En Irlande lady Grosvenor au Dairy Cottage du château de Kenmare
Par trois fois Lady Grosvenor refuse jusqu’au moment où Childers, ministre de la santé, trouve enfin l’argument convaincant :
- Bah, vous n’êtes qu’une vieille fille qui ne s’intéresse qu’à votre troupeau de vaches hereford.
D’une visite de courtoisie chez Lady Grosvenor que j’ai organisée sur ordre, à l’heure du thé, Mme de Gaulle revient amusée :
- Vous avez vu, me dit-elle, cette vieille fille ! Pas étonnant qu’elle n’ai pas trouvé de mari.
8- Brigitte Bardot
C'est Brigitte Bardot qui, selon moi, a produit la plus forte impression sur lui. André Malraux, ministre des Affaires culturelles, avait convaincu le Général de donner une réception pour les Arts et Lettres. Le président de la République reçoit donc, des Ambassadeurs. La réception est déjà bien avancée quand appariassent Brigitte Bardot et Gunther Sachs. Brigitte Bardot, habillée en hussard de la mort avec brandebourgs dorés, est véritablement éblouissante. Alors qu'elle attend d'être annoncée par l'huissier, le Général, l'apercevant, donne un coup de coude à Malraux :
- Chic, un militaire.
Il avance ensuite vers elle et lui dit :
- Je suis un militaire en civil et vous, une civile en militaire.
Puis il l'entraîne au buffet de la salle des Fêtes.
L'huissier n'aura pas eu à présenter et crier :
- Madame Brigitte Bardot
Gabriel Le Bomin met en scène « l’homme du 18 juin », incarné par Lambert Wilson, et le mari et père de famille, mêlant la grande et la petite histoire. ICI
En choisissant l’homme du 18 juin, Gabriel Le Bomin et sa scénariste, Valérie Ranson Enguiale, n’ont pas seulement fait le choix prudent de limiter l’action du film à la période allant des mois de mai à juillet 1940, en évitant de se lancer dans une lourde fresque historique. Ils ont aussi épinglé de Gaulle, interprété par Lambert Wilson, à un moment de sa vie où, à 50 ans, fragile et romanesque, il doute de son destin.
Soit les événements lui concèdent une courte biographie de militaire rebelle, mais snobé par l’état-major, bon mari et bon père de trois enfants, dont Anne, trisomique ; soit ils lui offrent une postérité de chef de guerre et d’homme d’Etat visionnaire. Entre Yvonne (Isabelle Carré) et la France, son cœur balance. Finalement, ce sera la France. La scène d’ouverture où le Général est langoureusement et tendrement allongé contre son épouse apparaît à cette aune comme le dernier repos du guerrier.
« De Gaulle », film français de Gabriel Le Bomin. Avec Lambert Wilson, Isabelle Carré, Olivier Gourmet (1 h 48).