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29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 06:00

Résultat de recherche d'images pour "Orson Welles jeune"

Je suis un génie. Bien sûr ! Parce que personne ne fait ce que je fais. C'est d'ailleurs l'un des critères qui permettent de dire qui est un génie génial ou rien. J'ai réinventé l'anglais. J'ai fait passer le langage américain dans la littérature populaire comme personne d'autre avant moi. Et je suis dans toutes les bibliothèques. Alors, oui, je vais durer !

 

Un peu le melon notre James, je viens de boucler la lecture des 691 pages de sa Tempête qui vient,  c’est du lourd, pas son meilleur roman, certains de ses nombreux personnages, 80 (6 pages à la fin du roman), les mecs surtout, manquent d’épaisseur, frisent la caricature, les femmes sont mieux cernées, plus crédibles. Il faut dire qu’avec  ses phrases brèves, taillées à la serpe, notre génie ne s’encombre guère de psychologie.

 

   La tempête qui vient

 

Aurélie Raya dans Paris Match | Publié le 25/11/2019, traduit bien mon sentiment de fan d’Ellroy :

 

Sa « Tempête » ne bouleverse plus le genre, « trop bavard, un peu poussif. Davantage de concision n’aurait pas nui à l’ensemble. Mais le lire constitue encore un plaisir car Ellroy garantit un dépaysement pur, on est dans ce commissariat aux côtés des brutes qui s’endorment après avoir tabassé des « bridés », on accompagne à Beverly Hills ces femmes fatales bien roulées à la chevelure rousse, glamour, qui resurgissent sans cesse. Ellroy creuse ses obsessions, coincé dans une temporalité, les années 1940 et 1950. »

 

James Ellroy revient en trombe  ICI

 

« Comme d’habitude, l’ouvrage foisonne de flics véreux et fatigués, de corps démembrés rongés par la vermine, d’héroïnes doubles, belles et manipulatrices, d’intrigues dans l’intrigue, le tout porté par un langage brutal et direct. Il est question de l’internement des « japs », des « chinetoques » qui les haïssent depuis les exactions de Nankin en 1937, des magouilles du LAPD pourri jusqu’à l’os…

 

Paradoxalement, ce sont avec les personnages ayant réellement existé qu’Ellroy excelle dans la férocité : Cary Grant  ICI , F.D. Roosevelt et madame…

 

« Johnny Weissmuller, qui est porté sur le détournement de mineur. Tallulah Bankhead, qui broute le gazon dans les repaires de lesbiennes. Duke Ellington, qui est le père de l’enfant adultérin mulâtre de Kate Hepburn. »

 

Mais c’est son exécration d’Orson Welles qui revient le plus souvent :

 

  • Vous faites un portrait peu flatteur d'Orson Welles...

 

Non, non, je ne l'aime pas. Je n'aime pas ses films et puis c'est tout. Ses descendants vont faire un procès ? Mais légalement, ils n'en ont pas le droit : quand quelqu'un est mort, c'est fini.

 

Il honnit Orson Welles – « la flamboyance de “Citizen Kane” sonne faux »

 

  • Orson Welles, « une belle merde »

 

La tempête qui vient met également en scène les personnalités de l’époque, comme le réalisateur Orson Welles, martyrisé et violenté au bord de sa piscine par un flic véreux.

 

Un plaisir particulier?

 

« Ce n’est pas un plaisir sadique, mais je peux vous dire que je n’aime pas Orson Welles, je n’aime pas ses films, je ne l’aime pas comme acteur, je n’aime pas l’homme, je pense qu’il était une belle merde. Je l’appelle "gros" dans le livre. Et si quelqu’un se sent offensé, qu’il aille se faire foutre: c’est un roman sur la Seconde Guerre mondiale! Et j’aime mélanger le réel et la fiction ».

 

EXTRAIT (pages 208-210)

 

« Le manoir du maître est un vrai labyrinthe. (Ndlr le chef d’orchestre Otto Klemperer)

 

Joan fonce dans des couloirs et se perd. Elle descend des escaliers et en gravit d’autre. Elle se retrouve dans un couloir du deuxième étage. Un nuage de vapeur d’eau sort par l’entrebâillement d’une porte.

 

Elle aperçoit Orson Welles et Claire De Haven, blottis l’un contre l’autre dans leurs peignoirs de coton, ils ne l’ont pas vue. Ils sortent du vestiaire et entrent dans le hammam. Des volutes blanches s’en échappent. »

 

[…]

 

« Elle entre dans le vestiaire. Elle se déshabille et pend ses vêtements à côté de ceux de Claire. Elle passe un peignoir et entre directement dans le hammam. La vapeur est brûlante. Les autres sont assis, tout nus, sur le gradin le plus élevé. Elle laisse tomber son peignoir et s’assied en face d’eux.

 

Welles dit : « Salut, la rouquine. »

 

Joan répond : « hello, monsieur Welles. » Il part d’un gros rire, comme s’il était sur scène, en représentation. C’est le ho-ho-ho de Falstaff. Il ajoute « je vous présente Claire de Haven. »

 

Joan dit « je m’appelle Joan Conville. »

 

Claire est cachée derrière un voile de vapeur d’eau, Joan plisse les yeux. Elle a envie de voir Claire toute nue.

 

Claire demande : « Vous êtes une amie d’Otto, ma chère ? »

 

[…]

 

« Welles dit : « La rouquine est médecin, je le savais. Hé, rédigez-moi une ordonnance pour de la cocaïne pharmaceutique. J’ai besoin de juguler mon appétit et de perdre du poids. »

 

Joan rit. « Vous me semblez en pleine forme, monsieur Welles.

 

  • Appelezmoi Orson, je vous en prie.

 

[…]

 

« Claire s’essuie avec une serviette. Joan jette un coup d’œil. On pourrait lui compter les côtes. Ses seins s’évasent de façon asymétrique. Ses jambes sont trop grêles. Elle n’est que transparence et veines saillantes. »

 

[…]

 

Welles dit : « Smith est le nouveau béguin de Claire. Ils se sont mis en ménage au Mexique, à présent. Lui, c’est une tête brûlée d’Irlandais. Il me flinguerait s’il savait que j’ai vu Claire à poil. »

 

Claire caresse Welles. Elle passe une main entre ses jambes. Welles se mord les lèvres et réprime un halètement. Claire ne quitte pas Joan des yeux.

 

Le conduit de vapeur se remet en marche. Fin du peep-show. Welles tousse et un nuage de buée sort de sa bouche. »

 

[…]

 

« Claire caresse Welles, qui gémit et se mord les lèvres. Claire lui empoigne le membre des deux mains, sans cesser d’observer Joan.

 

Joan se lève et enfile son peignoir. Welles dit : « À bientôt, la Rouquine. On se voit à l’église. »

 

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