Essence : Nature propre d’une chose, ce qui la constitue comme ce qu’elle est et lui donne sa réalité fondamentale.
Depuis 1973, pour l’OIV « le vin est exclusivement la boisson résultant de la fermentation alcoolique complète ou partielle du raisin frais foulé ou non ou du moût de raisin ». Il est précisé que son titre alcoométrique ne pourra être inférieur à 8,5 % en volume ».
Le vin nature c’est ça, rien de plus rien de moins, sans poudre de perlin-pinpin, du temps, du soin, de l'intelligence, la main du vigneron, alors pourquoi donc le définir, l’enserrer dans un cahier des charges réducteur, le confier à un syndicat de défense ?
Les barbelés des grandes plaines du Far-West sont les pères fondateurs des feedlots.
Les cahiers des charges de tous poils sont les portiques d’entrée pour les prédateurs de la GD.
Le vin dit traditionnel c'est un cocktail de ça : outre les levures exogènes 49 additifs autorisés chez les vins conventionnels, contre 38 pour les productions bios, 5 pour la biodynamie et un seul, à faible dose pour le vin naturel, le dioxyde de soufre (E220 sur les étiquettes). Ceux-ci ne seraient pas nocifs, selon les critères de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) tant que la dose journalière admissible (DJA) par personne est respectée – bien que celle-ci varie grandement selon le consommateur… chaque pays ayant également sa propre liste complémentaire. VOIR Vin et Codex Alimentarius - Oenoppia
Le vin bio :
Initialement, la législation relative à l’agriculture biologique ne concernait pas les conditions d’élaboration des vins. Sur le marché européen, seule la mention « obtenu à partir de raisins issus de l’agriculture biologique » était autorisée sur l’étiquette.
L’adoption d’un texte européen sur le vin biologique, le 8 février 2012, est venue combler cette lacune. Ce texte restreint certaines pratiques et procédés œnologiques habituellement utilisés dans l’élaboration du vin traditionnel. Il instaure en outre une teneur limite en sulfites inférieure de 30 à 50 mg par litre, selon le type de vin et sa teneur en sucre résiduel.
Les vins produits conformément aux nouvelles dispositions, ainsi qu’au règlement sur l’agriculture biologique peuvent prétendre depuis le 1er août 2012 à la certification « vin biologique » et porter cette mention sur l’étiquetage. L’étiquetage du logo européen est obligatoire, et peut être complété du logo français. ICI
La biodynamie ne concerne que la culture de la vigne ICI
Le vin échappe à la réglementation sur l’étiquetage des produits alimentaire. ICI
Seul le vin nature est raccord avec la définition officielle du vin.
Il est donc urgent d’indéfinir* le vin nature sauf à écrire que c’est tout bêtement du vin...
C’est justement par un tremblé des mots que des hommes lents nous est apparue.
« Et qu’importe si c’est d’une manière floutée. Il faut simplement accepter la fragilité de leur présence. Aussi sera-t-il vain de prétendre les définir une fois pour toutes. Mieux vaut accepter de les indéfinir (pour reprendre l’expression d’Édouard Glissant.) Seule leur indéfinition peut éviter de les figer dans une catégorie trop étroite, afin de préserver l’intensité des possibles qui caractérise leur existence sociale.»
Je profite de cette citation de Laurent Vidal pour faire l’éloge de la lenteur, le fameux temps c’est de l’argent…
L'agriculture et l'élevage intensifs sont fondés sur le principe vite fait mal fait, le produit devient du minerai, à coût de plus en plus faible, pour les industries de transformation, les paysans devenus agriculteurs ne sont plus que des exécutants des donneurs d'ordre.
Ce qui me permet de rebondir sur un sujet qui m'est cher : le temps...
Un livre qui s’attaque au mal contemporain, j’ai nommé : l’accélération.
Dans Les Hommes Lents : résister à la Modernité, XVe-XXe siècle, publié chez Flammarion, Laurent Vidal propose une histoire peu connue : celle de la lenteur.
L’historien montre comment la Modernité s’est construite sur une discrimination, fondée sur la vitesse érigée en vertu sociale. Mais si la lenteur est un vice, attribué plus volontiers aux pauvres, aux indigènes colonisés ou aux migrants… elle peut aussi devenir une arme de subversion dans les mains des dominés.
Laurent Vidal est historien, professeur à l’Université de La Rochelle et directeur de recherche à l’Institut des Hautes Études d’Amérique latine. En effet, sa spécialité c’est l’histoire du Brésil, des sociétés atlantiques américaines et des relations transatlantiques. Il fait donc ici un pas de côté, mais pas tout à fait : car l’histoire de la construction de la lenteur dans les imaginaires occidentaux est intimement liée à l’histoire de la Modernité, du Progrès et sera déterminante dans le rapport des européens aux peuples colonisés d’Amérique ou d’Afrique, mais n’anticipons pas.
Cet essai se pense comme une enquête sur les traces de la vitesse, toujours en bonne place nous dit l’auteur au panthéon de la modernité occidentale. Mais cet enchantement de la vitesse ne valorise, la plupart du temps, que ceux qui ont la capacité de s’adapter à son rythme soutenu, quand ce n’est pas de le dominer.
Vitesse et pouvoir sont ainsi intimement liés. Il s’agit donc de revenir sur le « lent », du Moyen Âge à aujourd’hui, sur l’invention du mot, de sa représentation et surtout sur le glissement progressif vers une forme de vice associé à la paresse, la fainéantise, la luxure. Partir sur les traces des hommes lents, c’est dessiner en creux une histoire de la Modernité qui stigmatise progressivement l’indigène à civiliser, l’immigré post-colonial ou encore l’ouvrier gréviste.
La lenteur est le « sous-texte de nos sociétés modernes », mais comme souvent dans l’histoire, les dominés parviennent à retourner le stigmate pour en faire un objet de subversion. L’émancipation passe aussi bien par le sabotage qui ralentit la production que par l’invention de rythmes qui se retrouvent dans la musique jazz ou la samba. Au lexique de discrimination répondent des formes de résistances et de ruses… les récents mouvements Slow (slow food, slow science…) sont là pour le prouver.
Ce qui est intéressant dans le livre de Laurent Vidal, c'est en effet la forme. Il propose une vision historique de ce sujet, mais en mobilisant, des références qui sont très disparates : l'histoire de la peinture, du roman... et à travers cette somme, il fait un montage de références. La modernité dont nous sommes aujourd'hui les héritiers nous a poussés tous à accepter le modèle de la performance de rentabilité à deux vitesses. On est tous tenu à ça et malgré tout, pendant tous ces siècles du Moyen Age à aujourd'hui, les ruses ont existé dans l'histoire sociale, littéraire, romanesque, de la pensée pour précisément déjouer cette injonction à la performance et à l'accélération du rythme. (Jean-Marie Durand)
Si on parle de la question du rythme, je crois que Laurent Vidal a cherché à mettre cette question au cœur de son écriture. Non pas pour en faire une écriture hyper poétique, mais simple [...], C'est précisément au moment où il a fini sa traversée des temps modernes où l'on commence à se dire bon, d'accord, on connaît Charlie Chaplin. Lui prend la scène dans le film jusqu'à la fin, il ne prend pas seulement Chaplin serrant les mollettes sur la chaîne de montage, mais comment il subvertit, c'est-à-dire comment la scène se poursuit. Il continue le geste de visser des boulons et ça finit par visser les nez, les boutons sur la robe d'une femme... par une danse. Et c'est ça, en fait, son sujet, c'est comment le geste se poursuit et se subvertit. (Catherine Portevin)