Faire du vélo par temps de grève c’est affronter prudemment l’immense sens civique des français, l’incivilité est la règle, je me fais discret face au regard assassin des motorisés de toute obédience lorsque je me faufile entre les bagnoles qui obstruent les carrefours.
Nos amis de la RATP et de la SNCF réunis, derniers bastions de la classe ouvrière pour les adeptes de la lutte des classes le cul sur une chaise devant leur écran, si Tonton était encore à l’Élysée et le petit Michel à Matignon, je vous fiche mon billet que le premier recevrait les ultras pour les assurer de sa compréhension pendant que le second tenterait de tricoter un bon compromis. Je n’invente rien tel fut le cas en l’étrange attelage Mitterrand-Rocard. Ça faisait bander Dray-Mélenchon, dit gueule de raie et méchant con, tout ce qui a permis la désintégration du PS par Macron.
Que voulez-vous je n’y peux rien voilà t’y pas que juché sur mon vélo électrifié, au bas de Mouffetard, mon œil de chroniqueur à l’affut, chope une affiche sur une colonne Morris.
Demi-tour, photos.
L'opposition Mitterrand vs Rocard
Théâtre de l'Atelier, Paris du 17 janvier au 16 février 2020
« Les deux hommes étaient complémentaires. Faits pour s’entendre et gouverner ensemble. Le premier étatique et secret était né président. Le second imaginatif et pédagogue était né gestionnaire. À l’un Mitterrand, les grandes orientations. À l’autre, Rocard, les dossiers de la vie quotidienne. À l’un la France. À l’autre les Français ».
Voilà en quelques mots comment, l’ancien rédacteur en chef du Nouvel Observateur, Robert Schneider, résume la relation si singulière qui unit François Mitterrand et Michel Rocard … Pourtant, l’histoire entre les deux hommes ne se résume pas qu’à de la Politique ! Non ! L’enjeu est ici bien plus profond, bien plus intime… Car entre eux, ce sont 2 trajectoires personnelles qui s’affrontent, 2 représentations de la société qui s’opposent, et enfin, le plus important, ce sont 2 manières de penser l’avenir qui se défient !
Mitterrand et Rocard au théâtre, dans un duel à fleurets loin d’être mouchetés
En 1980, rue de Bièvre, François Mitterrand et Michel Rocard se rencontrent pour savoir qui sera candidat à la présidentielle de 1981. C’est aujourd’hui une pièce, « l’Opposition, Mitterrand vs Rocard », mise en scène par Eric Civanyan, avec Philippe Magnan et Cyrille Eldin.
La pièce est de Georges Naudy, un instituteur bordelais jamais joué encore, qui s’est plu à imaginer ce que se sont dit Rocard et Mitterrand lors d’une entrevue qui a réellement eu lieu rue de Bièvre en 1980 à l’instigation de Jacques Attali
Qui sera le candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle de 1981 ?
L’« archaïque » vieux routier de la politique, 74 ans, partisan de l’Union de la Gauche, des nationalisations, d’un étatisme rétrograde, Mitterrand ou le fringant Rocard qui n’a que 50, leader de la « deuxième gauche », plus pragmatique, qui se propose de concilier le socialisme avec la loi du marché.
Ses adversaires, au sein du PS, n'ont pas tardé à le surnommer Rocard d'Estaing, établissant ainsi un parallèle entre le "libéralisme avancé" du président de la République et le socialisme redéfini que propose le député des Yvelines.
L'affrontement de ces deux conceptions a tourné à l'avantage de Mitterrand au congrès de Metz, en avril 1979, mais de peu. Dans les sondages, Rocard continue à devancer le premier secrétaire. La fin de l'année 1979 et les premiers mois de 1980 voient le chef de file de la "deuxième gauche" écraser le député de la Nièvre dans les souhaits d'avenir et dans les intentions de vote des Français. Deux journalistes, Hervé Hamon et Patrick Rotman, publient un livre, L'Effet Rocard (Stock), qui s'appuie sur ces enquêtes pour expliquer la popularité de l'ancien dirigeant du PSU et affirmer qu'elle n'est pas un effet de mode. Durant l'été, pourtant, la cote de Mitterrand se redresse au détriment de son rival.
Pire qu’un adversaire ou un ennemi : un rival
Le cynisme de Mitterrand, le pragmatisme de Rocard : la politique au théâtre avec Cyrille Eldin
Dans l’émission "Culture-Médias", sur Europe 1, il a présenté cette discussion d'une heure et demie mêlant discours authentique et remarques imaginées, entre les deux ténors du Parti socialiste, qui a lieu quelques mois avant l'élection présidentielle de 1981.
INTERVIEW
Le journaliste, humoriste et comédien Cyrille Eldin, qui interprète Michel Rocard, présente la pièce au micro de Philippe Vandel, sur Europe 1.
« La plupart des échanges ont été prononcés par l'un ou par l'autre, sur plusieurs mois, et parfois dans leurs dos. La pièce, c'est un condensé », explique-t-il.
La suite, on la connait : premier secrétaire du Parti socialiste, François Mitterrand se présente à l'élection tant convoitée par Michel Rocard, et l'emporte face au président sortant, Valéry Giscard d'Estaing. « L'échange met face à face le cynisme de Mitterrand, et le pragmatisme de Rocard », souligne Cyrille Eldin.
« Le mépris, ça se mérite »
La discussion en question aurait eu lieu à initiative de Jacques Attali, alors proche collaborateur de François Mitterrand.
« À part ça, ils ne se parlaient jamais. Mitterrand ne supportait pas Rocard », assure Cyrille Eldin.
Sur scène, la tension qui règne entre les deux hommes est palpable. Le futur président se permet quelques saillies bien senties. « Pourquoi avez-vous autant de mépris pour moi ? », interroge Michel Rocard. Son concurrent réplique, cinglant : « Je n'ai aucun mépris pour vous. Le mépris, ça se mérite. »
Cyrille Eldin incarne un Michel Rocard un peu fébrile, mais qui porte ses idées avec enthousiasme et conviction. Un politicien que l'acteur connaissait bien, ayant grandi avec un père fervent rocardien. « Je l'entendais répéter à quel point Rocard était merveilleux. Il s'est fâché avec des gens en le défendant », raconte l'acteur. Mais la pièce va au-delà d'une simple discussion, poursuit-il. « On comprend à la fin pourquoi Mitterrand a finalement été candidat. Ce n'est pas que cynisme, du machiavélisme. Certes, c'est un monarque, mais il incarne la France. »
Je ne sais si j’irai voir cette pièce car ayant physiquement travaillé avec les deux personnages, surtout avec Michel Rocard bien sûr, mais aussi aux abords de Mitterrand sur le dossier du vin du Midi Rouge pièce importante dans la négociation d’élargissement de l’Europe à l’Espagne, dossier qui lui tenait à cœur et, avec Louis Mermaz, compagnon du premier cercle, il était souvent question « du Président » lorsqu’il revenait de son déjeuner hebdomadaire le mercredi à l’Élysée avec lui et les grognards : Joxe, Mexandeau et quelques autres…
Michel Rocard et François Mitterrand en 1990DANIEL JANIN / AFP
Paris Match ||Mis à jour le