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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 06:00

Résultat de recherche d'images pour "Michel Charasse et Mitterrand" Le président de la République François Mitterrand (C), entouré de l'ancien ministre du Budget et sénateur Michel Charasse (G) et du secrétaire général de l'Elysée Hubert Vedrine, quitte le 15 décembre 1993 la résidence Marigny. AFP / GERARD FOUET © Service PHOTOGRAPHES

Cette chronique était en boîte avant l'annonce du décès de Michel Charasse hier vendredi.

 

Dans mes souvenirs d’élève en blouse grise, doigts tachés d’encre violette, croix d’honneur au revers – c’était tout de même mieux qu’un abonnement pour les gradins de l’OM – le Puy de Dôme 1.465 m. n’était pas la vedette du Massif Central, en effet le big Puy c’était le Puy de Sancy 1886 m. le plus haut sommet de l’intérieur de la France. Au temps de la Fac de Droit nous charrions ceux d’entre-nous qui, ayant réussi le concours d’Inspecteur des Impôts – en ce temps-là l’Administration payait les études pour attirer les candidats – car ils allaient devoir rejoindre Clermont-Ferrand où le déplumé de Chamalières, le futur séducteur de Lady Di, avait relocalisé, lorsqu’il régnait sur les Finances rue de Rivoli, l’École Nationale des Impôts. C’était aussi les pneus Michelin de ma 1ière  Deudeuche fille naturelle du très secret François Michelin. Plus tard encore, au temps des ors de la République, ce patronyme départemental était synonyme du gros Charasse, maire de Puy Guillaume, ses bretelles, ses cigares, qu’aimait tant la chasse avec son copain Guy Ligier. Que voulez-vous, avec Chambord, Auberive, Rambouillet, petit et gros gibier, le Ministère de l’Agriculture et l’ONF avaient des charmes cachés pour les fines gâchettes.

 

Résultat de recherche d'images pour "carte ancienne puy de dome"

 

J’ai pratiqué Charasse en direct en tant que Ministre du Budget, tout d’abord, lors des Comités Interministériels Corse présidé par Rocard, où il pourfendait les privilèges fiscaux des autochtones en se targuant d’une grand-mère corse. Je n’ai jamais vérifié. Il n’appréciait guère Rocard mais lui témoignait du respect pour ses engagements ; puis, lorsque Rocard, jamais en reste d’innovation, exigea de la forteresse du budget que les ministres dépensiers aillent discuter de leur budget en direct avec le Ministre du Budget. Charasse trônait, au-dessus de la Seine, derrière un bureau Empire, il avait fait virer le mobilier design, en bras de chemise, bretelles fleuries, rougeoyant de bonne chère, cigare au bec. La première fois, alors que nous nous étonnions du transfert de certains douaniers, à cause de l’espace Schengen, au service de la viticulture, sa réponse tomba « que voulez-vous que j’en foute ! » Mais, le rond et truculent, était redoutable, fort de son expérience au groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, il dépiautait un budget comme on déguste une palombe, fallait pas lui raconter des craques. Les joutes j’adore ! Tout en argumentant, je zieutais le cigare de Charasse, à l’époque j’étais branché Havane, il s’en aperçut, goguenard il me lança « t’en veux un ? » j’opinai. J’ai donc fumé un cigare de Charasse.

 

Amateur de bonne chère, de comices agricoles et de banquets républicains, un dimanche matin, suite à une partie de chasse suivie d’une nuit d’agapes arrosée, le père Charasse en compagnie de son pote Guy Ligier débarque au petit matin sur le terrain du concours national de labours du CNJA qui se déroulait dans le Puy-de-Dôme. Le président des JA qui, comme d’habitude pleurait une aide aux calamités pour ses ouailles, que le budget refusait, obtint le feu vert de Charasse. C’était du lourd. Le lundi matin j’annonce la nouvelle à Louis Mermaz, qui, pince sans rire, me déclara « nous allons le remercier par écrit… »

 

Pour La Montagne, ICI   le journal d’Alexandre Vialatte, père de la chronique ICI 

 

Michel Charasse est « Un esprit libre et indépendant qui s’est fait une spécialité des prises de position à contre-courant de la ligne officielle du Parti socialiste, jusqu’à son exclusion en mai 2008. Entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2007, il reçoit Nicolas Sarkozy dans sa mairie de Puy-Guillaume et lui donne l’accolade, au nom de « la tradition républicaine. »

 

De là à faire un parallèle avec celui qui chamboula la vie politique un certain 7 mai 2017… Emmanuel Macron n'a pas résisté. « On aurait pu penser que ce lien indéfectible à François Mitterrand vous vaudrait une carte de membre à vie au PS. Vous en avez été pourtant exclu pour "indiscipline" en 2008. M’accusera-t-on de relecture de l’histoire si je dis de votre indiscipline qu’elle était visionnaire ? Je crois qu’il y avait en effet quelque chose de précurseur dans cette audace et cette lucidité à rompre le rang d’un parti qui implosait, se fissurait, pour que des réalignements politiques qui étaient en gestation puissent advenir ».

 

Michel Charasse a reçu, le lundi 27, à l’Elysée, les insignes d’officier de la Légion d’honneur des mains du président de la République, Emmanuel Macron.

 

Deux Présidents de la République (Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy), trois anciens Premiers ministres (Bernard Cazeneuve, Laurent Fabius et Lionel Jospin), la Garde des Sceaux Nicole Belloubet, d’anciens ministres et fidèles du président François Mitterrand dont sa fille Mazarine Pingeot, des patrons de grandes entreprises publiques ou privées comme Jean-Dominique Senard, mais aussi Eddy Mitchell, Jacques Mailhot, le Dr Xavier Durando, responsable du département d'oncologie médicale au centre Jean-Perrin...

 

Extraits :

 

« Vous voilà de nouveau dans cette maison où vous êtes presque chez vous. Cette maison où vous avez servi un grand Président, François Mitterrand, avec un dévouement formidable, presque sacerdotal, si je ne craignais d'offusquer le laïc intransigeant que vous êtes, celui qui, aux funérailles de Jarnac, était resté sur le parvis de l'Eglise, avec la fidèle Baltique ».

 

Emmanuel Macron a salué à travers Michel Charasse ceux que François Mitterrand, nouveau président élu ce soir du 10 mai 1981, appelait « les humbles militants pénétrés d’idéal ».

 

« François Mitterrand savait pouvoir compter sur votre absolue loyauté. Vous avez souvent été décrit comme le premier grognard de Mitterrand, son premier mamelouk, comme ce soldat loyal que Napoléon avait rencontré durant sa campagne d’Egypte (…). Et si le mamelouk dormait devant la porte de Napoléon pour le protéger, vous aussi vous avez dormi souvent ici, au plus près du président, au cas où il aurait eu besoin de vous à une heure tardive ou matinale. Vous êtes resté parfaitement fidèle à sa mémoire, devenant en quelque sorte le gardien du temple. Cette fidélité vous honore. Car en étant fidèle à François Mitterrand, vous avez toujours été fidèle à vos idéaux et à la France. Vous avez toujours été fidèle à vous-même. »

 

121 ans de mandats en 60 ans de vie publique : « Cela signifie au fond que vous aimiez tant la France, que vous étiez prêt à lui consacrer deux journées de travail par journée de vie ».

 

« Tous ces mandats locaux disent votre enracinement, a salué Emmanuel Macron. Jamais vous n’avez perdu le contact avec la vie réelle, la vie des gens. C’est d’ailleurs bien cela qui vous a donné un sens politique si sûr (…). A rebours des pratiques le plus courantes, la capitale était un peu votre maison de campagne. Il faut bien le dire, à l’heure où l’on déplore la déconnexion des élites ».

 

« Vous avez apporté à l’Elysée votre caractère truculent, s’est amusé à rappeler le président Emmanuel Macron. Avec votre style à la Coluche, vos bretelles légendaires, votre éternel cigare à la bouche et vos lunettes plus souvent sur le front que sur les yeux, vous étiez aussi le prodigueur de bonne humeur et le joyeux amphitryon de l’Elysée ».

 

Et de rappeler les « fameux déjeuners Charasse à base de jambon d’Auvergne et de saint-nectaire ». Des « rendez-vous libres et drôles, politiquement incorrects. Ça brocardait dans tous les sens, mais il n’empêche que la France de François Mitterrand était toujours au menu ».

 

Bref, le jeune Macron, toujours prompt dans les paroles, aurait dû engager Charasse comme DRH, ça lui aurait évité de se planter dans ses choix de candidats aussi bien aux élections que pour des portefeuilles ministériels, comme le note le vieux routier Alain Duhamel : des amateurs

Michel Charasse, mort du « tonton flingueur » de Mitterrand ICI

 

 

Truculent mais secret, débonnaire mais bosseur, bonhomme mais féroce, Michel Charasse emporte dans sa tombe un bon paquet des secrets de la Ve République.

 

Par Michel Revol

De lui, que retiendra-t-on d'abord ? Ses cigares, qui embaumaient sa personne et enfumaient son petit bureau du Sénat et d'ailleurs ; ses bretelles, qui enrobaient sa bedaine de bon vivant ; son goût pour la pêche, qu'il pratiquait dès que possible dans les rivières entourant Puy-Guillaume, ville auvergnate dont il fut maire dès 1977 ; son coup de fourchette, qu'il abattait sur la cochonnaille ; son amour des copains, des grandes tablées, du vin ; ses coups de gueule, sa gouaille, ses petits yeux ronds et vifs – bref, sa personnalité hors norme dans le monde policé de la politique. Avec Michel Charasse, mort ce vendredi 21 février à l'âge de 78 ans, disparaît une figure d'un autre temps, fracassante et tonitruante, un peu à l'image de Georges Frêche ou de Charles Pasqua, son adversaire politique, mais son ami, qu'il tutoyait et avec lequel il savait arranger quelques coups…

 

Mais l'homme de Charasse, c'est évidemment Mitterrand. Celui qui se surnommait lui-même « le mamelouk » résumait sa relation avec l'ancien chef de l'État d'une formule lapidaire et éclairante : « S'il me demande de flinguer, je flingue » – il possédait d'ailleurs une arme dans son bureau de l'Élysée. Michel Charasse entre dans le palais présidentiel avec Mitterrand en 1981, après avoir travaillé aux côtés de Gaston Deferre au groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Diplômé de Sciences Po et juriste, Charasse exerce d'abord au secrétariat général de l'Élysée avant d'être bombardé conseiller. Il veille notamment au bon respect de la constitution, se vantant quelques années plus tard de n'avoir « pendant quatorze ans fait faire aucune erreur constitutionnelle au président ».

 

« Je vous briserai » la suite ICI 

 

L’ancien ministre Michel Charasse est mort ICI 

Ministre du budget sous la présidence de François Mitterrand, dont il était proche, le « Gaulois » socialiste aura marqué par son verbe haut et son goût pour la bataille. Il est mort le 21 février à l’âge de 78 ans.

Par  

 

Des bretelles, un gros cigare, des « cons » et des « gueules d’empeigne » lâchés en veux-tu en voilà à la télévision. Et puis, une façon de rester ostensiblement à la porte des églises même lors des enterrements, comme seuls les vrais « bouffeurs de curés » peuvent oser le faire. Et encore, un regard goguenard derrière les lunettes demi-lunes. Voilà ce qui frappait d’abord les esprits, lorsque apparaissait Michel Charasse. L’ancien ministre et fidèle de François Mitterrand, qui vient de mourir, vendredi 21 février à l’âge de 78 ans, était un drôle de politique. Un genre de modèle en voie de disparition. Fort en gueule pour la galerie mais gardien de secrets d’Etat ou de confidences privées. Le « Pasqua des socialistes », disait-on parfois, en comparant ces deux figures hautes en couleur pourtant rompues aux subtilités du pouvoir.

Examinons d’abord les racines. Corse par sa mère, Auvergnat par son père, il naît le 8 juillet 1941 à Chamalières, ce petit coin du Puy-de-Dôme où eut lieu vingt siècles plus tôt la bataille de Gergovie, lors de laquelle Vercingétorix a repoussé victorieusement les légions romaines. « Le Gaulois », c’est d’ailleurs ainsi que Le Monde titre le grand portrait qu’il lui consacre en 1988 alors qu’il vient d’entrer pour la première fois au gouvernement. Et c’est vrai que Charasse a, des Gaulois tels qu’on se les imagine, le verbe haut, la truculence et un certain goût pour la bataille.

La suite ICI 

 

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