"Vous avez la parole !" : caricature d'Honoré Daumier,
Pourquoi pas moi ?
Je bosse gratos depuis des années alors je fais ma CGT, je pose ma plume fertile pour que mes innombrables fans contraignent le jeune Macron à revoir sa copie.
La CGT m’a tué en mai 68 : à l’attention des petits cons qui nous gonflent avec leur mémoire courte
Le 25 mai, rue de Grenelle Pompidou veut reprendre la main, être de nouveau le maître du jeu. Il joue son va-tout. L'important pour lui c'est de lâcher du lest sur les salaires pour neutraliser la CGT de Séguy. Le falot Huvelin, patron d'un CNPF aux ordres suivra en geignant. Les progressistes de la CFDT, bardés de dossiers, assistent à un marchandage de foirail. Comme un maquignon sur le marché de St Flour, baissant les paupières sous ses broussailleux sourcils, tirant sur sa cigarette, roublard, tendu vers l'immédiat, le Premier Ministre ferraille, main sur le coeur en appelle à la raison, pour lâcher en quelques heures sur tout ce qui avait été vainement demandé depuis des mois, le SMIG et l'ensemble des salaires. Le lundi, chez Renault, à Billancourt, Frachon et Séguy, se feront huer. Chez Citroën, Berliet, à Rodhiaceta, à Sud-Aviation et dans d'autres entreprises, même hostilité, même insatisfaction. Le "cinéma" des responsables de l'appareil cégétistes à Billancourt n'a pas d'autre but que de blanchir les négociateurs, de mettre en scène le désaveu de la base.
La semaine qui s'ouvre est décisive. Pompidou sur la pente savonneuse, la célèbre "voix" jusque-là infaillible semble douter après le bide de sa proposition de référendum, Mendès le chouchou de l'intelligentsia, qui le considère comme l'homme providentiel, consulte, mais comme d'habitude attend qu'on vienne le chercher. Le 28 mai sous les ors de l'hôtel Continental Mitterrand, avec sa FGDS, se pose en recours. Tous les camps s'intoxiquent. Le vrai s'entremêle au faux. On parle de mouvement de troupes au large de Paris. La frange barbouzarde des gaullistes mobilise. On affirme que les membres du SAC ont déballé dans leur repaire de la rue de Solférino des armes toutes neuves. Le Ministère de l'Intérieur révèle la découverte de dépôts d'armes dans la région lyonnaise, à Nantes, dans la région parisienne, ce qui ajoute du piment à une situation déjà quasi-insurrectionnelle. Ce qui est vrai, c'est que depuis plusieurs jours certains membres de la majorité ne couchent plus chez eux. Avec Marie nous décidons de nous joindre au cortège qui se rend à Charléty.
Le meeting de Charléty, le 27 mai 1968. Photo Elie Kagan. Coll. La Contemporaine
Dans la foule : Mendès-France. Le PC et la CGT ont refusé leur soutien. Dès la mise en place du cortège, au carrefour des Gobelins, il est évident pour les organisateurs que la manifestation rencontre un vrai succès populaire. Des drapeaux rouges et noirs flottent au-dessus de la foule. Le service d'ordre de l'UNEF nous encadre. A Charléty, nous nous installons dans les gradins. "Séguy démission". André Barjonet, en rupture de ban avec la centrale lance " La révolution est possible." Geismar annonce qu'il va donner sa démission du SNESUP pour se consacrer à ses tâches politiques. Pierre Mendès-France n'a pas pris la parole. Aux accents de l'Internationale nous quittons calmement le stade. La manif est un succès mais elle nous laisse sur notre faim. Le mouvement est frappé d'impuissance et ce n'est pas la prestation de Mitterrand le lendemain qui va nous ouvrir des perspectives. A sa conférence de presse, l'un des nôtres, lui a demandé s'il trouvait " exaltante la perspective de remplacer une équipe qui n'a plus d'autorité depuis dix jours, par une équipe qui n'a plus d'autorité depuis dix ans..." Le député de la Nièvre, pincé, répliquera " je me réserve de vous montrer que vous avez peut-être parlé bien tôt et avec quelque injustice..." La suite allait prouver que le vieux matou avait vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
« La Grève. Ces désœuvrés étaient là, silencieux, immobiles, attentifs comme l'est le peuple à la Grève, quand le bourreau tranche une tête »
Balzac, Peau chagrin, 1831, p. 7.
Place de Grève. [À Paris; devenue place de l'Hôtel de Ville] Place située en bordure de la Seine, où se faisaient les exécutions publique
L'exécution de Ravaillac - ©RijksmuseumL'exécution de Ravaillac - ©Rijksmuseum L'exécution de Ravaillac - ©Rijksmuseum L'exécution de Ravaillac - ©Rijksmuseum
Définition de Grève
La grève est la dénomination donnée à un mouvement collectif pris à l'initiative de tout ou partie du personnel d'une entreprise, destiné en général à contraindre l'employeur à la négociation des conditions de travail et de rémunération. La grève a cependant changé d'orientation et de modalité car, outre la protestation dont elle se veut être l'expression, elle peut aussi être décidée dans un but de solidarité avec d'autres entreprises même si les protestataires n'appartiennent pas au même employeur, pour exprimer la crainte d'une décision future ou dans un but politique. Elle est exercée tant par le personnel des entreprises privées que par les agents des services publics. Et, bien que le droit de grève ne soit pas reconnu à certains fonctionnaires, comme c'est le cas des magistrats et des militaires, des évènements récents ont montrés que cette interdiction n'était pas nécessairement suivie. Enfin, récemment encore elle a été exercée par les membres d'une profession libérale et même par les collégiens et les étudiants... .mais dans ce dernier cas, s'agit-il d'une grève ? L'exercice du droit de grève est garanti par l'alinéa 7 de la Constitution du 27 octobre 1946.
Pensez-donc même les avocats sont en grève, jamais en reste de grandiloquence ils s’adonnent au jeté de robes !
Un avocat peut-il jeter sa robe ?
Publié le 10/01/2020 -
François-Xavier Berger avocat au barreau de l’Aveyron, ancien bâtonnier
La robe n’est pas une simple blouse de travail.
Selon une superstition dont le barreau a parfois le secret, l’on dit qu’un avocat meurt dans sa troisième robe. Ceci conduit parfois certains d’entre-nous à porter une seconde robe, rapiécée, effilochée et qu’ils ne quitteront jamais du regard afin de ne surtout pas l’égarer. Quand la seconde robe est perdue la seule solution, pour les plus superstitieux, est de commander deux nouvelles robes et de ne porter que la quatrième.
Dans la vie d’un avocat sa première robe, celle qu’il va porter au moment de son serment, va être essayée avec la même délicatesse qu’une robe de mariée. Mais finalement ne va-t-il pas épouser une profession à l’égard de laquelle il va jurer d’exercer ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ?
Et puis rapidement le jeune avocat n’aura plus besoin de miroir pour la boutonner et mettre en place ce rabat blanc, lui-même curieusement fixé à l’intérieur de celle-ci.
Ce sera un réflexe.
Jamais il n’osera se présenter devant le juge sans cette robe. Et s’il doit le faire car il est en retard et que le juge appelle son affaire, il s’excusera d’être « nu », et s’attirera le regard sévère ou amusé de ses confrères jusqu’à ce l’un d’eux consente à lui en prêter une ou prenne la parole en son nom.
La robe, nous disent Jacques Hamelin et André Damien « sépare l’avocat de la vie quotidienne et du monde de tous les jours. Elle rappelle que la justice n’est pas seulement une affaire administrative, mais qu’elle est l’exercice d’un pouvoir mystérieux et antique qui consiste à essayer de distinguer le bien du mal et à sonder les reins et les cœurs… » (J. Hamelin, A. Damien, Les règles de la profession d’avocat, Dalloz, 8e édition, p. 313).
Ils ajoutent avec raison : « elle est une protection permanente de l’avocat ; en contraignant celui-ci à prendre, vis-à-vis de sa clientèle, le recul nécessaire, elle lui permet d’acquérir l’ascendant indispensable et l’autorité dont il a besoin à la barre vis-à-vis des magistrats et des clients ».
Parce que bien au-delà de son caractère sacré la robe reste et demeure une tenue de combat.
Elle peut l’être au civil, elle l’est toujours au pénal. La cour d’assises peut-être le théâtre de joutes loyales mais aussi d’incidents graves y compris avec un magistrat. Dans ces moments de tension extrême, la robe enveloppe l’avocat dans une armure.
Comme je ne possède aucune robe à jeter j’ai hésité entre la grève perlée et la grève sur le tas…
Une grève perlée est une succession concertée d'arrêts de travail de courte durée ou de ralentissements de l'activité d'une entreprise affectant sa production. Ce type d'action, qui n'est pas une grève au sens de la loi, est illégal en France.
Une grève du zèle consiste à exécuter le travail en appliquant à la lettre tous les règlements, afin d'en ralentir le plus possible l'exécution.
VRAI/FAUX : la grève perlée est illicite
Vrai, ce mouvement de grève ne répond pas à l'ensemble des conditions définissant la grève : c‘est un ralentissement et non un arrêt du travail. Or, une grève est une cessation collective, concertée et totale du travail en vue d'appuyer des revendications professionnelles. Pour être licite, la grève doit remplir plusieurs conditions. A défaut, l'employeur peut mettre en œuvre son pouvoir disciplinaire et sanctionner les salariés fautifs. La sanction peut aller jusqu'au licenciement.
Si j’ai choisi cette dernière c’est que :
- Je suis le Taulier de mon espace de liberté et je ne vais pas me licencier…
- C’est un ralentissement ça me laisse du champ pour décider la suite du mouvement.
Que sera, sera…
Qui sera saura
Demain n'est jamais bien loin
Laissons l'avenir, venir
Qui sera saura
Qui vivra, verra