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29 décembre 2019 7 29 /12 /décembre /2019 07:00

CHAP.15 opération Chartrons, «Les petits garçons de onze ou douze ans que je mets ici dans mon lit sont un piment rare.» Gabriel Matzneff.

À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l’heure du goûter. (…) De cette anormalité, j’ai fait en quelque sorte ma nouvelle identité. À l’inverse, quand personne ne s’étonne de ma situation, j’ai tout de même l’intuition que le monde autour de moi ne tourne pas rond. » Dans Le Consentement (Grasset), Vanessa Springora raconte tout, la rencontre avec G. en 1985, à l’âge de 13 ans, la fascination, l’amour qu’elle dit avoir éprouvé, l’emprise, la séparation, la chute, avec crises d’angoisse et épisode psychotique, puis les années pour s’en remettre. Il lui aura fallu trente ans pour livrer sa version de l’histoire. Jusque-là, en littérature, elle n’était que Vanessa, une des multiples conquêtes de « l’homme à la sortie du collège », un écrivain qui a eu son heure de gloire, mais que les moins de 50 ans ne connaissent guère : Gabriel Matzneff.

 

Dans le milieu littéraire, le personnage séduit. Petit-fils de Russes blancs à l’écriture classique, mâtinée de références grecques et latines, l’écrivain possède l’aura de l’homme cultivé qui ose briser les tabous, choquer le bourgeois. Un héritier de Gide, de Byron et de Casanova tout à la fois. En janvier 1977, il rédige une lettre ouverte publiée dans Le Monde demandant la relaxe de trois hommes incarcérés, accusés d’avoir eu des relations sexuelles avec des filles et des garçons de 13 et 14 ans. Tout Saint-Germain-des-Prés signe : Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Gilles Deleuze, Guy Hocquenghem, Louis Aragon, Roland Barthes, Philippe Sollers, Jack Lang… L’heure est à la liberté des mœurs, il faut extraire l’enfant du carcan familial, l’aider à s’épanouir. Dans les milieux intellectuels et artistiques, défendre la cause pédophile et militer pour l’abrogation de la majorité sexuelle fixée à 15 ans, est un combat d’avant-garde. À cette même époque, la photographe Irina Ionesco fait des portraits érotiques de sa fille, Eva, dès ses 4 ans, et David Hamilton (accusé plus tard de viols sur mineures) repère ses jeunes modèles sur les plages du Cap d’Agde.

 

Josyane Savigneau ferait mieux de fermer son claquet :

 

« Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-#metoo, le malaise Gabriel Matzneff — via @lemondefr. ⁦@ChristinaStirka⁩. La chasse aux sorcières continue. Et Denise Bombardier devient une référence. Qq résistants qd même

 

Me Morain dans un Tweet remet les pendules à l’heure :

 

C'est drôle cette histoire des temps qui auraient changé, ou de la théorie du "contexte" : quelles étaient les lois en vigueur à l'époque ?

 

Quel était ce corpus qui s'impose à tous, puissants comme misérables, esthètes proclamés comme pédophiles ?

 

Et bien c'était les mêmes.

 

Dans Le Monde du 30 mars 1990, Josyane Savigneau encense l’écrivain, qui « ne viole personne », et tacle la Canadienne : « Denise Bombardier a eu la sottise d’appeler quasiment à l’arrestation de Matzneff, au nom des “jeunes filles flétries” par lui… Découvrir en 1990 que des jeunes filles de 15 et 16 ans font l’amour à des hommes de trente ans de plus qu’elles, la belle affaire ! [ni l’ex-responsable du Monde des livres, ni Philippe Sollers n’ont souhaité nous parler] ». Dans Le Nouvel Observateur, Guy Sitbon est un des rares à écrire un article au vitriol contre l’écrivain « qui ne recule devant aucune goujaterie ».

 

Des années plus tard, le 18 mars 1999, à l’occasion de la critique d’un livre, le chroniqueur Pierre Marcelle pourfendra encore, dans Libération, les « glapissements torquemadesques » de la journaliste (en référence au grand inquisiteur espagnol Tomás de Torquemada) et écrira que « déjà Christine Boutin pointait sous Bombardier ».

 

« Je me suis fait traiter de mégère et de mal-baisée, raconte celle-ci. Matzneff était protégé par une partie du milieu littéraire et des médias, complètement complaisants à son égard. Ils ont justifié l’injustifiable au nom de la littérature. »

 

Aujourd’hui, Vanessa Springora s’étonne aussi de l’impunité des artistes. « Tout autre individu, qui (…) se vanterait de sa collection de maîtresses de 14 ans, aurait affaire à la justice », écrit-elle dans son récit.

 

Ex-directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert n’a voté pour Matzneff qu’au second tour. « C’est un excellent écrivain, dont j’aime certains livres, d’autres pas du tout, précise-t-il. J’exècre la pédophilie, mais je déteste aussi la police de la maréchaussée. Les gens cloués au pilori ont toujours ma sympathie. »

 

Les médias qui le soutiennent s’amusent de son côté « politiquement incorrect ». Ses relations sexuelles avec des mineurs sont, pour eux, une histoire ancienne. D’ailleurs, dans ses derniers tomes de journaux, ses amantes ont passé les 18 ans. Et puis l’écrivain a d’autres sujets de prédilection : la Russie, la religion, la politique… La politique, c’est compliqué. Tendance réac, proche du penseur de la nouvelle droite, Alain de Benoist, Matzneff a voté Mélenchon en 2017. La chaîne Russia Today l’invite parfois, tout comme la très à droite Radio Courtoisie. Depuis 2013, il tient une chronique irrégulière sur le site du Point. « Il écrit sur tout et n’importe quoi avec un talent fou, se réjouit le directeur de l’hebdomadaire, Étienne Gernelle. Il dit le contraire de ce qu’il y a dans beaucoup de journaux, ça détonne. Sur les réseaux sociaux, je me fais parfois interpeller pour le virer. Notre philosophie est claire : plus on nous demande de virer quelqu’un, moins on le fera. C’est une question de liberté d’expression. »

 

Dans sa maison de la côte basque, à Guéthary, Frédéric Beigbeder est plus courageux. Il ne nous fait pas croire qu’il est parti faire du surf, mais se noie un peu dans ses hésitations. « Un nouveau tribunal va se mettre en place, comme pour Polanski, soupire-t-il. C’est une époque qui en juge une autre, mais les temps ont changé… Tout le milieu littéraire a peur. » Revoterait-il aujourd’hui pour le Renaudot ? « Je ne sais pas… C’est un auteur que j’aime beaucoup. Nous ne sommes ni flics ni juges, juste des personnes qui aiment la littérature. C’est triste si quelqu’un a souffert, c’est très triste… Mais quand on juge une œuvre d’art, il ne faut pas avoir de critères moraux. Je ne sais pas quoi dire de plus… C’est terminé pour lui, il est devenu indéfendable. Je ne serais pas étonné qu’il se suicide, il a tellement écrit sur le suicide. » Le lendemain, il envoie un message : « Pourriez-vous écrire qu’il est mon ami et le restera quoi qu’il advienne. »

6 décembre 2015

CHAP.15 opération Chartrons, «Les petits garçons de onze ou douze ans que je mets ici dans mon lit sont un piment rare.» Gabriel Matzneff.

Matzneff ensuite, l’ignoble, qui évoquait dans son journal des années 1983-84 «un joli gamin, pétillant de malice, parlant un bon anglais, écolier bien propre, treize ans», qu’il rencontra en Asie: «Il n’a pas voulu que je le baise, mais il m’a sucé à merveille et m’a fait jouir.» il pérore :

 

 

« À part le pape de Rome et le patriarche de Moscou, qui, en Europe, fait appel aux forces de l'Esprit, invite les gens à la transcendance ? Personne. En tout cas, personne en France où les responsables politiques pleurnichent contre la montée de l'islamisme, mais leur unique réponse, pour endiguer cette montée, est d'interdire les crèches de Noël dans les mairies. Bientôt, j'en fais le pari, la passionnante fête de la Nativité, du mystère de l'incarnation, du Verbe qui se fait Chair, du Christ Dieu et homme, sera, comme en Union soviétique à l'époque de la persécution antichrétienne, remplacée par une fête du Bonhomme Hiver, Diadia Moroz, mouture léniniste du père Noël. »

 

Matzneff le compagnon de libation de Jean-Marie Le Pen : 

 

« Je me souviens d'une de nos soirées à l'époque du traité de Maastricht. Les propos que nous tint Jean-Marie Le Pen étaient la raison même, la justesse même, l'avenir allait nous le prouver, et ce soir-là je pris conscience à quel point était absurde l'image d'excité extrémiste que la presse purée de droite et de gauche s'appliquait à donner de lui.

 

Dans la vie française, en littérature comme en politique, il y a les gens qui sont blanc-bleu, les bien-pensants, les vertueux ; et puis il y a les sulfureux, les infréquentables. Jean-Marie Le Pen fait partie de ces derniers. Même si je n'avais pas déjà des raisons personnelles d'avoir de l'amitié pour cet homme, son éternel statut d'excommunié suffirait à me donner l'envie de le défendre, et quand il a raison (en ce moment sur la Russie, par exemple), de l'applaudir. »

 

Matzneff qui ironise dans le POINT sur « La médiocrité de cette « génération Bataclan » 

 

La suite ICI 

 

« Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-#metoo, le malaise Gabriel Matzneff

La parution du livre « Le Consentement » crée une secousse dans le monde littéraire. L’auteure Vanessa Springora y raconte sa relation traumatisante, à 14 ans, avec cet homme de trente-six ans son aîné, écrivain aux pratiques pédophiles assumées.

Par   Publié le 23 décembre 2019 ICI 

L’écrivain Gabriel Matzneff rattrapé par son passé

Dans Le Consentement, l’éditrice Vanessa Springora décrit comment, à 14 ans, elle est tombée sous le charme d’un prédateur, habile à piéger ses proies, l’écrivain Gabriel Matzneff. Drapé dans le prestige de l’auteur aux nobles sentiments, il a pu agir en toute impunité grâce à de nombreux soutiens intellectuels.

  • Jean-Claude Raspiengeas

Par Vincy Thomas, avec AFP, Bibliobs, le 26.12.2019 à 18h05 (mis à jour le 26.12.2019 à 19h01)#METOO

Vanessa Springora: "J’ai mis beaucoup de temps à me considérer comme une victime."

 

Dans un entretien à Bibliobs, l'auteure du Consentement, à paraître chez Grasset le 2 janvier, et nouvelle directrice de Julliard, explique pourquoi elle a enfin décidé de raconter sa version de l'histoire qui la liat à Gabriel Matzneff, alors qu'elle n'avait que 14 ans.

La parution du premier roman de Vanessa Springora, nouvelle directrice des éditions Julliard, provoque un séisme dans le secteur du livre. Le consentement, qui paraît la semaine prochaine chez Grasset, donne le point de vue de l’auteure sur une affaire pourtant connue et déjà écrite. Sur 200 pages comment elle a été séduite à 14 ans par le presque quinquagénaire (elle le nomme G.) au milieu des années 1980. 

Sans acrimonie, ni victimisation, Vanessa Springora évoque l'ambivalence d'une époque (où la libération sexuelle flirte avec la défense de la pédophilie), la fascination exercée par l'écrivain sur le milieu littéraire, ses proches et elle-même, puis le poids de cette histoire sur sa vie, ponctuée de dépressions. Mais elle donne surtout sa version des faits dans sa relation avec Gabriel Matzneff.

Le goût de Gabriel Matzneff pour "les moins de seize ans" est au cœur de son œuvre mais jamais l'une des adolescentes séduites par le sulfureux écrivain n'avait pris la parole: elle  décrit une relation sous emprise, qui se poursuit sur le terrain littéraire: l'écrivain écrit beaucoup et couche sur le papier ses conquêtes et aventures sexuelles, y compris avec des garçonnets lors de voyages en Asie. « Comme si son passage dans mon existence ne m'avait pas suffisamment dévastée, il faut maintenant qu'il documente, qu'il falsifie, qu'il enregistre et qu'il grave pour toujours ses méfaits », décrypte Vanessa Springora.

Réappropriation de l'histoire la suite ICI 
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commentaires

J
Les années rose-bonbon...<br /> http://twitter.com/jackeroual/status/1210889696479457280
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A
Je me souviens quand G.M. se promenait avec Mme O. Guichard, à côté de Ker Olivier. J'avais fait entrer les enfants. <br /> Quand quelqu'un écrira-t-il sur les camps et colos d'après 68 ? ça les a tuées !<br /> " Je fais confiance en la justice de mon pays ", un beau sujet de dissert
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P
J'ai été, un temps séduit par certains jeunes ouvrages de G.M dont le coté dandy, retenait l'attention. Il avait en Roland Jaccard, un compagnon de route ( et copain de drague à la piscine Deligny) affichant un nihilisme de surface pour Matzneff qui a toujours été un poseur de qualité mais poseur. Nihilisme plus profond pour Jaccard puisant aux sources de Cioran maître en la matière. C’est en cela qu’ils était intéressants . Ils se sont assez rapidement brouillés. Et alors que j’avais depuis longtemps délaissé G.M qui devenait lourd et lassant avec ces répétitions maniaques de bougreries qui n’amusaient que lui ou comme disait Jean Jacques Rousseau les amateurs de ces livres qu’on ne peut lire que d’une main.<br /> Je suis resté fidèle à Roland Jaccard dont les ouvrages sont , à la Cioran, sans illusion et à l’auto dérision et/ou l’auto dénigrement, plein d’ironie amère mais aussi d’humour noir parfois.<br /> On peut écrire des grivoiseries mais encore faut il avoir un réel talent comme Pierre Louÿs (connu pour son célèbre « La femme et le pantin » ) dans son roman « Trois fille de leur mère »<br /> Pour l’autre pitoyable qui se gargarise de ses ignominies content de la gloire frelatée que ce lui apporte, il mérite ce qu’enfin, il lui arrive.<br /> Dans un autre genre cela me rappel le sort de François-Marie Banier , artiste polymorphe, adulé et supporté, très tôt par une certaine intelligentsia parisienne allant d’Aragon à Mauriac en passant par Dali et Paul Morand sans parler de tous ses mécènes qui lui permirent d’être la coqueluche du « tout Paris » et de la «Jet - set » internationale. La chute fut rude quand ses turpitudes furent exposées en place public à l’occasion de « l’affaire Bettencourt »<br /> Toujours dans un autre domaine on peut se souvenir de la durée de l’imposture de Madoff et son fameux « Midas touch » Se souvenir et s’ étonner de la crédulité de beaucoup et de se besoin de croire n’importe quoi mais à condition que cela soit tous en chœur.
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