Les studios photos c’est fini maintenant c’est selfie posté sur Face de bouc.
Le premier accroc au studio photos fut le photomaton pour se tirer le portrait afin d’orner d’une photo d’identité sa carte d’identité, son passeport, sa carte orange, sa carte vitale…
Puis vint la Bérézina : le numérique tua l’argentique, Kodak y laissa sa peau.
Enfin, le smartphone oublia qu’il était un téléphone…
Les mémoires, les cloud sont bourrés de photos…
Reste tout de même les photographes scolaires avec tirage papier pour faire plaisir aux papys-mamys, ceux qui font les mariages : l’album que les heureux époux s’empresseront d’oublier avant de divorcer…
À la Mothe-Achard, tout près de la pharmacie Denis, le studio photos était tenu par Mr Neau mais chez les Berthomeau on ne fréquentait que le studio Ferlicot à la Roche-sur-Yon. Aux dires de ma mère ce dernier était un artiste alors que le père Neau, avec sa blouse grise, avait tout du besogneux. Toute charité chrétienne mise à part elle n’avait pas tort vu la qualité des photos affichées dans la devanture du père Neau : mention spéciale pour les mariés…
Face à ce désintérêt, la fille du père Neau me tirait la gueule mais ça ne me dérangeait guère, la charité chrétienne, dont j’étais et je suis dépourvu, m’interdit de vous dire pourquoi.
Le gros appareil à plaques sur son trépied, la grande bâche noire sous laquelle le photographe mettait au point, la poire, souriez le petit oiseau va sortir, on ne disait pas alors cheese dans nos contrées reculées.
Papa avait un Kodak à soufflet.
J’ai un carton plein de photos, de Ferlicot, de papa, des photos de classe, moi en communiant… mes parents jeunes et beaux…
L’idée de cette chronique m’est venue à la lecture, façon de parler, d’un livre consacré à Kasimir Zgorecki photographe polonais, opérant à Rouvroy dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.
« Kasimir Zgorecki n’est pas un artiste. Il fait partie de ces milliers de photographes dans le monde qui ont œuvré dans leur quartier, dans leur commune. Ils ont photographié les grandes étapes de l’existence des habitants : les baptêmes, les communions, le service militaire, le mariage et tous les petits événements qui font la vie des localités. »
« L’entrée de l’immeuble se faisait par un magasin, avec ses vitrines et son large comptoir. Derrière celui-ci et sur tout le rez-de-chaussée s’étendait un vaste espace de prises de vues pouvant accueillir un mariage et son cortège. Il y avait du matériel photographique professionnel : des flashs électroniques des années 1970, des trépieds et appareils de différents formats. Dans le fond du studio, une porte donnait sur un laboratoire pour le traitement de l’argentique noir et blanc, avec le matériel pour un travail de développement et de tirage artisanal : chambre noire avec agrandisseurs, des bacs de plusieurs formats, une pièce humide avec un large évier pour le lavage des épreuves, de quoi sécher et aplatir le papier… »
Frédéric Lefever
KASIMIR ZGORECKI
LOUVRE-LENS
En écho à l’exposition Pologne, le Louvre-Lens présente au Pavillon de verre une exposition consacrée au photographe Kasimir Zgorecki (1904-1980), qui s’est attaché à mettre en lumière la vie des travailleurs émigrés polonais au début du 20ème siècle.
En septembre 1919, au lendemain de la signature d’une convention entre la France et la Pologne, de nombreux travailleurs polonais arrivent dans le bassin minier du nord de la France. Kasimir Zgorecki fait partie de cette diaspora polonaise. Chaudronnier de formation, il ne travaille que six mois dans les mines, avant de se tourner vers la photographie professionnelle. En 1924, il reprend l’atelier-librairie de son beau-frère photographe, qui l’initie aux rudiments de la technique. Durant la période d’entre-deux-guerres, l’activité de Kasimir Zgorecki connait une ascension fulgurante et une période particulièrement intense. Il se plait à portraiturer les émigrés polonais partis loin de leur pays, en gardant trace de leur histoire intime, en immortalisant leur réussite personnelle, en rendant palpable leur existence et en révélant leur quotidien à la fois sobre et touchant.
L’exposition présente une centaine de photographies en noir et blanc – tirages modernes, tirages techniques et originaux réalisés par l’artiste. Ils viennent témoigner de la vie de cette communauté polonaise émigrée, soucieuse à la fois de montrer ses capacités d’intégration et de réussite, et de garder vivantes ses traditions.
Maintenant ce n’est plus qu’un clic.
Instantanéité !
Qu’avons-nous gagné ?
Du temps !