« C’était un géant au regard triste. Du haut de sa stature imposante, Ernest J. Gaines remplissait l’espace de ce regard, un regard qui laissait deviner l’enfant qu’il avait été »
Liana Levi, son éditrice en France ICI
L’écrivain Ernest J. Gaines est décédé le 5 novembre 2019 à l'âge de 86 ans. Né en 1933 à Baton Rouge dans une plantation de Louisiane, jeune il commence par rédiger les lettres des anciens, traduisant en mots ce qu’ils ne savent exprimer. « D’une certaine manière, c’est là que tout est né, je continue à écrire leurs lettres ».
À l’âge de quinze ans Ernest quitte la Louisiane pour la Californie. Au cours de ses études, il lit les œuvres des grands auteurs, les nouvelles de Maupassant, les classiques russes, mais regrette que « son monde » n’y figure pas. Alors il décide donc d'écrire pour parler au nom de ceux qui ne peuvent pas.
« Je suis né un dimanche pendant la saison de la canne à sucre, et ma mère est repartie aux champs deux ou trois jours après ma naissance. Ces hommes et ces femmes du sud sont les héros de ma vie : qu’ils aient survécu avec tant de dignité, voilà ce que je cherche à rendre. »
À l’âge de neuf ans, Ernest Gaines, ramassait des pommes de terre pour cinquante centimes de dollars par jour.
« Parmi les récits les plus marquants d'Ernest Gaines figurent Colère en Louisiane, publié en 1983 et adapté au cinéma quatre ans plus tard, ainsi que Dites-leur que je suis un homme. Ce roman plus engagé, écrit en sept ans, dénonce les inégalités de traitement entre Noirs et Blancs par le prisme d’un jeune Noir illettré, accusé à tort du meurtre d’un Blanc dans la Louisiane des années 1940. En 1993, il sera couronné par un National Book Critics Circle Award.
« Militant, Gaines écrit en 1988 une lettre ouverte avec 48 écrivains Noirs, dont Maya Angelou et Alice Walker, pour réclamer une distinction nationale pour l’œuvre de Toni Morrison. La même année, cette dernière obtiendra un prix Pulitzer pour Beloved. Ernest Gaines, lui, sera nominé pour le prix Nobel de littérature en 2004.
Il a publié huit romans et plusieurs nouvelles, disponible en France chez Liana Levi traduit par Michelle Herpe-Voslinsky.
Surnommé le « Faulkner noir », le romancier décrivait comme nulle autre le Sud d’avant le combat pour les droits civiques. Il est mort, dans sa ville natale de Louisiane, à l’âge de 86 ans.