Le 8 novembre, j’achète Camp de Rivesaltes, lieu de souffrance, un livre de FLORE et j’apprends que Lucette Destouches, veuve de Céline, est morte.
Rien à voir, si la mémoire, ceux qui tenaient le cap du souvenir ont perdu leur boussole, lors la manifestation dites « contre l’islamophobie » on a affublé une fillette de l’étoile jaune, Mélenchon et ses sicaires, les derniers déchets du PCF et de la CGT, le petit facteur de Neuilly trouvent ça républicains de défiler avec des gens qui n’obéissent qu’à Dieu. Pauvre petit père Combes.
- Elle était la veuve la plus célèbre de la scène littéraire française. Près de soixante ans après l’écrivain LouisFerdinand Céline, qu’elle avait épousé en 1943, la danseuse Lucette Destouches est morte à l’âge de 107 ans. ICI
- « La France tarde toujours à régler ses comptes historiques, d’autant que depuis quelques années des voix des droites extrêmes, déculpabilisées, tentent de nous faire croire que ces retours sur le passé sont inutiles et vains. Toutes les tentatives artistiques pour réveiller ou révéler ces lieux marqués par l’histoire et gagnés par l‘oubli sont donc salutaires. C’est le cas du livre publié par André Frère « Camp de Rivesaltes Lieu de souffrance » réunissant les photographies de Flore et un texte scientifique ». ICI
« L’histoire du camp de Rivesaltes commence en 1938, date à laquelle il est construit sous le nom de « Camp Joffre », avec pour mission première le transit des troupes coloniales ; il est donc conçu comme un camp militaire. Ce site est situé sur un plateau offrant des conditions extrêmes, avec l’hiver un froid insoutenable et l’été une chaleur dense. Il était prévu dans un premier temps, que l’armée se servirait de ce site pour y installer des écuries, mais les conditions climatiques étant redoutables, le projet est abandonné, considérant le climat trop difficile pour les chevaux. Cependant l’état n’hésitera pas à y installer des hommes. »
- L’arrivée des espagnols
En 1939 a lieu « la Retirada », ce phénomène correspond à l’exode massif des républicains espagnols face aux troupes de Franco. Quelques 70 000 espagnols avaient déjà trouvé refuge en France durant les années 1937-1938, le gouvernement français s’attendait pour 1939 à devoir accueillir 15000 réfugiés supplémentaires. Toutefois ce sont plus de 450 000 réfugiés qui passent la frontière et s’entassent dans des camps de fortune dans le sud de la France. Dans un premier temps ils furent concentrés sur les plages du Roussillon dans des tentes de fortune à même le sable. Puis le général Ménard est chargé d’organiser une politique de désenclavement en créant un réseau de camps. Ils seront spécialisés, par exemple Bram dans l’Aude devait accueillir les vieillards, Gurs devait accueillir les basques, et Rivesaltes et Agde devaient accueillir les catalans. C’est à ce moment-là qu’est émis le projet de transférer 15 000 espagnols au camp de Rivesaltes. Finalement ce sont « seulement » un millier de jeunes hommes qui vont y être transférés. Ils sont placés sous l’autorité militaire dans des compagnies de travailleurs étrangers.
- Le début de la concentration raciale
Le 10 décembre 1940, l’armée française met à disposition 600 hectares au sud du camp militaire afin de créer un camp de civil pour y rassembler les familles juives de nationalité étrangère. L’aménagement du camp est réalisé dans des conditions épouvantables par des ouvriers espagnols, qui sont affamés. Le camp est prévu selon les autorités pour 17 000 « hébergés », or il se compose de 150 baraquements pouvant contenir chacun 70 personnes, ce qui constitue une capacité maximale de 10 500 individus. De plus la disposition des bâtiments posait problème car c’était un très grande surface (4km par 3), cela imposait donc des déplacements longs et difficiles ainsi que des problèmes de surveillance. Les premières familles arrivent le 14 janvier 1941, et dès le 31 mai de la même année, le camp compte 6475 internés.
Ce camp devait permettre de rassembler les familles de juifs étrangers, en réalité bien que les familles soient réunies au sein du même camp, elles sont séparées, en effet des baraquements sont prévus pour les hommes et d’autres pour les femmes. Dans un entretien réalisé par la fondation pour la mémoire de la Shoah et l’INA (1), Alexandre Halaunbrenner qui a été interné à Rivesaltes, alors qu’il était enfant avec ses deux sœurs, son frère et sa mère, témoigne de cette séparation, il raconte qu’il était avec son frère dans un baraquement pour hommes et que sa mère était avec ses deux sœurs dans un baraquement pour femmes.
En Mai 1941 le camp compte 16 nationalités différentes parmi les internés : plus de la moitié sont espagnoles, les juifs étrangers représentent une grande partie aussi, ainsi que les tsiganes. En effet avec la victoire en 1940 de l’Allemagne, une partie de la France est occupée et s’installe alors le gouvernement de collaboration de Vichy. Les juifs étrangers, dans un premier temps, sont centralisés dans des camps. Il était gardé par des mobiles français ce qui permettait une certaine « souplesse ». Benjamin Silberberg raconte dans son témoignage qu’il a pu rentrer dans le camp pour retrouver sa mère et son frère, le gardien l’avait laissé rentrer et ressortir avant la relève de la garde, tout en lui déconseillant de rester dans ce camp. Cette « désobéissance » de la part des mobiles français apparait aussi dans le témoignage d’Isaac Borne qui s’était évadé en 1942 du camp par des barbelés. Il dit : « C’était gardé par des gardes mobiles français, ce n’était pas … Il y avait une possibilité de partir ».
Ces témoignages ainsi que les archives étudiées par les historiens confirment les conditions déplorables de vie dans ce camp. En effet la faim règne, les portions sont très maigres et insuffisantes. Le ravitaillement est trop faible par rapport aux besoins. De plus l’eau est constamment infectée. Le 31 aout 1941 le docteur Weill présenta un rapport de la commission pour l’hygiène dans lequel il s’inquiétait de la pollution des eaux. Il soulève aussi le problème des WC, qui sont à tinettes et en plein milieu des îlots. Certains témoignages parlent de « millions de puces » et de présence de rats. Les conditions climatiques sont insupportables, la tramontane souffle très fort sur le plateau qui accueille le site du camp.
Rappelons que l’administration militaire avait renoncé à y installer des chevaux pour ces raisons climatiques. Alexandre Halaubrenner se souvient dans son témoignage de ce vent, et raconte qu’il fallait raser les murs pour pouvoir avancer. Les bâtiments (hormis la pouponnière et les bureaux) n’étaient bien évidemment pas chauffés. Par ailleurs, dans un rapport demandé au médecin chef responsable, il indique que l’accueil des enfants dans ce camp est « formellement contre-indiqué », or des enfants y seront internés par milliers y compris des nouveau-nés. Des écoles sont installées dans le camp et accueillent les enfants dans 17 classes. Ces écoles ont pour vocation d’occuper les enfants pour faciliter le bon fonctionnement du camp.
En 1942 le camp de Rivesaltes devient le Centre régional de rassemblement des Israélites. Ordre est donné de rassembler tous les juifs de la zone sud dans ce camp afin de les envoyer à Drancy, d’où ils partiront vers Auschwitz. Les convois partent tous les 15 jours. Finalement dans le cadre de l’invasion des troupes allemandes de la zone libre, les allemands s’installent au camp Joffre jusqu’à la fin de la guerre et le camp d’hébergement est fermé en Novembre 1942.
- Le Camp après-guerre
En 1944, la partie militaire du camp reprend sa vocation première, mais dans la partie civile un camp de séjour surveillé est mis en place pour les prisonniers de guerre allemands et italiens, ainsi que pour les collaborateurs de l’occupant. Toutefois la présence des espagnols est encore à noter dans cette période de l‘histoire du camp. En effet des espagnols y sont internés pour passage clandestin de la frontière. Ils sont, comme avant-guerre, utilisés comme main d’œuvre gratuite afin de travailler aux travaux nécessaires pour la sécurisation du site. Cependant l’état du site est jugé déplorable et la sécurisation n’est pas assez efficace. Le camp devait devenir le Centre administratif des épurés du Sud mais cela ne se fit pas.
En 1945 avec l’arrêt du conflit mondial, le camp est quasiment vidé, il ne reste en 1945 que 26 internés tous espagnols. La reconversion du camp est alors mise en question, les autorités françaises prédisent la chute du franquisme et alors une « retirada » d’un autre genre : des partisans de Franco. L’avenir du camp est alors envisagé comme réponse à cette éventualité, toutefois il n’en est rien et ce projet est abandonné. La dissolution du centre est proclamée le 10 décembre 1945 et sa liquidation est achevée en octobre 1946.
Plusieurs projets sont évoqués sur le devenir du camp, finalement en 1947, un centre de formation professionnelle accélérée pour les ouvriers du bâtiment des Pyrénées Orientales est créé sur le site. Il est destiné finalement aux Nord Africains, ce qui crée des tensions avec les populations alentours sur fond de guerre d’Algérie. Pour équilibrer la chose, la moitié de l’effectif est destiné aux métropolitains. La partie militaire du camp accueille des troupes en partance pour la guerre d’Algérie.
En 1957, l’état envisage de créer un camp d’internement sur le site pour répondre aux besoins qu’engendre la guerre d’ Algérie, le projet ne va aboutir car il comporte déjà le centre de formation déjà évoqué, mais aussi un lieu de transit pour les troupes en partance pour l’Algérie ainsi qu’un centre de formation militaire pour les nord-africains. Si le camp d’internement n’est pas créé, il est toutefois créé un centre pénitentiaire dont 92% des prisonniers sont des « français musulmans ». Une note de la direction de la sureté nationale indique par ailleurs que ce centre pénitentiaire est destiné aux « nord africains condamnés pour activités antinationales ».
Avec l’indépendance de l’Algérie en 1962, et dans un contexte de violence, près de 90 000 personnes trouvent refuge en France. Un groupe social apparait alors : les “Harkis”. Les pouvoirs publics mettent en place des camps de transit, qui sont vite surpeuplés. Et c’est en 1962, avec le rapatriement du premier régiment de tirailleurs algériens, que les civils réintègrent le camp. En effet certains tirailleurs arrivent avec leurs familles. En octobre 1962, environ 8000 “Harkis” séjournent au camp de Rivesaltes. Ils sont souvent là pour très peu de temps, avant d’être redéployés sur tout le territoire, mais les derniers ne quitteront le camp qu’en 1977. Plus de 20 000 personnes transiteront par le camp de Rivesaltes. D’autres nationalités vont passer par ce camp comme d’anciens militaires guinéens et leur famille.
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