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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 06:00

 

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Qui a tué Félix Potin ?

 

Cependant je verse 2 pièces au dossier pour vous éclairer :

 

- Félix Potin, on en revient par Delanglade Sabine, 22/06/1995

 

« Si les «Potin» s'essoufflent, c'est parce qu'ils ne sont plus motivés.

 

De quoi faire se retourner le grand Félix dans sa tombe, ce monument du kitsch à visiter d'urgence, édifié à sa gloire au cimetière du Père-Lachaise. Lui qui vécut l'épicerie comme un combat pour la morale, qui choisit ce métier, dénigré - être né homme et mourir épicier, se moquait-on alors - comme on embrasse une carrière. Car à l'époque - 1844 - où Félix se lance, entrer dans une épicerie c'est comme visiter la forêt de Bondy. Un sou par livre aux domestiques qui fermaient les yeux sur les huit kilos de saindoux payés dix. Les pains de sucre ne pesaient jamais leur poids, le café s'allongeait de chicorée, et le sucre pilé de farine. Bref, Félix, en vendant à «bon poids et bon prix», bâtit vite sa réputation. Sa première échoppe, rue Coquenard, n'était pas terrible: «Des chapelets de harengs saurs pendaient aux poutrelles du fond, les objets étaient enveloppés à la hâte dans des feuilles de papier grossier», racontera «Le Temps». Mais Potin ne s'arrête pas là.

 

Ce Boucicaut de l'épicerie ouvre en 1868, sur le boulevard Sébastopol, son premier grand magasin. Avec son usine de la Villette - casserie de sucre, écosseuse automatique de petits pois - il est le premier commerçant à fabriquer ses produits. Son usine à vapeur chaque jour crache 20 tonnes de sucre, 7 de chocolat. Sans compter le pruneau cultivé à Miramont, ou le champagne vinifié à Epernay (le «malakoff»). En Tunisie, Potinville s'étend sur 3 000 hectares, dont 450 de vignobles. Mais la vraie gloire, Félix la rencontre durant le siège de Paris. Dès novembre 1870, les marmites dégagent des fumets de chien et de chat, et on se contente de «rat goût de mouton». Les épiciers cachent leurs stocks et font valser les étiquettes. Pas Félix, qui maintient des prix sages mais organise un rationnement aux portes de ses magasins.

 

«Le premier épicier de Paris», encensé par les journaux, achète pour 27 000 francs Castor, un des deux éléphants du Jardin d'Acclimatation, et le débite en tranches dans ses magasins. A sa mort, en 1871, il est riche et célèbre. «M. Potin laisse 6 millions de fortune. Ne plus dire la corne, mais le cornet d'abondance», ironise «Le Charivari». Ses héritiers perpétuent son oeuvre sans faiblir, car tous les jours il faut se battre contre deux jeunes qui montent: Julien Damoy et Ernest Olida. Alors, ils inventent tout. Le prix d'appel: on vend le sucre à prix coûtant. La livraison à domicile: 650 chevaux piaffent à la porte des magasins. La franchise: aux commis qui épousent des caissières on confie des concessions en province. Le rayon traiteur: cela s'appelle «service de cuisine pour la ville» et comprend même «les cuivres et les tapis».

 

Les cinq grands magasins parisiens sont de véritables «caravansérails», selon l'expression de l'historien Jean-Philippe Camborde. Celui de la rue de Rennes, inauguré en 1904 (qui abrite le magasin Tati et le journal «Le Point»), est un monument. Dix étages, celui de la boucherie, de la poissonnerie, de la charcuterie, marbres, sculptures, vitraux, tapis roulant, salon de thé, 400 commis en rang d'oignons, devant la porte, on donne dans le grandiose et les Potin font fortune.

 

Jacques Potin, aujourd'hui, n'en finit pas de s'étendre sur les fastes passés. Sur cette propriété magnifique à Bagatelle, qui sera vendue, en 1930, 28 millions de l'époque, pour boucher le trou creusé par un directeur indélicat. Restaient tout de même château, hôtel particulier avenue Foch - «Je rencontrais Gaston Doumergue en sortant le matin» - yacht, etc.

 

Entre les deux guerres, le groupe change d'aspect, car le goût revient, pour l'alimentation, au commerce de proximité. Potin essaime donc ses boutiques dans Paris et doit se battre contre les magasins à prix unique qui viennent de naître. Mais Félix n'est plus là et Potin n'a plus la baraka. Lorsque Jean Potin meurt après la guerre, sa femme reprend la direction. Un peu dépassée, elle s'intéresse surtout à la carrière de son protégé, le patineur Alain Calmat : pour fêter sa victoire aux championnats du monde, elle lui offre une Maserati, et un manteau de vison pour sa mère. «Lorsque par hasard je me suis aperçu - ma mère ne buvait que de la Badoit - qu'elle ne sélectionnait pour les magasins que les vins qui se mariaient bien avec cette eau minérale, j'ai compris que c'était fini», raconte aujourd'hui Jacques Potin.

 

Résultat: en 1958, l'entreprise est cédée pour une misère, 5 millions de francs. Une quarantaine de petits magasins qui ne valent plus grand-chose. Mais les grands immeubles - boulevard Sébastopol, rue de Rennes, boulevard Malesherbes, rue du Faubourg-Saint-Antoine - les grands caravansérails du passé font de cette vente une excellente affaire pour l'acheteur, André Mentzelopoulos.

 

Celui-ci, d'ailleurs, scinde l'activité: commerce d'un côté, immobilier de l'autre. Certes, il s'efforce de les faire progresser tous deux. Côté commerce, Primistères, La Parisienne, Paris Médoc, Radar rejoindront tour à tour Félix Potin, qui, au début des années 80, compte plus de 1 000 magasins. «Le chiffre d'affaires était de 4,5 milliards, mais l'arrivée des grandes surfaces a tué la rentabilité», note Jacques Vincent, qui présidait alors la société.

 

Après la mort de Mentzelopoulos, les magasins seront donc vendus par ses héritiers, qui conservent les pépites du groupe: les vignobles de Château-Margaux et le patrimoine immobilier hérité de Potin, mais plus que décuplé par Mentzelopoulos. Tous les samedis, il sillonnait Paris en taxi et il flairait: «Il avait le génie des bons emplacements», s'extasie le promoteur Claude Heurteux. En revanche, pour l'épicerie, c'est la dégringolade.

 

Peu à peu dépecée par ses repreneurs successifs, l'homme d'affaires marocain Daniel Amar, Gaith Pharaon, qui sera impliqué dans le scandale de la BCCI, Castel, le propriétaire de Nicolas, et enfin depuis 1992 Louis et Fabien Saier. Les deux hommes d'affaires vont porter l'estocade alors que déjà il ne reste plus que 600 magasins, la plupart petits et mal entretenus. «Comment en deux ans casser cent cinquante ans de savoir-faire», ironise le comité d'entreprise. Les Saier roulent en Rolls, se montrent à Deauville, habitent Neuilly et possèdent des vignobles de renom. Mais leur situation financière semble moins brillante que leur train de vie. La vente de 200 magasins entre 1992 et 1994 n'a pas permis, tant s'en faut, d'effacer une dette de plusieurs centaines de millions. Et la situation ne cesse de s'aggraver. Plus de 30 millions de pertes en 1994. «Pour se payer sur la bête, les Saier ont fait valser les étiquettes. Exactement ce qu'il ne faut pas faire», remarque un grand de la distribution. Potin était cher, il est devenu hors de prix. Les ventes ont plongé. Les gérants, qui sont payés au pourcentage, ont baissé le rideau pendant près de trois semaines. Les fournisseurs non payés ont refusé de livrer - «On a passé les fêtes de Noël sans champagne en rayon» - et les Saier, quand ils venaient à Longjumeau, siège de l'entreprise, étaient entourés de gardes du corps. «Entre des smicards poujadistes et des patrons qui ne comprennent rien au secteur, note un bon connaisseur de l'affaire, le mélange était explosif.» Et il a explosé. Aujourd'hui, Daniel Lebard, un consultant appelé à la rescousse par la BNP, tente de remettre de l'ordre. La tâche est rude. Pour faire 1 milliard de chiffre d'affaires, Potin emploie 1 200 personnes dans 400 magasins. C'est ce que réalise un seul hypermarché avec 200 salariés. «Je n'ai jamais vu une affaire aussi merdique faire autant parler d'elle!» s'exclame d'ailleurs un financier. Beaucoup de potin pour rien. Félix, reviens !

 

23 novembre 2015

En 1990 j’ai fait mon petit Macron : les Agnelli voulaient mettre la main sur le groupe Perrier et château Margaux…

 

Le Forum de l’Expansion animé par Jean Boissonnat était dans les années 70-80 une institution médiatique, accueillant à la Porte Maillot, à l'hôtel Méridien, les Premiers Ministres Barre, Chirac…, les stars de la politique, même Georges Marchais, et bien sûr la fine fleur des dirigeants de groupes français et étrangers.

 

Et voilà que votre serviteur, fin 1990, tout juste propulsé à la tête du cabinet d’un Ministre qui n’aimait guère aller se frotter aux milieux économiques se retrouve sur la scène pour le représenter à une table ronde. J’étais dans mes petits souliers. Parfait inconnu dans ce beau parterre mon principal souci était de passer aux travers des gouttes. Sauf que, lors de la séance des questions un journaliste, à ma grande surprise, m’interpelle : « Allez-vous laisser filer l’un des fleurons* de l’agro-alimentaire français à l’étranger, en l’occurrence en Italie, dans les mains de la famille Agnelli ?»

 

Patriotisme économique bien sûr, je réponds, avec une pointe d’ironie, que je connais bien l’Italie pour avoir épaulé Michel Rocard, dans les négociations sur le vin… et je m’en tire au mieux en ne prenant pas parti dans ce dossier épineux. Jean Boissonnat est satisfait. Bref, je me dis que j’ai évité le pire.

 

Sauf que, même si le buzz des réseaux sociaux était dans les limbes, dès le lendemain je dû faire front. Tony Dreyfus, compagnon de route de Rocard alors 1er Ministre, et vaguement Secrétaire d’État à l’économie sociale, me demande de recevoir les Agnelli et le cabinet du 1er Ministre, JP Huchon*, me demande de recevoir Jacques Vincent, PDG de Perrier et d’Exor

 

*JP Huchon, après avoir été viré de la CNCA, a travaillé comme Directeur général adjoint du groupe agro-alimentaire Exor, de 1987 à 1988.

 

Donc je m’exécutai. L’entrevue avec les Agnelli et leurs conseils fut un grand moment de séduction à l’italienne. La gente féminine de l’hôtel de Villeroy se rinça l’œil, la mode de Milan : la classe !

 

Pour Jacques Vincent, je parvins à le faire recevoir par mon Ministre qui n’entravait toujours rien à mes histoires de participations croisées (pas simples certes, voir ci-dessous) et qui, au beau milieu du rendez-vous, demanda à ce cher homme, très vieille France, en historien qu’il était, de lui conter l’histoire de Félix Potin. Celui-ci s’exécuta avec courtoisie en dépit de son réel étonnement. À Matignon l’anecdote renforça le « crédit » de mon Ministre.

 

25 ans après la suite fait partie maintenant de l’Histoire, mon interlocuteur à Bercy était un certain François Villeroy de Galhau. Les Agnelli n’ont pas pris le contrôle du groupe Perrier mais mis la main sur 75% de château Margaux. La source Perrier sera vendue en 1992 à Nestlé et la Société des Caves de Roquefort à l’entreprise Besnier, aujourd’hui Lactalis.

 

La suite ICI 

 

A la fin du XIXe siècle, Félix Potin décide de fabriquer ses propres produits et d’y apposer sa marque. Il achète alors des terrains dans le quartier de la Villette, situé entre la rue de Flandres et la rue Curial, dans la portion comprise entre les rues de Crimée et de l’Ourcq. Les usines comprennent une chocolaterie, une confiserie et une confiturerie.

 

Aujourd’hui, il subsiste uniquement le bâtiment situé à l’angle de la rue Archereau et de la rue de l’Ourcq. Il abritait une conserverie et une usine de charcuterie. Construit par Charles Le Maresquier, cet édifice présente de simples façades de meulière, égayées par des faïences décoratives en gré flammé au niveau des allèges des fenêtres, et par des bandeaux horizontaux en carreaux de porcelaine. Rénové en 1986, le bâtiment accueille aujourd’hui un centre de formation.

 

ICI 

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