Mon correspondant nantais vient de me signaler une affaire de la plus haute gravité concernant la gâche vendéenne.
« La répression des fraude a débarqué chez un pâtissier de Vendée parce qu'il prépare ses gâches sans crème fraîche. Or une indication géographique protège la "gâche vendéenne", et elle doit être faite avec de la crème. Scandale à la boulangerie, où la recette sans crème date de... 1932. »
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Ha ! la crème fraîche de la tante Valentine, au Bourg-Pailler, y’avait de la crème fraîche dans la gâche.
6 avril 2007
La gâche de Pâques
Au temps où, dans ma Vendée profonde, les pires mécréants acceptaient sous la pression de leurs pieuses femmes de faire leurs Pâques, chez nous on s'affairait pour préparer les douceurs d'après Carême : la gâche - en patois la fouace - et les fions. Dans cette entreprise tout le monde était sur le pont, y compris les hommes, plus particulièrement le pépé Louis, l'homme de la cuisson. Le rituel était bien réglé et le processus de fabrication, comme la recette, étaient entourés de secret. Dans le pays, notre gâche était unanimement considérée comme la meilleure. Le clan des femmes en tirait une légitime fierté et moi, tel un jeune Proust - ne vous gondolez pas - savourant sa madeleine dans son thé. J'en garde un souvenir extraordinaire que le temps passé n'a jamais effacé.
Tout commençait le vendredi saint par l'acquisition d'un pâton de pâte à pain levé chez Louis Remaud notre boulanger puis, le soir venu, autour d'une immense bassine, tel un pétrin, nos femmes s'affairaient. La gâche est un pain de Pâques qui n'a ni goût de pain, ni goût de brioche. C'est là toute l'alchimie de ce pain qui n'en n'est pas un et de ce gâteau qui n'est pas une friandise. Outre la qualité des ingrédients, le temps de pétrissage était essentiel. La pâte était lourde et nos femmes lui transmettaient ce qui la rendrait ferme, onctueuse et légère. Lorsque le temps était venu, en des panières de joncs tressés, les gros pâtons recouverts d'un linge étaient mis au levage dans une pièce ni trop chaude, ni trop froide. Là encore, toute approximation était interdite. Nos femmes se chamaillaient parfois sur la température idéale. Tout ça se passait la nuit et au matin, le pépé Louis entrait en jeu.
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20 août 2010
Quand les IGP s’emparent de mes souvenirs d’enfance je m’interroge... et pourquoi pas « le luma de Vendée » IGP !
Le Comité national des indications géographiques protégées de l’INAO a approuvé le 2 juin 2010 le projet de cahier des charges « Gâche Vendéenne » dans la perspective de son enregistrement en IGP par la Commission européenne.
Moi, bien évidemment, pour cette dernière je n’ai rien contre même si le libellé du cahier des charges de la gâche vendéenne me laisse rêveur : « La gâche vendéenne est une viennoiserie de forme ovale, dorée et scarifiée sur le dessus. Elle doit au minimum peser 300 grammes et être présentée de manière individuelle sous sachet et non tranchée.
Sa composition riche en beurre, sucre et œufs est typique des gâteaux vendéens. La gâche vendéenne se différencie par la présence obligatoire de crème fraîche dans la recette. La fermentation longue de la pâte associée à la présence de crème fraîche contribue à l’obtention d’une mie serrée de couleur homogène et permet à la gâche vendéenne de développer une saveur lactée spécifique, où les arômes de crème fraîche et de beurre sont particulièrement marqués, avec une texture en bouche fondante. »
Si on avait dit à Valentine Pondevie la sœur de ma mémé Marie que sa gâche était une viennoiserie je ne suis pas sûr qu’elle eût goûté la plaisanterie. Pour moi c’est clair la seule gâche qui eut méritée d’être une IGP c’est la sienne car elle était la quintessence de la gâche vendéenne, inégalée, inégale, et d’ailleurs pour c’était la fouace, la gâche de Pâques.
Sans être mauvaise langue, ce ne sont pas les boulangers du coin qui ont demandé l’IGP « Gâche Vendéenne » mais bien plutôt les fabricants qui travaillent pour la GD. Grand bien leur fasse mais leur gâche même tamponnée comme IGP n’est qu’un pâle ersatz de ce que fut la merveille de mon enfance.
Mais foin de nostalgie, les affaires sont les affaires mais cette brave « gâche vendéenne » était-elle si menacée ?
Si oui, par qui ?
Qui donc sur le territoire de l’Union aurait été tenté de la copier pour inonder le marché ?
Oui, ça m’interroge !
COMMENTAIRE du vendéen pur sucre :
Oui il y avait de la crème fraîche dans la gâche du Bourg-Pailler mais affirmer que c’est un élément déterminant de son goût, de sa texture est faux… Ce qui faisait la différence, que l’on ne retrouve plus dans la fameuse IGP, c’était le savoir-faire, la main de la tante Valentine, le temps passé : des heures et des heures entre le pétrissage manuel, la nuit du levage, la grande taille des pâtons, la douceur du four à bois… pour les industriels, comme toujours, le temps c’est de l’argent, alors leur fameux cahier des charges est là pour normaliser, alors adieu la gâche de mes mémés place à un machin sans âme emballé sous cellophane, pesé, de la tristesse normalisée...
En plus, ils en font à La Mothe-Achard : j'ai honte (j'ai goûté et craché...)
Vendée
La Fournée Dorée Atlantique
ZA Sud des Achards
CS 60014
85150 La Mothe Achard
J’ai acheté. Par pure charité je ne ferai aucun commentaire de dégustation. Mémé Marie aurait prié la Sainte-Vierge face à ce désastre.