Parolier et ami intime du chanteur, Jean Fauque replonge dans ses souvenirs à l’occasion du concert hommage célébrant cette semaine à Paris les dix ans de la disparition de « la force tranquille du rock français ».
Comment se déroulait le processus de création chez Bashung ?
Il était extrêmement prolifique. Sur une journée type, où l’on travaillait de 16h à 19h, puis après dîner jusqu’à tard le soir, il pouvait pondre de vingt à trente morceaux. Avec des paroles en yaourt, sur une base de boîte à rythmes. Il y avait chez lui une dose de créativité qui relevait de l’extraordinaire, du phénomène. Sa période la plus créatrice fut sans doute la genèse de Play Blessures (1982). Il venait de signer un contrat d’édition qui lui permettait d’avoir un studio à disposition avec ingénieur son, à Boulogne-Billancourt. Avec les musiciens de son groupe (le KGDD), ça allait très vite. Ils empoignaient leurs instruments et, tout de suite, partaient ensemble. Si bien que, quand Gainsbourg est arrivé pour écrire les textes, les maquettes étaient déjà bien avancées.
Et sur vos textes, il intervenait beaucoup ?
Il rentrait dedans comme un bulldozer. Il détruisait tout. Notre but était ensuite de reconstruire. Comme un puzzle qu’on jette par terre et qu’on ramasse pour former une autre image. Je me retrouvais avec 90 % de chutes. C’est étonnant qu’avec un tel bordel on ait pu créer des morceaux si cohérents ! Sur Osez Joséphine, par exemple, « osez », c’est moi, « Joséphine », c’est lui ! Mon idée de départ était de m’adresser aux femmes de l’Est — on était juste après la chute du Mur — et de leur dire « prenez le pouvoir » : « Osez cancaner / osez nous causer du Caucase / osez imposer vos oukases ! »
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La phrase titre concernait certains textes du premier parolier de Bashung Boris Bergman.
« Immortel Bashung » : concert-hommage mercredi au Grand Rex avec Birkin, Miossec, Chamfort, Raphaël...
Une quinzaine d'artistes ont rendu hommage mercredi 2 octobre à Alain Bashung, disparu il y a dix ans, sur la scène du Grand Rex à Paris, avec un show musical et audiovisuel.
Plus d'une quinzaine d'artistes, chanteuses et chanteurs, rendent hommage mercredi au Grand Rex à Alain Bashung, disparu en 2009 à l'âge de 61 ans. Jane Birkin, Miossec, Raphaël, Hubert-Félix Thiéfaine, Alain Chamfort, Brigitte Fontaine, Arman Méliès, Arthur Teboul (chanteur de Feu Chatterton !), Adamo, Bertrand Belin, Helena Noguerra, Jean Fauque (parolier de Bashung), JP Nataf, Julie Gayet, Malik Djoudi, Pierre Guénard (Radio Elvis) et Raphaële Lannadère (dite "L") : tous ont prévu de s'immerger pour l'occasion dans l'univers de l'interprète de Gaby.
C'est Yan Péchin, fidèle guitariste de Bashung, qui a contacté tous ces artistes et leur a fait travailler le répertoire. Metteur en son du show, il accompagnera tous ces artistes avec le dernier groupe en date de Bashung. Un concert auxquelles seront mêlées des images d'archives de Bashung, inédites ou rares, exhumées par l'INA.
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La veuve d’Alain Bashung et ses anciens musiciens ont célébré la mémoire du chanteur, disparu il y a dix ans.
Chloé Mons l'avait tellement rêvée cette soirée depuis la disparition d'Alain Bashung il y a dix ans, à l'âge de 61 ans. Tellement appelé de ses vœux. On comprend que ce mercredi soir au Grand Rex, entourée des derniers musiciens de son mari et des participants de son hommage, elle ait été émue en regardant cette salle pleine, debout, applaudissant de longues minutes autant les présents que le grand absent.
Les remerciements, elle les avait lancés un peu plus tôt dans la soirée. « Merci à vous tous d'être là et de l'aimer comme ça ».