Le sieur Jean-Yves Bizot, sis dans la charmante et illustre bourgade bourguignonne de Vosne-Romanée, où il dorlote amoureusement ses ceps de vigne et presse en douceur, dans le plus parfait dénuement, ses raisins mûrs et sains, que je fréquente depuis que les Gouttes de Dieu le portèrent au pinacle de l’Empire du Soleil Levant (1), est, sa modestie dusse-t-elle en souffrir, d’une espèce rare, il doute, il se pose des questions, il réfléchit, ne se laisse pas porter par le discours dominant, le politically correct, ni séduire par les images d’Épinal… Même si ses pas le portent souvent dans les monts tibétains, il n’est pas adepte du moulin à prières qui plaît tant aux joueurs de pipeau du monde du vin. Ce n’est pas forcément du goût de ses pairs, mais comme l’homme est courtois, civil, reconnu, ils sont bien obligés de faire avec.
Il aurait plu à Michel Rocard – pour autant je ne cherche pas à annexer Jean-Yves à mon romantisme rocardien – qui adorait les joutes intellectuelles nourrissant l’action. Agir plutôt que réagir, anticiper, ne pas en rester à de brillantes analyses mais oser proposer des voies et moyens pour mettre en œuvre des solutions, des compromis, ne pas en rester au tout change pour que rien ne change qui nous est cher.
Comme vous pouvez vous en douter cet état d’esprit me plaît car il intègre le temps long, cherche à éclairer cet avenir qui, à juste titre, fait peur. Mettre par écrit des mots sur les choses est essentiel, ça permet de ne pas se contenter de mots en l’air qui fusent et disparaissent, ça laisse des traces, petits cailloux indispensables pour baliser des chemins incertains.
Le sieur Bizot vient de donner une interview à :
AVIS D'EXPERT - VINS - SPIRITUEUX - BOURGOGNE
Être vigneron demain sera-t-il un métier d’explorateur ou restera-t-il à jamais celui d'un gardien du temple ?
Publié le 12 septembre 2019
« S’appuyer, se justifier par le passé a quelque chose de rassurant puisque le passé est par essence connu, contrairement, pardonnez-moi ce truisme, au futur qui lui ne l’est pas ! Il paraît donc dangereux. Il est d’autant plus dangereux que du fait de cet inconnu, il offre des espaces de liberté. La liberté fait peur, et elle semble toujours destructrice. Est-ce lié à notre histoire viticole particulière ? Je ne sais pas, mais quoi qu’il en soit, on préfère le confort du passé, et dans le confort du passé, j’inclus toutes les règles tacites ou écrites, dont les cahiers des charges des appellations : ils entérinent et valident une démarche déjà constatée, ils la pérennisent en la transformant en schéma technique unique devenu protocole, norme, précept...
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(1) 22 janvier 2009
3 verres pour réveiller le passé, les japonais sont fous des grands Bourgognes et de JY Bizot ICI