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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 06:00

 

Les vieux comme moi qui ont connu les premiers pas des adhérents à la méthode Lemaire-Boucher en Vendée – en ce temps-là on ne parlait pas de bio mais de d’arrêter de tout péter : les haies, les sols, les eaux, au nom de la productivité, des rendements à tout va, c’était de gauche même de l’ultragauche post-soixante-huitarde, les paysans-travailleurs chers à Bernard Lambert – se souviennent des levées de bouclier de la FNSEA contre ces huluberlus ennemis du progrès. J’ai même failli y laisser ma tête à l’école d’agriculture des Établières de la Roche-sur-Yon, gérée par les professionnels agricoles, pour avoir invités ces trublions à venir débattre avec mes élèves de terminale.

 

Par la suite longtemps ce combat pour une agriculture plus propre, plus respectueuse de son environnement, des hommes a été conduit par la Confédération Paysanne, sous les lazzis des OPA officielles, les pouvoirs publics de droite comme de gauche, pétant dans leur froc continuaient, de soutenir le discours productiviste au nom du fameux pétrole vert, la vocation exportatrice de la France.

 

Lorsque je me permettais de faire remarquer que cette fameuse vocation n’était qu’un leurre soutenu à l’aide de subventions communautaires on me renvoyait gentiment dans mes 6 mètres « occupe-toi de tes jajas AOC qui sont produits sans subventions et exportés » ironisait-on. Oui, mais cette viticulture économe de fonds publics ne l’était pas de pesticides.

 

Mon problème, moi qui fréquentais les premiers magasins bios c’est qu’au plan du goût, ni les fruits, ni les légumes, et encore moins les vins faisaient la différence au point de vue du goût. Tel sœur Anne j’attendais patiemment, et ce jour vint lorsque la production de proximité vint jusqu’à mon cabas et qu’un grand virage vers les variétés anciennes intervint. Préoccupation de bobo au portefeuille bien rempli j’en conviens mais si des gens comme moi, qui ont les moyens, ne s’engage pas dans cette démarche, qui le fera.

 

Et puis, par l’odeur du bio alléché, les grands prédateurs se sont rués sur ce nouveau segment de marché pour arrondir leurs marges bien érodées. Dans le vin, bio, biodynamie, faux et vrais naturistes, là aussi c’est l’ouverture de la grande chasse aux gogos apeurés !

 

Comme toujours lorsqu’une démarche est normée, gravée dans des textes règlementaires nationaux ou/européens, fruits de compromis entre pays, soucieux des lobbies, le résultat est quasi certain : les grands groupes s’engouffrent, exploitent, dévoient… Ne pleurez pas c’est nous tous qui en sommes responsables de cette dérive, prenons-nous en mains, plaçons les décideurs face à leur responsabilités, profitons de ces foutus élections qui sont encore trop souvent des pièges à cons pour faire entendre nos voix minoritaires.

 

Lorsqu’Isabelle Saporta, bizuth en politique, proclame dans sa fraîcheur que pour les cantines scolaires de Paris ce sera avec elle et son coéquipier « 100% bio » il faudra rajouter et préparer que ce sera aussi du bio de proximité, pas du bio de papier.

 

Afin d’illustrer mon propos je vous propose de lire (c’est un article abonnés alors je peux vous transmettre à la demande un copier-coller) d’un excellent article du journal Le Monde :

 

En Andalousie, plongée dans l’enfer des serres de la tomate bio

 

ENQUÊTE Manger demain (2/6). La région espagnole a produit 108 566 tonnes d’aliments biologiques en 2018. Mais les entreprises y sont accusées de manquer de transparence et d’imposer des conditions de travail indignes.

Campohermoso. « Le joli champ ». Rarement localité aura aussi mal porté son nom. Pas une herbe folle, pas un coquelicot, pas un arbre, pas un ruisseau, pas un chant d’oiseau, pas un battement d’aile de papillon dans cette campagne andalouse. Des serres, seulement des serres. Un dédale de kilomètres de serres, toutes en plastique. Une marée blanche qui dévore la côte, engloutit les villes et grignote inexorablement la montagne. Une mer de plastique qui prolonge la Méditerranée et se répand dans toute la province d’Almeria.

 

Bienvenue dans le potager de l’Europe. Quelque 33 000 hectares de terres sous bâches : l’équivalent de 47 134 terrains de football, trois fois la superficie de Paris consacré exclusivement à la culture intensive de fruits et légumes, été comme hiver. En castillan, serre se dit invernadero. Lhiver (invierno), quand la production est au point mort dans une large partie du continent, les invernaderos du sud-est de l’Espagne tournent à plein régime et inondent les supermarchés en fraises ou en tomates. Ronde, grappe, cocktail, cerise, olivette… la tomate espagnole colonise aussi les rayons bio des enseignes de la grande distribution. Carrefour, Auchan, Leclerc, Lidl, Monoprix, Franprix, elle trône toute l’année sur les étalages dans sa barquette emballée de plastique.

 

« Il y a un monde entre le modèle du bio respectueux des hommes et de l’environnement et la réalité. Ce sont les mêmes qui, il y a vingt ans, s’opposaient au développement du bio en nous taxant de hippies et qui aujourd’hui se convertissent pour de strictes raisons économiques »,

 

Tout juste a-t-on pu se faufiler entre les pieds de tomate cherry (la plus fragile, la plus exigeante en main-d’œuvre, quatre ouvriers par hectare) d’une serre de Luis Andujar Bio pendant la pause du contremaître. Le temps de découvrir que les employés doivent parfois monter sur des échasses pour atteindre le sommet des plants, de constater que, malgré la chaleur étouffante, le chauffage au « gaz naturel » est prévu l’hiver et de parcourir les consignes d’hygiène (« interdit de se curer le nez ») et de sécurité (« prévenir de l’entrée ou de la sortie de toute personne étrangère à l’entreprise ») affichées en espagnol et en arabe.

 

« Des tomates bio, oui, mais avec des droits ! » 

Des cadences infernales (« 130 palettes de tomates à nettoyer et à trier en une demi-heure, comme des machines », précise Fatima). Des rémunérations inférieures au minimum légal (6,93 euros par heure pour les travailleurs agricoles). Des heures supplémentaires et des congés non payés. Des anciennetés annulées…

 

« Elles ne sont pas bio, leurs tomates, avec tout ce qu’on balance comme produits. Il suffit de sentir dans la serre, ça pue la merde ! », lâche Aziz. « On a des doutes sur les produits utilisés par certaines boîtes certifiées bio, mais pas de preuves », tempère José Garcia Cuevas. Ce dont il est certain, en revanche, c’est que le recours au soufre – autorisé en agriculture biologique – est massif dans les serres. Un travailleur nous montre des taches sur son corps. Certains se plaignent d’allergies, d’autres, d’irritations. La plupart du temps, ils ne portent ni masque de protection ni lunettes quand ils sulfatent.

 

Tous tirent le même constat : les conditions de travail dans le bio ne sont « pas meilleures » que dans les exploitations dites conventionnelles. « Il y a un monde entre le modèle du bio respectueux des hommes et de l’environnement et la réalité. Ce sont les mêmes qui, il y a vingt ans, s’opposaient au développement du bio en nous taxant de hippies et qui aujourd’hui se convertissent pour de strictes raisons économiques », confirme José Garcia Cuevas, dont le tee-shirt exhorte, en français dans le texte, à la réaction : « Peuple réveille-toi, ils tuent la planète. »

 

Au début de l’été, le coprésident des Verts au Bundestag, Anton Hofreiter, s’est déplacé à Almeria. Avec une idée en tête : « Savoir si les fruits et légumes bio que nous mangeons toute l’année sont produits dans des conditions de travail dignes et dans le respect de l’environnement. Aldi et Lidl disent que tout va bien, et, en même temps, ils n’arrêtent pas de baisser les prix ! »

 

L’article entier ICI pour les abonnés :

 

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commentaires

A
Merci pour votre papier... du coup j'en ai appris beaucoup sur Lemaire et Boucher.<br /> <br /> Je vous remercie dans le billet<br /> https://saintyrieixlaperche.wordpress.com/2019/09/05/je-me-souviens-de-la-methode-lemaire-boucher/
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A
"Ce dont il est certain, en revanche, c’est que le recours au soufre – autorisé en agriculture biologique – est massif dans les serres. " Et pourtant, on contrôle les intrants dans les serres ! <br /> J'ai constaté que les petits producteurs "bio" cultive sous serres (certes pas hermétiques et entrées contrôlées !) ... pas de miracles ! quand je vois ce qu'ils vendent et ce que je produis (et je ne suis pas le seul à produire des tomates, des poireaux, et des haricots verts triomphe de farcy),...
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