Oyez, oyez, oyez, braves gens, « il est de retour ! Comme chaque année, « Le Point » publie son Spécial vins pour se retrouver dans la farandole d'offres. Nos spécialistes Jacques Dupont et Olivier Bompas ont passé au crible plus de 20 000 vins - grande distribution, chaînes de cavistes ou sites – en vérifiant pour chacun qu’il s’agit bien d’un vrai domaine et que le prix est bien inférieur au marché. Au total, ils ont retenu 514 vins, méticuleusement sélectionnés pour retenir les vraies bonnes affaires. »
Putain, 20 000 vins, moi qui ne connaissais que 20 000 lieues sous les mers du bon nantais Jules Verne je me dis que l’héritier du bon temps des soviets, l’inégalable Mélenchon, devraient leur épingler la médaille de Stakhanov.
J’ai fait le calcul, si tu ôtes les samedis-dimanches, les congepés et les RTT, ça fait grosse maille (je ne connais pas la convention collective du Point) au moins 90 boutanches par jour. De quoi user les papilles de nos deux dégustateurs.
Chaque année, me prélassant sur les rives d’une île, gouvernée par des indépendantistes, j’achète le Point Spécial Vins.
Et pourtant pour ce cru 2019 j’ai hésité, non que je fusse en froid avec les deux bagnards des papilles mais parce que les chefs du Point se piquent d’amour pour la « boulangère » qui se décarcasse, la Ducros qui m’a viré de Twitter, cette dame n’aime pas la contradiction, elle, elle sait, elle sait tout sur tout avec sa copine Woessner, au nom bien sûr de la Science avec un grand S, elles défendent un modèle agricole, soutenu par la FNSEA, en voie de perdition, économiquement, commercialement et sociétalement.
Le vieux briscard de la rue de Varenne que je suis, qui a mis les mains dans le cambouis de la protection des végétaux, qui a fréquenté ces braves fabricants de pesticides et ceux qui les prescrivent et les vendent aux agriculteurs-viticulteurs, les coops d’approvisionnement, qui me suis fadé la FNSEA et le CNJA du futur président des Républicains, les gauchos de la Confpé, les réacs de la Coordination, on ne me l’a fait pas, je connais la musique mieux qu’elles, leur argumentaire contre ce qu’elles appellent les marchands de peur est le parfait contre-point des excès des extrémistes verts.
Je n’en suis pas, je ne l’ai jamais été, je ne le serai jamais, mais j’en plein le cul de ces vendeuses de soupe pas fraîche, qui psalmodient des refrains écrits par de beaux esprits, qui réduisent la nécessaire mutation de notre modèle de production agricole à des prises de bec sur Twitter. C’est observer le monde par le petit bout de la lorgnette. C’est la queue de comète du vieux monde, l’absence d’anticipation, d’analyse des demandes sociétales et des grands mouvements de l’économie mondiale. Les grands esprits libéraux du Point, qui raillent en permanence ceux qui entravent les nécessaires réformes libérales, sont dans ce domaine des conservateurs, des partisans de l’immobilisme.
Mention spéciale à l'actuel Ministre de l'Agriculture, le dénommé Guillaume (même François Guillaume ex-patron de la FNSEA ne se coucha jamais devant ses anciens pairs) qui est le plus stupide des Ministres de l'Agriculture que j'ai côtoyé sous la Ve République (Christian Bonnet et sa bibine apparaît à côté de lui comme un génie), notre cher Président en a usé 3 : Jacques Mézard était une grosse feignasse, Stéphane Travert d'une finesse éléphantesque et, tout comme Guillaume, très représentatif de ce que le PS avait fabriqué comme notables minables qui ce sont recyclés dans la nébuleuse En Marche... Je le vois bien y recaser Griveaux après sa veste à Paris, encore un pur produit du PS...
Bref, puisque c’est le Spécial Vins je pourrais entonner le même refrain pour le monde du vin qui, sous l’illusion des chiffres du commerce extérieur, se vit comme un grand secteur économique, les Rafales. Les désillusions sont au bout du chemin, Bordeaux comme toujours est en pointe, le beau modèle champenois trouve des limites, les 80% des vins vendus sur le marché domestique le sont à des prix minables, mais comme je ne veux pas me faire écharper je me tais, après tout ce ne sont pas mes oignons et j’ai déjà donné.
Suis bon prince, fidèle en amitié, même si le Point suit un chemin qui n’est pas le mien, j’ai acheté de mes deniers le Spécial Vins, c’est bien fait le spécial Vins, de la belle ouvrage, mais comme je n’y retrouve pas mes petits chéris, un chapitre sur ces fameux vins de France (je n’écris pas les vins nu qui puent) alors je me suis contenté de regarder les images car, comme vous savez, la vieillesse est un naufrage, et comme disait ma mémé Marie du pépé Louis qui n’avait plus toute sa tête : « il est revenu en enfance. »
Une seule remarque narquoise : les illustrations de Gorce sont bien lourdingues, qu’il était beau le temps de Pétillon.
Du côté pages de pub la prose de Jacques et de son compère Bompas soutire un max aux belles étiquettes, ce n’est pas un reproche mais une constatation et ça n’influence en rien nos deux goûteurs patentés et sans doute épuisés.
Du bien léché ces pubs me dis-je, jusqu’à l’instant où le vieux slogan de Paris-Match : Le poids des mots le choc des photos m’est apparu comme Marie à Bernadette (pas celle des pièces jaunes) dans la grotte de Massabielle.
Je n’en croyais pas mes yeux, un vrai choc assurément lorsque je découvris au milieu du gotha de Bordeaux&Champagne les péquenots de la coopé d’Embres&Castelmaure, si longtemps chère au cœur de Vincent Pousson, qu’il a rebaptisé kolkhoze depuis leur séparation où la vaisselle fut brisée, des horreurs proférées.
Lui qui nous a bassiné pendant des années avec ses étiquettes et son baratin vantant ce trou du cul du monde, les mains calleuses des gars de la vigne, le labeur de ces vignerons accrochés à leur terroir, leurs casquettes surmontant des tronches rubicondes, la saga de cette poignée d’hommes menée par Patrick Hoÿm de Marien le président de la coopé, il va avaler son dentier (façon de parler) en découvrant la nouvelle étiquette de ce qui veut être le grand cru des Hautes Corbières. Ça vaut le goulag !
Faut dire qu’elle est à chier cette étiquette, dans le plus pur style ringard bourguignon non révisé sur bouteille bordelaise, elle pète plus haut que son cul. Mais quelle mouche a donc piqué le nouveau directeur Antoine Robert, qui affiche sa jeunesse triomphante sur la publicité ?
Merci à Jacques Dupont et Olivier Bompas de m’avoir donné l’occasion de me payer une bonne tranche de rigolade. Ne le dites pas à la « boulangère » elle est très susceptible.
Pour finir, mention spéciale à l’indéracinable Jean-Philippe Granier directeur technique de l’AOC Languedoc, un grand manieur de mots qui n’égale pas la prose du Phare des PO.
Et puis, en apothéose y’a le fameux goût de souris… dont le retour en force est attribué, je vous le donne en mille, par la grâce des « vins natures » Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage même si on n’a pas de chien. Comme je fais partie de ceux qui ne perçoivent pas le goût de souris, et je ne suis pas une exception, je me dis toujours que le mauvais goût est toujours celui des autres.
Allez, je vais de ce pas me rincer la glotte avec un jaja d’Antoine-Marie Arena, un foutu vin de France né du côté de Patrimonio, un nectar fin, un bijou, mais là comme ailleurs les ouvriers de la 25e heure, ceux qui raillaient les bio-cons, ont rendu les armes tout en se gardant bien de l’avouer.
Bien le bonjour à la boulangère et à ses petits mitrons qui vont à l’école (elle nous saoulait sur Twitter avec ses démêlés de mère bien comme il faut dans un univers peuplé de gauchos (pas le pesticide bien sûr mais le peuple des institutrices et de autres mères)
Je n’en finis pas de finir, j’adore le look du boss de l’Opinion, Nicolas Beytout, un Serge July de droite, un gars du Fouquet’s, membre de la Trilatérale, viré des Échos par ce bon Bernard de LVMH.