Je ne sais pourquoi, est-ce peut-être l’effet de mon âge canonique ou la conséquence de ma graphomanie de blogueur, alors que je suis père pénard en train à siffler un godet de vin nu dans un bar à vins, à mon côté, soit un jeune quidam acnéen ou une belle fille en fleurs, ou bien des gens plus en âge, me lancent la question à 1000 balles : « Tu en penses quoi, toi, du vigneron qui vendange en tongs ? »
Il fut un temps où mon côté ancien prof me poussait à développer une réponse argumentée, équilibrée, à développer les arguments positifs en balance des côtés négatifs, à douter, à m’interroger moi-même : pour les tongs j’aurais insisté sur l’importance de leur origine, si elles étaient issues du commerce équitable sans nul doute qu'elles permettaient au vendangeur de transmettre au raisin un flux positif qui exciterait les petites levures gloutonnes favorisant ainsi leur boulot lorsque sous les pieds-nus du fouleur elles seraient écrabouillées…
Mais maintenant je me dis « Mon Dieu que t’es chiant !» et je me contente de dire qu’à mon âge mes neurones se sont fait la malle et que je ne pense plus.
Je caricature à peine, avec l’irruption des réseaux sociaux dans la vie me madame et monsieur tout le monde, tout le monde se croit obligé d’avoir un avis sur tout et, bien sûr de le proclamer sur la toile.
Moi ça me gonfle.
Prenons le fameux traité CETA, négocié sous Hollande, qui s’applique en notre beau pays depuis deux ans, il vient simplement d’être ratifié par le Parlement. Les opposants nous prédisent l’irruption d’horreurs alimentaires qui, pour l’heure, après deux années d’application, ne sont pas au rendez-vous. La FNSEA est vent debout, elle mure, déverse du lisier chez les députés LREM, ce qui me pose question lorsqu’on connaît les positions rétrogrades de madame Lambert sa présidente.
Avons-nous le nez aussi propre que nous le proclamons ?
Pas si sûr, à titre personnel j’estime que les traités de libre-échange sont devenus, au fil du temps, des marchés de dupes où notre fameuse agriculture, soit disant pétrole vert, montre ses limites face aux géants mondiaux : USA, Brésil, Chine and Co, pour le blé La Russie et les pays de l'ex-URSS ont pris d'assaut les marchés mondiaux.
Face à cette concurrence, la moitié de la production française, habituellement réservée à l'export, est menacée d'invendus. Les partenaires commerciaux historiques de la France (Egypte, pays du Maghreb) achètent désormais les productions russe et ukrainienne, plus compétitives.
On ne fait pas virer de bord en claquant des doigts un porte-avions. Notre agriculture, notre élevage, pour faire mieux vivre ceux qui en vivent, devront capter de la valeur et cesser l’illusion que produire du « minerai » pour l’agro-alimentaire est le seul horizon possible. Cette course à la productivité nous l’allons perdu depuis des années, sans les aides communautaires, nos céréales ne seraient pas compétitives, et l’argument de l’arme alimentaire, si on souhaite la consolider, doit être explicité auprès de la population.
Ce n’est pas le CETA, le glyphosate, ne sont que des hochets pour militants, la question de fond de la nécessaire reconversion de l’agriculture française ne trouvera de réponses viables que si les grands penseurs comme les décideurs acceptent d’affronter la réalité en face. L’exemple du secteur laitier français le démontre, après des années de productivisme à tout va, le lait devenu minerai jetait les moins productifs dans la misère, alors dans un double mouvement pour séduire les consommateurs honteux on a vu fleurir des laits en briques vantant les producteurs avec quelques centimes de plus sur le prix.
Cet exemple démontre qu’il faut prendre le problème par les 2 bouts en se posant la double question comment le prix d’achat peut faire vivre décemment les producteurs et comment faire pour que les consommateurs shootés aux prix bas par la GD prennent conscience que ce sont eux les responsables du marasme des producteurs ?
Pour un autre grand produit emblématique : Le Blé lisez ce point de vue ci-dessous :
Blé français : en finir avec le « tout-export »
LE CERCLE - La baisse de l'attractivité du blé français à l'export a des effets dramatiques pour les agriculteurs. Alexandre Lemaire, conseil aux exploitations agricoles, estime qu'une montée en gamme et la conversion à d'autres cultures en plein boom sont des portes de sortie envisageables.
Le marché du blé français se trouve à un tournant. Le pays dépend en effet pour moitié des ventes à l'export pour écouler sa production de blé. Mais, en moins de dix ans, ce marché s'est retrouvé écrasé par la pression commerciale des blés russes et des pays producteurs du bassin pontique.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) annonçait début mai 2019 une augmentation de la production de céréales de l'ordre de 3 % en 2019-2020, pour atteindre le record de 2,72 milliards de tonnes. La Russie et les pays de l'ex-URSS ont en effet pris d'assaut les marchés mondiaux.
Ces nouveaux exportateurs connaissent un dynamisme sans précédent, notamment sur le marché du blé. En 2019, la récolte russe est estimée à 78,8 millions de tonnes (contre 72,1 millions de tonnes l'année dernière). Une réussite commerciale qui s'explique par une compétitivité sans égal : coûts de production très faibles, coûts d'infrastructure négligeables, main-d’œuvre peu chère, possibilité d'exporter en dollars… et contre toute attente sans compromis sur la qualité.
Conversion au bio
Face à cette concurrence, la moitié de la production française, habituellement réservée à l'export, est menacée d'invendus. Les partenaires commerciaux historiques de la France (Egypte, pays du Maghreb) achètent désormais les productions russe et ukrainienne, plus compétitives. Entre la France et l'Ukraine, les coûts de production varient par exemple du simple au double. Quand les coûts par hectare atteignent en France entre 800 et 850 euros hors fermage (location des terres), les coûts des pays du pourtour de la mer Noire culminent, eux, à 400 euros.
Pour les agriculteurs français, cette baisse de l'attractivité des blés français à l'export a des effets dramatiques. La pression sur les prix du blé rend la situation économique des exploitations intenable. Et les mauvaises années s'enchaînent. Quelles solutions envisager pour diminuer la dépendance aux exportations ?
Le marché intérieur du blé, qui concentre la moitié des débouchés, est amené à monter en gamme via le développement de filières : labels, agriculture biologique.
Face à la pression des consommateurs, les grands acheteurs de blé en France entament une démarche qualité (agriculture biologique, juste rémunération, cultures durables, impact environnemental) et sont prêts à rééquilibrer le prix d'achat. Les céréaliers engagés dans ces transitions trouvent des débouchés chez ces transformateurs qui redéfinissent leurs exigences et leurs cahiers des charges. Beaucoup d'agriculteurs l'avaient compris, et ont entamé une conversion vers le bio. Tous les grands acheteurs des groupes internationaux (Harris, McDonald's) ou français (Banette, LU, Baguépi…) développent aujourd'hui une filière bio.
Nouvelles cultures
Pour remplacer ou requalifier les 15 millions de tonnes vouées chaque année à l'export se pose la question de la possible conversion des régions de production de blé vers d'autres cultures. Si, dans les grandes régions de production céréalière, la conversion à l'élevage s'avère impossible, le maraîchage peut devenir une nouvelle source de revenus pour les céréaliers. De nouvelles tendances de consommation incitent des agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques et à se tourner vers de nouvelles cultures. Légumes et légumineuses ont le vent en poupe… Après la mondialisation des goûts, le consommateur s'est habitué à de nouveaux produits, mais développe en parallèle une volonté de consommer local.
Nous redécouvrons aujourd'hui les terroirs et leur typicité ; ces microclimats qui subliment une culture sur un territoire précis et très délimité. En Normandie, le climat tempéré et la forte humidité matinale s'avèrent propices à la culture du lin, dont les débouchés sont en pleine expansion : de l'agroalimentaire à la production de fibres végétales pour l'habillement mais aussi l'industrie. Dans le nord de la France, les légumes et pommes de terre retrouvent leur place dans les rotations.
Le monopole du blé dans le paysage agricole français vit sans doute ses dernières heures. L'agriculture a toujours façonné nos paysages, à nous de préserver par nos choix les richesses de nos campagnes.
Alexandre Lemaire, conseil aux exploitations agricoles, est directeur de Terrea.
Tout ça est bel et beau mes cocos mais ça n’intéresse pas grand monde, trop long, trop compliqué, l’heure est aux quelques signes sur Twitter qui permet de lancer la machine infernale du POUR ou CONTRE.
Les grands débats, politiques et journalistes en tête, se mènent sur Twitter dans un espace contraint, où l’on s’empaille, où l’on s’insulte, où l’on ne débat pas, c’est l’enfer du y'aka faut qu’on.
Le degré zéro du débat démocratique, alors moi sur le bord de mon bar je réponds aux « Tu en penses quoi, toi… »
« Rien, je ne sais pas… »
Ben oui, si Brigitte Macron se fait faire un lifting ce ne sont pas mes oignons mais les siens…
Bonne journée à vous, si vous passez près de mon bar, arrêtez-vous, nous boirons un coup en parlant de la pluie et du beau temps, éventuellement autour d’une boutanche de vin qui pue on se laissera aller à cancaner sur qui vous savez, le grand amateur d’opéra traumatisé.