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18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 07:00
Eric Woerth a publié cette photo le montrant en train de train d’escalader un glacier près de Chamonix. Twitter/@ericwoerth

Sur les réseaux sociaux, sous des formes les plus diverses, sous le manteau de l’ironie, d’un humour que l’on ripoline au second degré, on médit, on clabaude, on dit du mal…

 

Ayant habité le département de l’Oise, et ayant vécu de près les mœurs politiques des élus de ce département, je n’éprouve guère de sympathie pour Éric Woerth, mais l’épisode de sa photo faisant de l'alpinisme près de Chamonix est emblématique de cette explosion exponentielle de la médisance.

 

On y voit l'actuel député de la 4e circonscription de l'Oise encordé, crampons aux pieds et piolet à la main, en train de gravir une pente raide. Un autre post sur son compte explique qu'il s'agit du glacier du milieu dans l'aiguille d'Argentière.

 

«Glacier du milieu à l'aiguille d'Argentière. toujours sur les pointes avant», écrit le député.

 

Sitôt les réseaux sociaux s’enflamment pour analyser l’image centimètre par centimètre.

 

2  détails soulèvent des soupçons:

 

  • une lanière du sac à dos, qui planait sous un angle incorrect,

 

  • et deux individus marchant en bas de l’image.

 

Tout cela amenant les utilisateurs à la conclusion que Woerth était en fait allongé dans la neige sur l’image, et non en train de gravir le sommet.

 

Faux !

 

Jean-Franck Charlet, le guide qui accompagnait assure que la photo est à « 100 % réelle ». Il reconnaît tout de même que « la pente de 45 degrés apparaît un peu plus raide qu'elle n'est en réalité ».

 

Que les internautes donnent libre cours à leur imagination en créant des trucages ironiques passe encore mais que la presse dite sérieuse s’en empare et en fasse une information dans la foulée c’est une dérive grave. Plus personne ne vérifie, on galope derrière le buzz, Woerth à « une sale gueule » alors feu à volonté.

 

Ce n’est pas une fausse information, c’est une nouvelle forme de médisance.

 

Détester ensemble

 

Médire crée du lien social. Comme les primates s’épouillent, l’homme moderne cancane. « Détester ensemble forge des liens plus forts que de partager du positif »

 

« Il est vrai que l'on s'unit plus facilement dans la haine de l'autre, rappelle Samuel Lepastier. Rappelons que l'ennemi commun a toujours rapproché. Avoir un bouc émissaire, c'est charger quelqu'un de toutes ses fautes en étant persuadé d'être du bon côté. »

 

Se rassurer sur sa normalité

 

Pourquoi tant de haine ? « Frustration, colère, jalousie… toutes les raisons qui expliquent les comportements agressifs »

 

La médisance est un sport risqué : d’habileté sociale, elle peut vite faire mauvais genre… et devenir un motif de mise à l’écart. Dangereuse, elle l’est aussi, bien sûr, pour celui qui en est la victime. « Il s’agit bien d’une volonté de détruire, même si c’est symbolique »

 

Le "bashing", sport national

 

A l'échelle de la société, le "bashing" est d'ailleurs devenu un sport national. Les journaux n'aiment rien tant que brûler leurs idoles. Les réseaux sociaux offrent, par leur anonymat et leur instantanéité, une plate-forme idéale aux persifleurs de tout poil.

 

Je ne vais pas jouer au monsieur qui n’a jamais médit, mais je ne pratique pas ce sport national sur les réseaux sociaux.

 

Médire, baver, dénigrer... que celui qui n'a jamais jasé sur un collègue autour d'un plateau-repas à la cantoche d'entreprise ou sur une belle-sœur à l'heure du petit déjeuner lève la main. Au travail, mais aussi en famille ou entre amis, on a toujours une bonne occasion de déverser son fiel sur quelqu'un, en particulier hors de sa présence, puisque, c'est bien connu, les absents ont toujours tort. 

 

Que celui dont la langue n’a jamais persiflé jette la première pierre…

 

Clabauder

 

« Mais la nouvelle qui fit le plus clabauder le salon jaune, fut celle de la démission du sous-préfet. »

Zola, La Fortune des Rougon, 1871, p. 103)

 

La médisance, la calomnie, les insinuations, le mensonge, il y a des bougres qui vivent là-dedans comme le poisson dans l'eau

Duhamel, Combat ombres, 1939, p.230

 

(...) les gens qui réussissent ont des jaloux, des envieux! Ah! vous saurez cela bientôt, jeune homme, dit-il à Grindot ; s'ils nous calomnient, ne leur donnez pas au moins lieu de médire. − Ni la calomnie, ni la médisance ne peuvent vous atteindre, dit Lourdois, vous êtes dans une position hors ligne...

 

Balzac, César Birotteau, 1837, p.161.

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commentaires

P
Tort ou pas tort, médire hors la présence de l'intéressé absent c'est surtout faire preuve d'une élémentaire prudence pour éviter coup de pied au c... ou poing dans la g... Je ne vais pas sur les "rézosocio". Simplet ne sais pas ce que c’est, ni comment ça fonctionne et n'en voit pas l’intérêt. Mais à lire parfois les pages informatiques de Challenges ou Slate ponctuées toutes les cinq lignes d'info dont on se demande d'ou ca vient et à qui cela peut il servir, je me conforte à tenir ma position antédiluvienne.<br /> Il est bien bon ce Taulier de prendre, même indirectement, la défense de E.Woerth, cet ectoplasme politique dont la plus grande qualité et de partager avec Al Capone, le titre de " Roi du non lieu " Couché ou assis, je ne fais pas de souci pour lui. Nous lui reconnaissons le talent de savoir se relever et de se présenter, tout sec ayant l'habitude de passer entre les gouttes. Il n’est pas inutile non plus de dénoncer cette « démolition systématique » (en français dans le texte : « bashing ») qui prend d’autant d’ampleur que la presse n’a pas d’autre chose à mettre en page en ces périodes estivales. Soulignons au passage que cette presse qui se croit fine mouche, participe néanmoins à cette démolition ou mieux bastonnage puisque basching est un terme anglais signifiant « foutre une raclée ». En effet, elle se garde bien de prendre partie mais sous couvert de s’étonner de l’importance que prend tel ou tel dénigrement systématique, ne fait que souffler sur la braise.<br /> Ce qui est étonnant, c’est comment cette photo est apparue au grand jour. Si c’est de la part d’E.Woerth trop fière comme un gamin qui vient de remporter le prix du plus beaux château de sable de son club Mickey, c’est ce qui s’appel fournir des verges pour ce faire battre. On peut, comme Scapin se répéter « Mais qu’allait il faire dans cette galère ? » nous n’aurons pas la solution.<br /> E.Woerth dans une galère, lui et les siens, un rêve que je ne poursuivrais pas. Le réel plaisir serait d’en être la chiourme mais je me connais, je suis trop paresseux pour ça.
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