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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 06:00
SANTÉ : Le déménagement de la Veuve « J'veux d'abord voir l'outil ! J'ai payé pour ça ! » Passevache (1926)

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C’est ma voisine je la mate depuis la fenêtre de ma cuisine, elle s’est fait faire un long lifting, la voilà de nouveau debout, ouverte et fermée, la prison de la Santé. Elle n’est ni belle ni moche, elle est toujours là derrière les murs en meulière apparente, datant de la création de l'établissement en 1867, qui ont été conservés. A l'intérieur, la "rotonde" historique, symbole du fonctionnement "panoptique", permettant à un gardien - remplacé par un poste de contrôle équipé de caméras - d'observer en même temps plusieurs coursives, existe toujours mais a été rénovée. Côté cellules, en revanche, c'est le grand changement.

 

« C’est le quartier bas, c’est le quartier qui a été réhabilité, détaille Christelle Rotach, la directrice de la prison. Les murs ont été conservés, les cellules réaménagées. De trois cellules existantes, on en a fait deux, pour pouvoir ménager un espace sanitaire plus conséquent avec le toilette et la douche. »

 

D'une taille de 9 m², les cellules ont été imaginées comme individuelles. Dans les faits toutefois, elles devraient être rapidement doublées alors que la surpopulation carcérale a encore augmenté au mois de décembre dernier. Elles sont toutefois plus grandes que les anciennes, et plus modernes. Chaque cellule dispose d'un évier, d'une télévision, d'une plaque-chauffante et d'une douche.

 

ICI 

 

Ce matin un petit zoom arrière pour évoquer la Veuve que Robert Badinter a condamné à n’être plus qu’un objet de curiosité pour nos petits loupiots qui proclament que c’était mieux avant : la guillotine.

 

 

Alexandre Vialatte  « Les étapes de l’humanité » La Montagne 18 décembre 1966

 

SANTÉ

 

J’ai longtemps habité en face d’une grande prison.

 

Heureux temps ! Je ne voyais que le ciel, les hirondelles ; quelques fenêtre de cellule. Parfois la guillotine. Rarement.

 

Ces jours-là ( je ne crois pas me tromper) le vent m’apportais une odeur fade ; les corbeaux mangeaient les feuilles mortes, mes visiteurs marchaient de côté pour se déplacer parallèlement au mur, afin de tourner le dos à la fenêtre. Le quartier de haute surveillance brillait de mille feux jusqu’au matin. L’aumônier allait et venait entre la prison et le couvent. Il eut longtemps, parmi ses condamnés à mort, un Sénégalais homicide qui avait pris goût au catholicisme. On le baptisa. (Il fallut l’empêcher de prendre des noms extravagants, tel que saint Jean Porte Latine.) Telle était sa soif de religion qu’il voulait qu’on recommence tout de suite. Il eut aimé se faire baptiser toute la journée.

 

Le pauvre garçon a dû finir bien tristement.

 

J’avais une baignoire 1900 où un bœuf aurait pu se baigner. J’y faisais la planche, les bras en croix. Que de bons souvenirs. À trois pas de chez moi  se dressaient l’asile de fous et l’école maternelle, plusieurs couvents, de nombreux hôpitaux, bref de quoi passer toute une vie, naître, mourir, tuer, voler, pécher, se repentir et expier longuement, sans jamais sortir de la rue.

 

 

En 1911, suite au déplacement du lieu d’exécution au boulevard Arago, un local est spécialement aménagé pour accueillir la guillotine à la prison de la Santé. Cependant, c’est pendant encore plusieurs années que l’on verra la “veuve” quitter son hangar de la rue de la Folie-Régnault pour des exécutions en province.

 

Anatole Deibler conservait en réalité deux guillotines dans le vieux hangar : le “bijou” et la “Parisienne”, ainsi qu’elle furent nommées par Nicolas Roch, l’un de ses prédécesseurs. La première est employée pour les exécutions parisiennes alors que la deuxième, autre modèle dit Berger, est destinée aux sorties en province.

 

Le dimanche 20 août 1911, accompagné de ses aides, Anatole Deibler prépare ce déménagement, il est prévu pour le lendemain. Lundi matin, le 21 août, les portes du hangar s’ouvrent et ce sont bien les deux guillotines qui ce jour-là partent pour la Santé.

 

Plongées dans le noir de leur nouvelle remise, les deux sœurs attendent côte à côte le jour où l’une d’entre elles sortira officier, et c’est le 5 septembre 1911 que la “Parisienne” est transportée Gare de Lyon à destination de Melun. Le lendemain, elle coupera une tête, celle de Lucien Pajot, assassin de la fille Ambroise.

 

Nous sommes en 1912 et, après plusieurs mois d’attente, le “bijou” va lui enfin fonctionner car la prochaine exécution parisienne est prévue pour le 20 janvier. La veille et durant la nuit, à la prison de la Santé, tout le monde attend la venue de Deibler, mais rien, personne…

 

Pourtant, au petit matin, le bourreau et ses aides sont là, boulevard Arago, en train de monter les bois de justice.

 

Le 27 janvier 1912, une note du préfet de police est envoyée au service de sûreté. Le préfet s’interroge sur le lieu de stockage des bois de justice. Il demande que l’exécuteur en chef des arrêts criminels, monsieur Deibler, clarifie la situation. Le fourgon servant à transporter la guillotine ayant été retenu chez le carrossier pour réparation, comment Deibler a-t-il fait pour déplacer la « veuve » de sa remise à la prison de la Santé jusqu’au boulevard Arago, lieu des exécutions parisiennes?

 

Le rapport tombe le 29 janvier et est remis le lendemain.

 

Si les bois de justice ont bien été transférés à la Santé le 21 août 1911, Deibler conserve également une autre guillotine, et son fourgon, au hangar du 60 bis rue de la Folie-Régnault. Cette guillotine, dont l’emplacement est plus proche des gares, est normalement réservée aux exécutions dans les autres départements ; mais c’est elle qui, exceptionnellement, fut employée pour l’exécution d’Arthur Renard.

 

Suite à sa sortie en province, la “Parisienne” n’avait donc pas regagné la prison de la Santé mais était revenue loger rue de la Folie-Régnault. Deibler avait visiblement jugé le nouveau trajet problématique. Cette deuxième guillotine aura donc volé, ce samedi 20 janvier 1912, la vedette au “bijou” et honoré son autre surnom : “la suppléante”.

 

Elle restera remisée dans le bon vieux hangar au moins jusqu’en 1914.

 

Jacques Delarue, dans Le métier de bourreau, avance l’année 1930, mais ce point reste à confirmer ou infirmer...

 

Source : ICI 

 

 

Anatole Deibler, l'exécuteur qui n'a jamais reçu la moindre plainte de ses 395 clients à travers tout le pays. À commencer par le parricide Georges Duchemin, meurtrier de sa mère, exécuté le 6 août 1909. Cinq ans plus tard, c'est au tour de trois des membres de la bande à Bonnot de faire connaissance avec la « Veuve ». André Soudy, 21 ans, qui, au réveil, chantonne et demande deux croissants. Raymond la Science, 23 ans, qui jette : « C'est beau, l'agonie d'un homme qui va mourir ! » Et enfin, Étienne Monier, 24 ans, qui s'écrie avant de perdre la tête : « Adieu à vous tous, messieurs, et à la société aussi. » Les corps de ces deux hommes seront livrés à la faculté de médecine pour autopsie.

 

91 condamnés guillotinés

 

Autre guillotiné célèbre, le Dr Marcel Petiot pour le meurtre de 26 personnes durant l'Occupation. Il leur avait fait espérer une filière d'évasion. Au lieu de cela, il les gazait dans sa cave avant de s'emparer de leurs bijoux et de leur argent. En tout cas, en voilà un qui n'avait pas peur de la mort. Après avoir répondu « Tu m'emmerdes » au procureur qui l'engage à avoir du courage, il prononce ses dernières paroles : « Messieurs, je voudrais que vous détourniez le regard. Ça ne va pas être beau. Je voudrais que vous conserviez de moi un bon souvenir. » Les deux dernières exécutions à la Santé seront celles de Roger Bontems et de Claude Buffet, le 28 novembre 1971. C'est un total de 91 condamnés à mort qui auront été guillotinés dans (54) et hors de la Santé (37).

 

 

On perçoit bien quelques bruits de clés et de verrous qui coulissent lourdement, mais c'est surtout un silence pesant qui nous enveloppe lorsque l'on pénètre dans la maison d'arrêt de la Santé. Ce lundi 21 juillet 2014, un étrange climat règne au sein du seul établissement pénitentiaire parisien, déserté pour la première fois par ses prisonniers. La veille, les soixante derniers détenus ont été transférés vers la prison flambant neuve d'Orléans-Saran (Loiret). Seuls les pensionnaires qui bénéficient du régime de semi-liberté reviendront en fin d'après-midi pour y passer la nuit. D'ici là, les gardiens continuent leur ronde, refermant mécaniquement les portes derrière eux, un peu abasourdis par ce calme inhabituel.

 

Inauguré en 1867, cet établissement mythique fait figure de vétéran au sein du grand chantier de modernisation pénitentiaire lancé par la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Doté d'un budget de 800 millions d'euros, il comprend également la rénovation des Baumettes à Marseille (Bouches-du-Rhône) et celle de Fleury-Mérogis (Essonne). Depuis janvier, ce sont des transfèrements progressifs vers d'autres établissements pénitentiaires français, déjà surpeuplés, qui ont permis de vider petit à petit et sous haute surveillance les 621 détenus de la prison de la Santé.

 

ICI 

 

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commentaires

A
A Nantes, on a perdu la prison à côté du tribunal. C'est ballot ! et pas écolo mon coco. Quant à la prison à côté de la Loire c'est de la plus haute antiquité. Il reste la chanson ressortie par les Tri Yann an Naoned
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P
Pas un peu tard Taulier pour nous proposer l'ombre des prisons alors que la canicule tourne des Talons ?<br /> Choix d'un avocat - sujet difficile : Il est bronzé, c'est un avocat marron. Il est pâle, peut être sort il de Taule ?<br /> Enfin, dés que l'on parle prisons, en France, je ne peux m'empêcher de relever qu'il n'y a que notre grand et vieux pays pour appeler une prison La Santé et un Hôpital La Pitié.
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