Comme Pax l’a noté sur son petit calepin j’ai avec Jacques Chirac un point commun, le prénom, pour ce qui concerne le vocabulaire de hussard je le goûte dans les moments où j’ai envie de me dégager les bronches ; en clair lorsque certains me font chier.
Au temps du RPR, avec l’inénarrable Charles Pasqua, les libations étaient accompagnées de saillies bien senties, telle celle citée en titre.
«Allons boire à nos femmes à nos chevaux et à ceux qui les montent». En déplacement, en mars 1992, pour soutenir la candidature de Jean-Louis Debré aux élections législatives, Jacques Chirac fait sien de ce «toast des cavaliers». Une citation probablement apprise lors de son service militaire de 1956 à 1957, à l'Ecole de cavalerie de Saumur.
Même si ça plairait beaucoup à Pax je ne puis révéler ce que nous racontais une amie très proche de Chirac, elle était une adjointe importante à la mairie de Paris, fut une des rares jupettes à sauver sa peau de Ministre, lors des dîners que nous passions chez elle avec son amant qui était un bon ami à moi. Secrets d’alcôve…
Revenons au sujet de cette chronique, c’est une saine colère !
Une colère tournée à la fois contre ceux des critiques de vin qui qualifient les vins nu, au choix de vin d’évier, de vins déviants, oxydés, qui rappellent les tonneaux en vidange des grands-pères, de vins qui puent des pieds… et contre ceux des adorateurs de vins nus qui s’extasient en lichant des jus mal faits, genre j’achète 3 grappes à mes voisins que je vinifie dans mon garage, que je mets en bouteille à la main, étiquette chiadée, cacheton à la cire…
Ma réplique aux premiers est cinglante : « Vous n’en goûtez jamais, alors camembert ! »
En effet, que goûtent les grands critiques patentés : la crème, soit quelques échantillons dans les 20% des vins dit acceptables à leurs yeux. Surtout pas les vins nus ! Je n’ai jamais lu un papier de leur plume sur ce tout petit segment du marché du vin qui, certes fait beaucoup parler de lui, mais n’est qu’une misérable goutte dans l’océan de médiocrité des 80 % des vins roturiers.
Qui goûte la série de Bordeaux de Pierre Castel : baron de Lestac, Blaissac, Malesan ? Personne ! Ou une master-class Sidi Brahim/Boulaouane ou une verticale Vieux Papes.
Je n’ai aucune honte à dire que j’ai goûté, embouteillé, vendu, alors que je marnais à la Société des Vins de France : du Préfontaines, du Vieux Papes, du Boulaouane… Comme initiation à la dégustation y’a pas meilleur terrain. Le DG de notre actionnaire Pernod-Ricard, Thierry Jacquillat, se faisait livrer des magnums de Vieux Papes pour sa consommation personnelle « si on n’apprécie pas le vin de sa marque phare, on fait un autre métier » disait-il.
Tout ça pour dire que depuis mon passage à la SVF en 1986, mon séjour à l’Hôtel de Lassay en 1981, mes pérégrinations dans le Midi Rouge, mon rapport, mon compagnonnage avec les vins ne se réduit pas, comme certains, à quelques flacons sélectionnés.
Depuis quelques années je suis 100 % vins nu, alors je ne vais pas me laisser impressionner par les grands dégustateurs, les grands amateurs qui passent leur temps à les conchier.
Pour autant, dans le camp d’en face que je fréquente il est une population qui me gonfle tout autant, elle s’extasie devant n’importe que jus mal fait, elle est niaise, acculturée, se congratule, blablate, voit dans les vignerons nature le ferment de la révolution des modes de production agricole, donne du grain à moudre aux grands chefs de la viticulture qui se gaussent de ces bobos parisiens.
Et pendant ce temps-là, les grands faiseurs profitent de la vague médiatique des vins nu pour concocter des vins dit sans soufre, se convertissent dare-dare au bio, voire à la biodynamie, c’est le grand bal de l’hypocrisie, comme le disait Giuseppe Tomasi di Lampedusa « Il faut que tout change pour que rien ne change. »
Vin&Société psalmodie que les vins français sont les champions de l’exportation alors que c’est à la fois vrai et faux, que certains grands arbres, le Cognac par exemple, cachent le dénuement du cœur de la forêt, que le petit Bordeaux va mal, que le champagne n’est pas au mieux de sa forme, que le modèle vigneron-indépendant masque des réalités économiques qui un jour éclateront.
Tout va donc très bien madame la marquise, amusons-nous à nous écharper sur des sujets mineurs c’est le meilleur moyen de rester immobile, d’aller dans le mur tranquille, notre pays est ainsi fait il n’aime rien tant que les bourre-pif de café du commerce ce qui ne l’empêche pas de se donner en modèle à la Terre entière.