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11 septembre 2019 3 11 /09 /septembre /2019 06:00
« Le KGB est arrivé à la conclusion que Gorbatchev est le meilleur candidat » Margaret Thatcher partageait cet avis. « Sa personnalité n’a rien à voir avec les ventriloques figés que sont les apparatchiks moyens. »

Comme je suis un coquin, avant d’évoquer Gorby et sa tache de vin je vais faire un détour du côté des relations entre le père François et la dame de fer. Même si ça va surprendre les loups ravis du PS  encore en vie : ils s’estimaient.

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Thatcher et Mitterrand : drôle de couple

 

Mitterrand lui trouvait les yeux de Caligula (Staline les mauvais jours), et les lèvres de Messaline (Marilyn, les bons jours). Elle jugeait hautement fantaisistes ses idées en matière économique. Thatcher et Mitterrand : drôle de couple qui ne cessa de tirer à hue et à dia pendant neuf ans (1981-1990), quand chacun filait le grand amour avec un tiers, la première avec Reagan, qui la surnommait "the best man in England" et le second avec Kohl qui lui donnait la main au mémorial de Douaumont.

 

François Mitterrand a appelé Margaret Thatcher, pour lui dire: « Madame, nous sommes avec vous »

 

La guerre des Malouines, en 1982, donna lieu à un rapprochement comme jamais les deux pays n'en avaient connu depuis l'expédition commune de Suez en 1956. Dès l'invasion des îles le 2 avril 1982 par les Argentins, Mitterrand appelle Thatcher pour affirmer son soutien, court-circuitant le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Claude Cheysson, plutôt pro-argentin. La France a livré à l'Argentine des Mirage et des Super-Étendard, et quelques missiles Exocet, dont l'un coulera le destroyer Sheffield, qu'à cela ne tienne, les Français stoppent les livraisons et envoient aux Anglais différents spécimens de leurs armes pour leur apprendre à les contrer.

 

Revenons à Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev ou Gorbatchov (en russe : Михаил Сергеевич Горбачёв, le favori du KGB pour succéder au cacochyme Constantin OustinovitchTchernenko.

 

Avec le recul, les trente mois (novembre 1982-mars 1985) qui séparent la mort de Leonid Brejnev de la nomination de Mikhaïl Gorbatchev à la tête du PCUS apparaissent comme une période d’immobilisme, d’attente indécise d’une « gérontocratie au pouvoir » incapable de prendre les mesures urgentes qu’imposait une situation dégradée, tant sur le plan économique que sur le plan international.

 

Toutefois, la nomination de Iouri Andropov avait suscité sinon l’espoir d’une nouvelle « détente », du moins de très nombreuses interrogations sur le « cours nouveau » que ne manquerait pas d’impulser le chef du KGB. Était-ce le signe que la police politique était en train de prendre le dessus sur le parti ? Le KGB allait-il remettre en cause la légitimité d’un appareil politique gangrené par la corruption et les mafias ? Toutes ces spéculations allaient faire long feu. Non seulement I. Andropov ne resta au pouvoir qu’une quinzaine de mois (novembre 1982-février 1984), mais, après sa mort, le pouvoir suprême revint à Constantin Tchernenko, le rival malchanceux qui avait été évincé de la succession de L. Brejnev au profit d’Andropov. Les treize mois au cours desquels C. Tchernenko occupa le poste de secrétaire général ne se distinguèrent guère de l’« épisode Andropov ». L’interrègne commença et s’acheva dans l’immobilisme.

 

Mikhaïl Gorbatchev, fils d’un conducteur de moissonneuse-batteuse, s’était élevé rapidement dans la hiérarchie communiste en devenant à moins de 50 ans un membre à part entière du Politburo. Le KGB avait reconnu en lui le chef énergique qu’elle espérait : un réformateur, un visionnaire qui avait voyagé en dehors du bloc soviétique, le contraire de la gérontocratie étroite d’esprit.

 

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L’été 1984, le Foreign Office avait tâté le terrain en l’invitant à venir en Grande-Bretagne. Charles Powell, premier conseiller de Margaret Thatcher, lui présenta cette visite comme « l’unique occasion de savoir ce que la nouvelle génération des dirigeants soviétiques a dans la tête. »

 

L’histoire a dépeint Gorbatchev sous les traits d’un progressiste libéral. Futur architecte de la glasnost (ouverture) et de la perestroïka (réforme), il transformerait l’Union Soviétique et mettrait en place les forces qui la démantèleraient. Mais en 1984, rien n’était encore visible. Margaret Thatcher et Gorbatchev se tenaient sur les deux rives d’un vaste océan politique et culturel. La réussite de leur réunion était loin d’être acquise.

 

La méfiance dont les deux adversaires avaient hérité était réciproque. Gorbatchev, façonné par le système, était un membre dévoué  du Parti. Margaret Thatcher, elle, était une farouche adversaire du communise – philosophie qu’elle condamnait pour son immoralité et sa tyrannie. « Le Kremlin a-t-il une conscience, » s’était-elle interrogée un an plus tôt au cours d’un discours donné à la Fondation Winston Churchill aux États-Unis.

 

Mikhaïl et Raïssa Gorbatchev débarquèrent à Londres le 15 décembre 1984 pour une visite de huit jours. Il était prévu quelque loisir pour faire des emplettes et du tourisme dont un pieux pèlerinage à la British Library, devant la table où Karl Marx avait rédigé Le Capital. Mais la diplomatie était au cœur du voyage, les deux adversaires de la Guerre Froide se sondant prudemment au cours de réunions à Chequers, la résidence secondaire du Premier Ministre.  

 

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Et c’est là qu’intervient l’homme du KGB en poste à Londres, Gordievsky, qui s’était mis au service du MI6.

 

Chaque soir Gorbatchev exigeait un résumé de trois ou quatre pages donnant le programme des sujets de discussion du lendemain. Le KGB ne pouvait pas le lui fournir. Le MI6, si. C’était la chance de s’assurer que les deux camps joueraient à armes égales et de prouver à Moscou la valeur de Gordievsky. E MI6 se fit communiquer par le Foreign Office les sujets que le ministre, Geoffrey Howe, aborderait le lendemain. Dès que Gordievsky les avait en main, il se hâtait de les taper en russe et de les remettre à l’officier chargé du mémorandum quotidien. « Bravo ! s’exclama Nikitenko (ndlr. son chef) en les lisant, c’est exactement ce dont on a besoin ! »

 

Par ce tour de passe-passe, les sujets de Howe devinrent ceux de Gorbatchev. Mot pour mot.

 

La visite du dirigeant russe fut un immense succès. Malgré leurs divergences idéologiques, Margaret Thatcher et Gorbatchev se trouvèrent sur la même longueur d’onde. Certes les moments de tension ne manquèrent pas. Quand le Premier Ministre se lança dans l’éloge de la libre entreprise et de la concurrence. Quand Gorbatchev insista sur la supériorité du système soviétique et invita son hôtesse à venir voir par elle-même les vies joyeuses des citoyens soviétiques. Ils se disputèrent sur le sort des dissidents, dont Andreï Sakharov, et sur la course aux armements. Lors d’un duel épique, Margaret Thatcher accusa l’URSS de financer les mineurs. Gorbatchev le nia en bloc : « l’Union soviétique n’a transféré aucun fond au Syndicat des mineurs. » Puis, après avoir jeté un coup d’œil en coin à son chef de la propagande, il ajouta : « À ma connaissance. » c’était un fieffé mensonge et le Premier Ministre le savait. Au mois d’octobre, Gorbatchev avait signé l’autorisation de débloquer 1,4 million de dollars en faveur des grévistes.

 

De nombreux observateurs remarquèrent que le courant entre les deux personnages d’État était palpable. À la fin des discussions, Gorbatchev se déclara très satisfait. Margaret Thatcher aussi : « sa personnalité n’a rien à voir avec les ventriloques figés que sont les apparatchiks moyens. »

 

Dans une note adressée à Reagan, Mme Thatcher affirma : « J’ai trouvé un homme avec qui on peut parler business. J’avoue qu’il m’a plu – bien qu’il soit totalement loyal au système soviétique. Mais il est prêt à écouter, à dialoguer et à se forger son opinion.

 

En mars 1985, Tchernenko casse enfin sa pipe. Gorbatchev est aux manettes, le début de la fin de l’empire soviétique…

 

30.12.2014

La Grande-Bretagne a déclassifié les documents secrets sur la première rencontre du dernier dirigeant de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev et la première ministre britannique Margaret Thatcher, annoncent mardi les médias internationaux.

 

Selon ces documents, Gorbatchev a plu à la Dame de fer lors de leur première rencontre en décembre 1984.

 

"J'ai sans aucun doute trouvé que c'est un homme avec qui on peut faire des affaires", et améliorer les relations entre l'Occident et l'URSS, a écrit la chef du gouvernement britannique dans une lettre adressée au président américain de l'époque Ronald Reagan.

 

Selon la Dame de fer, "Il (Gorbatchev) a une attitude relativement ouverte et intelligente. Il est affable, a un certain charme et de l'humour".

 

L'ancienne dirigeante britannique, morte en avril 2013, souligne avec amusement que M. Gorbatchev a semblé quelque peu désarçonné par ses questions.

 

"Il n'a clairement pas l'habitude de ce genre de questionnement rigoureux auquel je l'ai soumis sur des choses comme les droits de l'homme dans l'Union soviétique", a-t-elle remarqué.

 

Ces documents ont été publiés mardi par les Archives nationales en vertu de la règle qui autorise que tous les fichiers secrets du gouvernement soient rendus publics au bout de trois décennies.

Comment faire parler une taupe : « L’Espion et le Traître », de Ben Macintyre

L’historien britannique a enquêté sur Oleg ­Gordievsky, agent du KGB « retourné » par Londres en 1972. Une palpitante chronique de la guerre froide finissante.

ICI 

 

Paisible retraité, Oleg ­Gordievsky affectionne le style british avec cravate club et veste en tweed. Il habite, dans une anonyme banlieue anglaise, un banal cottage dont la protection a été encore renforcée après la ten­tative d’assassinat du transfuge russe Serguei Skripal en mars 2018. « Il ne sort désormais quasiment jamais de chez lui ; il est comme un prisonnier de l’histoire », explique Ben Macintyre, joint par « Le Monde des livres ». L’historien et chroniqueur au quotidien The Times (né en 1963) est l’auteur d’une passionnante enquête sur cet agent double, ­condamné à mort en Russie en 1985, L’Espion et le Traître. Haut cadre du KGB, il avait fourni aux services britanniques, pendant plus de dix ans, des informations cruciales sur les rouages des services ­soviétiques et leurs réseaux, mais surtout sur ce que pensait et planifiait le Kremlin en un moment-clé de la guerre froide.

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commentaires

P
Comment s'étonner de l'estime de chacun de ces dirigeants l'un envers l'autre. Ils avaient repéré qu'ils étaient du même métal et que la grande affaire de leur vie était le Pouvoir avec tout ce que cela comprend , étrangé à tous ceux ne partageant pas la même soif, dont l'indispensable cynisme pratiqué avec un tel talent qu'ils le placent au rang des beaux arts.<br /> Le plus drôle de cette chronique, et je ne m'en lasse jamais, c'est l'évocation de la guerre des Malouines ou un exocet s'abat sur un navire britannique. Exocet de fabrication française et répertorié comme tel dans les ordinateurs du navire.Il est repéré par les radars comme "Ami" et du coup, personne ne bouge, jusqu'a ce que l'ami entre sans frapper ! Comme quoi nos vaillants états majors et leur ribambelle de conseillers techniques et stratèges de haut vol ne sauraient penser à tout. J'imagine, avec toutes ces ventes d'armes tout azimut, à n'importe qui pourvu qu'il soit solvable, ce qu'il adviendrait dans un conflit un peu plus étendu que cette bataille guéguerre d'un autre temps ou seul dieu ou le diable saurait reconnaître les siens.<br /> J'me marre, mais j'me marre...
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