J’adore l’imparfait du subjonctif !
J’espère que vous le goûtassiez aussi et que comme les adhérents de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de Crémant, réunis en assemblée générale le vendredi 24 mai 2019 que nous le goûtassions ensemble.
J’ai une grande expérience des AG agricolo-viticole, je m’en suis tapés une flopée.
Afin d’agrémenter la séance, les rapports divers et variés prévus par les statuts ne sont guère bandants, le président (pas de féminin) et son bureau se creusent le ciboulot pour dénicher un harangueur en capacité d’apporter la dose de piments réveillant les congressistes en proie à une somnolence postprandiale.
Selon leurs moyens c’est soit grosse pointure, soit un second couteau, soit dans nos temps post-modernes un petit gars qui sait manier la glose marketing comme Rafael Nadal sa raquette.
Tel fut le cas à cette AG de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de Crémant, le dénommé Guénaël Revel, auteur et journaliste spécialisé dans les vins effervescents, leur a délivré 1 série de recommandations canons.
« Vous produisez parmi les meilleurs vins effervescents du monde, mais le problème est que vous ne le savez pas et que vous ne savez pas le vendre » a-t-il déclaré en guise de préambule.
Et prenez ça dans la tronche, le petit gars installé à Montréal qui jouit du petit nom de « monsieur bulles » a fait du Djokovic.
Dire qu’il a tort serait de ma part ironiser à bon compte mais j’ai décelé de suite une faille énorme dans son raisonnement : tout ce brave et petit monde des crémants frenchies écoule ses bulles sur notre vieux marché domestique, via la GD et les particuliers.
Qui y-a-t-il face à eux dans les bulles ?
Ben le seigneur champagne qui impose avec ses bulles premier prix un plafond auquel se cogne, sauf des exceptions liées à de belles signatures, nos braves et bons crémants.
17 décembre 2018
Le champagne « populaire » existe je l’ai rencontré en GD pas la peine de se payer une boîte de sardines à l’huile ou un œuf dur pour aller avec… ICI
Le positionnement prix ne se décrète pas dans notre France où les marques de vins tranquilles ou effervescents comptent pour peanuts.
Alors le couplet sur les niveaux de prix de vente des crémants, qu'il considère insuffisants : « Trouver des bouteilles à 8€, voire moins, m'offusque. Vous envoyez le message que le crémant est un vin accessible et vous perdez en crédibilité ».
S’offusquer est un beau sentiment mais ça ne change rien au film.
Tandis qu'aux Etats-Unis un mousseux « prestige » se valorise 55$, une cuvée de crémant du même niveau dans la gamme est vendue à 12€ en France.
« A ce prix, vous êtes moins cher qu'un prosecco DOCG », a-t-il aussi rappelé.
Autres exemples donnés : celui du mousseux « Raventos i blanc », vendu environ 30€ le col et qui « marche très bien », ou encore celui des effervescents californiens valorisés en moyenne 25$ aux Etats-Unis : « Ils se vendent mieux que vous malgré des prix élevés », a-t-il insisté pour mieux convaincre. Le journaliste a également préconisé un élargissement des gammes tarifaires pratiquées, en créant des écarts plus importants entre les prix d'entrée et les cuvées « prestige » qui « devraient valoir au minimum le double ».
Ben oui, tout ça c’est connu, j’ai trop vécu le bal des marqueteurs à Limoux jouant ce même refrain à l’envi pour affirmer que c’est bien joli mais comme le disait Chaban de la société française le foutu marché domestique gaulois s’en tamponne le coquillard.
Pour le reste des objurgations de monsieur Bulles :
- « Communiquer davantage sur l'image « France, son art de vivre, sa gastronomie », qui restent reconnus et continuent de faire rêver partout dans le monde : « Elle n'est pas suffisamment véhiculée, estime Guénaël Revel. Il faut la vendre et la rendre visible sur les étiquettes, avant celle la région, par exemple par un logo, un drapeau ».
- Promouvoir leurs bulles en lien avec la cuisine locale : « Vos crémants se comportent bien à table, proposez plus d'événements gastronomiques avec leurs produits ». Constatant des étiquettes de crémants trop « vieillottes », les packagings des bouteilles doivent aussi selon lui être modernisés.
- le RoyaumeUni, qu'il conseille de cibler: « c'est un marqueur et un fossoyeur de mode. Demain, les consommateurs anglais passeront à autre chose que le prosecco. C'est un pays fiable, précis, esthète, à attaquer absolument pour les crémants ».
- La solidarité et la collectivité, clés de la réussite d'un vignoble : Guenaël Revel a pointé du doigt le manque de solidarité à l'intérieur même de chaque vignoble, entre producteurs, qui n'arrivent pas à se fédérer pour porter un message groupé et qui se voient comme concurrents. « Or le concurrent n'est pas votre voisin ou la région voisine qui élabore aussi du crémant. Il se trouve en Italie, en Allemagne, en Espagne », at-il expliqué. Et de citer comme exemple la bataille qui oppose les deux syndicats de la Clairette de Die et du Cerdon au sujet de la clairette rosée. « On a assisté à une vétille typiquement gauloise qui fait sourire la concurrence hors de France », rapporte-t-il.
Vu mon grand âge, touché par les derniers sédiments de la charité chrétienne amassés dans ma jeunesse vendéenne, je me contenterai de souligner que ça a la couleur, l’odeur, la saveur des prêches des missionnaires venant en chaire tenter de raviver la foi des fidèles. En pure perte, les paroissiennes écoutaient avec ferveur, les paroissiens en profitaient pour roupiller, ça faisait plaisir au curé mais ça n’a pas empêché les églises de se vider.
Le faire plutôt que le dire, ça fait 20 ans que tel sœur Anne je guette et je ne vois rien venir.
« J’ai toujours voulu que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. »
Henri BERGSON
Qui est Monsieur Bulles ? ICI