Mémé Marie n’était pas un cordon bleu, elle assurait les tâches les plus humbles : faire un sort à la volaille, au lapin, écosser les petits pois, épibosser les tourteaux ou les araignées, faire la vaisselle, nourrir la basse-cour, mais c’était elle qui préparait le café.
Dans un grand faitout d’eau posé sur le coin de la cuisinière à bois, autrefois c’était sur un trépied au-dessus de la cendre chaude de la cheminée, elle versait du café moulu avec son moulin manuel, elle ajoutait de la chicorée Leroux. Fallait pas que ça bouillotte, café boulu café foutu.
Le Bourg-Pailler était une maison accueillante, les femmes du bourg, la factrice, les clients de mon père, y défilaient. La mémé, immanquablement leur proposait une petite tasse de son café. Elle plongeait sa louche dans le faitout, remplissait une cafetière en métal émaillé pour porter le café à température, et le servait. Tout le monde y ajoutait des morceaux de sucre, les hommes faisaient des rincettes avec de la goutte. Je ne peux vous dire s’il était bon car je n’étais pas autorisé à consommer du café.
En revanche, le dimanche, après les vêpres, le café de mémé était accompagné de quatre-quarts. Celui-ci était acheté à la boulangerie Remaud, c’était Madeleine la grande copine de ma mère qui le préparait.
À certaines occasions, ma dite mère, cordon bleu de première catégorie, s’en chargeait.
Enfin, pour les communions privées ou solennelles, on en fabriquait des fournées, qui cuisaient dans le four banal de la maison chauffé au bois par le pépé Louis. C’était pour distribuer à la parentèle et aux amis.
La phrase culte, citée en titre, « Vous reprendrez bien une part de quatre-quarts avec votre café ? » reste pour moi le meilleur antidote au déclin de la convivialité, de l’accueil.
Les bretons ont annexés le quatre-quarts, qu’ils se contentent de leur far ou de leur kouign-amann gorgé de beurre salé.
Le quatre-quarts est universel.
C’est un gâteau facile à réaliser, si ce n’est qu’il faille monter les blancs en neige dans la recette moderne.
4 œufs et l’équivalent en poids de beurre, de sucre, de farine.
Facile à retenir pour les sous-doués.
Un peu de levure l’aidera à mieux lever.
Four à 180° 30 mn
La recette classique
Ingrédients
1 sachet de levure chimique
1 pincée de sel
4 oeufs
Le même poids que les 4 œufs
- en farine
- en beurre
- en sucre en poudre
Mode opératoire
Tout d’abord, faites préchauffer votre four à 180° (thermostat 6).
Faites fondre le beurre demi-sel. Laissez-le refroidir un peu.
Dans un saladier, mélangez les œufs et le sucre. Réservez.
Dans un autre saladier, mélangez la farine, la levure et le sel. Formez un puits au milieu dans lequel vous verserez les œufs et le sucre. Battez le tout doucement avec un fouet jusqu’à que vous obteniez une pâte homogène.
Rajoutez le beurre fondu à votre préparation et mélangez le tout.
Prenez un moule à cake de préférence : beurrez-le) et versez-y votre préparation.
Mettez votre quatre-quarts à cuire pendant 50 mn.
Le quatre-quarts devant obtenir une croûte bien dorée, veillez à ce qu’il ne soit pas trop cuit sur le dessus, sinon recouvrez le dessus du moule d’une feuille en aluminium et baissez la température.
Pour faire le café comme mémé Marie :
Mélangez le café moulu, la chicorée Leroux et l’eau dans un faitout (la proportion café et volume d’eau est laissé à votre appréciation, sachant qu’un faitout fait 6 litres) ; Remuez un peu pour rendre l’ensemble homogène.
Mettez le faitout sur le feu, et remuez le mélange de temps à autre quand il se met à chauffer. Laissez bouillir pendant deux minutes sans couvrir, avant de retirer le faitout du feu.
Laissez décanter.
Puisez le café avec précaution à l’aide d’une louche pour emplir soit une casserole, soit une cafetière traditionnelle en métal émaillé.
Faites réchauffer à feu doux.
C’est très jus de chaussette…
Pour la goutte allez du côté de chez Cazottes.