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12 mai 2019 7 12 /05 /mai /2019 06:00
J’ai 70 balais, qui que vous soyez, pourriez-vous cesser de me gonfler avec vos hypocrites conseils pour ma bonne santé ?

Les conseilleurs ne sont pas les payeurs prétend la sagesse populaire, en quoi  ma santé, comme celle de mes concitoyens, préoccupe-t-elle la puissance publique au point de nous bombarder de conseils du type :

 

« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération »

« Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour »

« Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière »

« Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé »

« Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas ».

 

Sur l’autre versant, et du côté du vin c’est récurrent, on s’échine à nous démontrer que c’est bon pour notre santé, puisque maintenant pour le vin on prône la modération, pour la bouffe on s’engage dans le « sans » après avoir joyeusement bourrés les aliments prêts à consommer de saletés.

 

La médicalisation de l’alimentation comme de la boisson est une idiotie qui se vautre dans des slogans, c’est la porte ouverte à l’infantilisation du citoyen.

 

C’est quoi la santé ?

 

L'Organisation Mondiale de la Santé en donne une définition qui n'a pas changé depuis 1946 :

 

La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.

 

La définition de la santé donnée par le Robert : « bon état physiologique d’un être vivant ; fonctionnement régulier et harmonieux de l’organisme pendant une période appréciable, indépendamment des anomalies ou des traumatismes qui n’affectent pas les fonctions vitales (un aveugle, un manchot peuvent avoir la santé). La santé correspond à une idée de la norme (opposée à la pathologie) ; elle n’est pas seulement l’absence de maladies, de symptômes pathologiques, mais suppose l’absence de menace prévisible et un certain bien-être physique. »

 

La santé publique : « l’ensemble des techniques propres à prévenir les maladies, à préserver la santé, à améliorer la longévité des individus par une action collective. »

 

La santé est donc plus un objectif qu'un état, et ceci pour plusieurs raisons.

 

D'abord parce que l'état physique varie d'un moment (d'un âge) à un autre chez une même personne en fonction de son activité, de son alimentation, des heures de sommeil qu'elle s'offre ou se refuse, de son environnement, etc.

 

Ensuite parce que le corps humain n'est pas statique : il change en permanence. Entre la conception et l'âge adulte, les organes se développent de manière quasi continue (on considère ainsi que le développement du cerveau ne cesse qu'autour de l'âge de 25 ans). Passé l'âge adulte, le corps continue à changer selon qu'on le stimule ou qu'on le laisse s'avachir ; et bien sûr il vieillit sous l'effet conjugué de l'activité physique, de l'environnement, du régime alimentaire, des événements normaux (grossesse(s), allaitement) ou accidentels de la vie.

 

L’équation santé est à multiples inconnues ce qui devrait rendre plus modestes ceux qui disent vouloir nous maintenir en bonne santé.

 

Pour ma part, comment suis-je arrivé à 70 balais en bonne santé ?

 

Je n’en sais fichtre rien sauf que j’ai eu la « chance » d’être bien nourri, d’avoir eu une enfance frugale et heureuse, d’avoir été un petit sauvageon aimé, de m’être bien nourri, d’avoir exercé une activité professionnelle protégée de certains risques, d’avoir fait du vélo chaque jour dans une métropole polluée, fumé un peu des cigarettes roulées et des cigares avant de m’arrêter, fait la fête, dansé, aimé, voyagé, bu du vin ordinaire avant de tomber dans le tonneau du vin nu, avoir peu fréquenté mon médecin et mon pharmacien sauf pour mes migraines (je fus un grand migraineux), côtoyé des gens intéressants, fait un job intéressant, été un pessimiste actif, géré des situations de crise, fait de la médiation, « gouverné » un peu ce foutu pays, d’être passé tout près de la mort lorsque mon syndrome de Kent me fit conduire par le SAMU à l’hôpital Lariboisière, pin-pon dans un Paris nocturne, 3 beaux petits-enfants, une belle vie quoi…

 

 

22 septembre 2006

Vivre tue

 

La vie sociale est un segment de droite avec N pour origine et M pour fin. L'avant et l'après ne la concernent pas. À notre naissance nous entrons dans un univers inconnu sans l'avoir ni voulu, ni souhaité et, sans en maîtriser les conditions spatiales et sociales : « on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas les trottoirs de Manille pour apprendre à marcher..." chante Maxime Leforestier. Au début de notre vie sociale, nous sommes dépendants, ensuite nous sommes à la barre : vie professionnelle et personnelle, puis... parcours-type qui peut-être interrompu, brisé à tout moment par un événement sur lequel nous n'avons pas de prise : la mort. Certes on peut s'assurer sur la vie mais ce n'est pas un passeport pour l'immortalité.

 

Bien sûr il y a des variantes à ce schéma-type mais ce qui me préoccupe ce matin c'est de constater que de nos jours on ne meurt pas que de sa propre mort, on peut être jugé responsable de sa mort parce qu'on  a commis des abus, parce qu'on ne s'est pas conformé aux règles du Code de la Santé Publique. En mourant on est jeté en pâture et on entre dans l'univers impitoyable des statistiques.

 

Alors ce matin j'innove en proposant pour améliorer la sécurité de notre vie sociale d'instaurer un PERMIS A POINTS de SECURITE SANITAIRE.

 

ICI 

 

Bref nous vieillirons tous dans le sanitairement correct, les moins vieux pousseront les fauteuils des plus vieux, nous regarderons ensemble dans nos centres médicalisés des séries américaines pleines de gens bourrés, dopés, en sirotant notre orangeade, tous vêtus du même peignoir floqué d'un grand carré blanc cerné de noir avec, écrit en noir : VIVRE TUE ou VIVRE NUIT GRAVEMENT A NOTRE ENTOURAGE...

 

La santé publique est une chose trop sérieuse pour qu'elle soit confiée aux seuls médecins...

 

 « La Santé c’est un mythe » à la bonne vôtre...

 

Le psychanalyste Jacques-Alain Miller décrypte le paradoxe de l’homme occidental qui, «n'a nourri autant d’angoisses, ni vécu aussi longtemps. »

 

Jacques-Alain Miller, né le 14 février 1944 (75 ans) à Châteauroux, est un psychanalyste français. Il a contribué à la fondation de l'École de la cause freudienne et est éditeur des séminaires de Jacques Lacan, dont il est le gendre. Il est le frère de l’autre, le bouffon, Gérard.

 

Le Point : Pourquoi, dans nos sociétés occidentales, la peur semble-t-elle progresser plus qu'ailleurs ?

 

Jacques-Alain Miller : Parce que ce sont les plus « technicisées ». Le sociologue Ulrich Beck l'a montré, la technique donne naissance à une « société du risque » : quand vous vous déplacez à cheval, tout dépend de votre habileté à vous, et de votre connaissance de la bête en question ; quand vous prenez l'avion, votre sécurité est hors de vous, car votre vie dépend d'un réseau de systèmes complexes, auxquels vous devez vous fier a priori. Mais la société du risque devient une société de la peur dès que la science cesse d'inspirer confiance. C'est le cas aujourd'hui : chacun est intimement persuadé que le grand « sujet supposé savoir » ne sait pas tout, qu'il est troué comme un gruyère, et qu'il avance et produit à l'aveugle.

 

Le Point : Nos sociétés n'acceptent le risque qu'à condition de le quantifier...

 

Jacques-Alain Miller : En effet. Le sujet supposé savoir est maintenant mis au défi de prévoir l'avenir. Demain, vos maladies, on n'en fera plus seulement le diagnostic, on vous les prédira à partir du décryptage de votre génome. D'où l'émergence de nouvelles peurs, inédites, purs produits du calcul statistique.

 

Le Point : Notre santé, et en particulier notre alimentation, nous préoccupe le plus. Comment expliquez-vous cette peur ?

 

Jacques-Alain Miller : C'est ce qui résulte de la « mise en sécurité » comme attitude fondamentale de l'homme contemporain. Chacun est à lui-même son bien le plus précieux. Chacun se rapporte à soi-même comme à un objet, à un avoir, non à un être. L'impasse, c'est que la santé est parfaitement aléatoire. Il n'y a pas de science de la santé, disait Canguilhem, l'épistémologue de la biologie. La santé, c'est un mythe.

 

La hausse inexorable des dépenses de santé dans le monde pourrait bien être un enjeu majeur pour le capitalisme contemporain. Je suis d'avis que, dans un avenir relativement proche, le soutien moral, social et politique dont bénéficie le capitalisme sera sérieusement mis à l'épreuve par l'augmentation constante des coûts de systèmes de santé qui se veulent égalitaires.

 

La hausse des revenus, le vieillissement de la population et les nouvelles technologies ont permis de prolonger la vie et d'en améliorer la qualité. Ce phénomène a entraîné une hausse des dépenses de santé supérieure de 3,5 % à celle de l'ensemble des revenus aux Etats-Unis depuis plusieurs dizaines d'années. Certains économistes de premier plan prévoient que ces dépenses, qui représentent déjà 16 % de l'économie américaine, atteindront 30 % du PIB vers 2030, voire 50 % un peu plus tard. D'autres pays à revenus élevés ou intermédiaires connaissent le même type d'évolution et ne tarderont pas à se retrouver dans la même situation.

 

Le début du XXIe siècle a sonné la fin de toutes les idéologies qui menaçaient le capitalisme. Mais ce qui se passe en matière de santé pourrait bien changer la donne. Dans beaucoup de sociétés, les soins sont perçus comme un droit. Il y a cinquante ans, lorsque les dépenses de santé ne représentaient qu'un faible pourcentage des revenus, la conception égalitaire de la santé était un luxe abordable. Elle entraînait des coûts directs et indirects relativement modestes. A partir du moment où les dépenses de santé représentent un tiers du revenu national, le socialisme de la santé tourne au marxisme : à chacun selon ses besoins. Même le capitalisme autoritaire de la Chine finira par souffrir de ce phénomène. Cela se produira lorsque ses populations rurales, dont l'accès à des médecins et à des hôpitaux est aujourd'hui limité, manifesteront leur mécontentement.

 

On entend souvent dire que les soins aux personnes âgées représenteront une part majeure de l'augmentation des dépenses dans les années à venir. Mais, si l'on examine attentivement les prévisions du Congrès américain par exemple, il apparaît que le vieillissement de nos sociétés n'est pas le problème principal. La vraie question est de savoir si nous sommes prêts à offrir aux personnes l'égalité d'accès à des techniques médicales toujours plus modernes et plus perfectionnées.

 

Les tensions actuelles vont se trouver exacerbées par une tendance qui se profile à l'horizon : l'importance croissante des soins personnalisés. Le temps est en effet révolu où l'allongement de l'espérance de vie résultait de précautions collectives relativement peu onéreuses, telles que la fourniture d'eau potable ou le développement des campagnes de vaccinations. Désormais, beaucoup dépend des nouvelles techniques médicales. Dans nombre de pays riches, la chirurgie cardiaque contribue fortement à allonger la durée de vie. Des techniques sophistiquées de diagnostic comme la tomodensitométrie permettent de dépister de nombreux cancers à un stade suffisamment précoce. Certains chercheurs pensent que, grâce à une meilleure compréhension du génome humain, les médecins pourront un jour prévoir l'apparition des pathologies quinze ou vingt ans en avance et prescrire immédiatement un traitement préventif. Certains experts estiment même que vers la moitié du XXIe siècle nous vivrons facilement jusqu'à 110 ou 115 ans, ce qui laisse présager d'énormes bouleversements dans les comportements sociaux.

 

Outre la réduction de la mortalité, les nouvelles techniques médicales ont des répercussions importantes sur la qualité de vie. Environ 250.000 arthroplasties de la hanche sont effectuées chaque année aux Etats-Unis. Les patients de moins de 60 ans prennent de l'importance dans ce contexte, car les nouvelles prothèses sont compatibles avec un style de vie plus actif.

 

En principe, l'usage des mécanismes du marché pour les soins de santé peut ralentir ou même inverser temporairement l'augmentation des dépenses. Mais l'amélioration de l'efficacité a ses limites. En dernière analyse, on constate que les sociétés qui s'enrichissent dépensent une part toujours plus importante de leurs revenus pour les soins de santé, contrairement à ce qui se produit sur la nourriture par exemple. Les pressions financières stimulent aussi l'innovation, ce qui améliore le bien-être de tous à long terme, mais accentue en même temps les inégalités et les tensions à court terme.

 

Je ne suis pas opposé au capitalisme dans le domaine de la santé publique, mais je pense que ce système sera remis en question, bien plus radicalement que ne l'est aujourd'hui la mondialisation. La plupart des pays n'incitent pas suffisamment les patients et les prestataires à faire eux-mêmes des choix efficaces. Les pressions que subissent actuellement les systèmes de santé risquent d'inverser la tendance qui conduit aujourd'hui à une économie de marché toujours plus libre. Autrement dit, certaines sociétés pourraient bien décider d'être « plutôt rouges que mortes » en choisissant de confier une part de leur économie à un système plus socialiste.

 

KENNETH ROGOFF est professeur à l'université Harvard et ancien économiste en chef du FMI. publié dans les Echos du 3 octobre 2007

 

 

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