Yannick Jadot et sa compagne, Isabelle Saporta, dans le 19e arrondissement de Paris, le 26 mai. LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »
Le buzz de la semaine sur les réseaux sociaux c’est le coming-out amoureux d’Isabelle Saporta (1), ma gourgandine préférée, pensez-donc c’est main dans la main qu’elle a déambulé avec Yannick Jadot pendant sa campagne électorale.
Pour les nouveaux pharisiens, s’afficher avec un politique, comme deux amoureux, alors qu’on cause dans le poste le matin sur RTL c’est péché mortel.
De qui se moque-t-on ?
De nous, tout simplement, Isabelle travaille dans une entreprise privée, où elle délivre un billet d’humeur sociétal, ses convictions sont depuis longtemps connues, affichées, revendiquées, assumées, dans ses écrits.
Elle a eu droit, par l’extrême obligeance, de ce cher Hubert de Boüard de Laforest, à un séjour à la 17e Chambre du TGI de Paris. J’y étais son témoin. Elle a gagnée en première instance et en appel.
Chapeau Isabelle !
Elle assure Isabelle, élève bien ses deux filles, rame comme beaucoup de femmes pour faire bouillir la marmite, alors je dis aux faux-culs, aux hypocrites, à la niche : les chiens aboient la caravane passe.
Moi, qui n’est jamais eu beaucoup de sympathie pour les Verts politiques, en déshérence socialiste, j’avoue que le succès de Yannick Jadot ne doit rien à la chance mais, sans doute grâce à Isabelle, à une perception plus ancrée dans le vécu des gens, surtout les jeunes générations préoccupées d’un avenir climatique incertain.
J’ai appelé ça l’effet glyphosate.
Enfin, le vieux routier que je suis, peut vous assurer que l’amour, le vrai, le profond, bonifie les animaux politiques. Si Michel Rocard avait connu Sylvie bien avant je vous fiche mon billet qu’il aurait eu toutes ses chances à la présidentielles.
Reste à Yannick Jadot à surmonter sa victoire, à ne pas se laisser griser par une élection qui a souvent été favorable aux Verts, à reconstruire avec les débris du PS une alternative crédible à Macron.
Bref, vous l’aurez compris, j’ai de l’estime pour Isabelle, c’est quelqu’un de bien.
Nous reste plus Isabelle, et pourquoi pas Yannick, à prendre un verre de vin qui pue rue Daguerre...
(1) Etre le parti du quotidien »
Autre élément essentiel pour comprendre la campagne de Yannick Jadot : le rôle qu’a joué Isabelle Saporta, sa compagne. Cette journaliste est notamment l’auteure du Livre noir de l’agriculture : comment on assassine nos paysans, notre santé et l’environnement (Fayard, 2011). Elle connaît bien les questions environnementales. Elle rencontre M. Jadot à l’été 2017, lors d’un débat sur BFM-TV à propos des néonicotinoïdes. « J’ai toujours été écolo. Je pense que l’écologie, c’est du terrain », explique Mme Saporta. C’est elle, par exemple, qui va présenter M. Jadot à Benoît Biteau, agriculteur bio. Elle se tient à distance des affaires du parti mais plaide pour une ligne articulée autour de « l’écologie concrète ».
« L’écologie c’est la matrice par laquelle on doit tout repenser, y compris l’économie. On doit trouver des solutions, être le parti du quotidien, insiste Isabelle Saporta. J’ai poussé Yannick à faire du terrain, à rencontrer des pêcheurs, des viticulteurs, des patrons de PME, des artisans qui étaient fâchés avec EELV alors qu’ils sont tous vraiment écolos. On doit avancer ensemble, avec les bonnes idées. » Ce qui fait écho aux propos de M. Jadot lorsqu’il affirma au Point début mars : « Bien entendu que les écologistes sont pour le commerce, la libre entreprise et l’innovation. »