Ma vie de chauffeur d’auto commença dans l’illégalité dans la 2 CV de mon père sur le chemin de la Garandelière où je ne risquais guère de croiser les pandores de la brigade de la Mothe-Achard.
Lors de mon séjour à Pouzauges pour aller à la Fac à Nantes j’achetai la 2CV du curé.
Je fis une petite incursion chez Fiat pour loger ma petite famille mais avant de partir à Constantine en Algérie pour mon service national civil je décidai d’acquérir une 4 L super export en plaques rouges (! Il s’agit de plaques spéciales pour véhicules de tourisme en transit, destinés à l’exportation qui ont été achetés neufs en France mais sont exonérés des droits de douane et de la TVA.
Je suis venu la chercher à Paris.
Nous avons pris le bateau à Marseille pour Annaba, puis nous avons sillonné l’Algérie de l’Est tous les 4, le 4e étant Ulysse mon chien boxer.
Nous avons exploré la Kabylie, les Aurès et le sud jusqu’à Ghardaïa.
Maurice BOUVIOLLE (Beauvais1893 - 1971) Vue de Gardhaïa
Le service durait 18 mois, comme j’étais maître-assistant à la faculté de Droit j’avais 3 mois de vacances mais l’autorité militaire nous interdisait de rentrer en France. Ce qu’aucun d’entre nous ne respectait. Nous reprîmes le bateau mais pour le retour mon trésor de guerre en francs avaient fondu (nous étions payés en dinars algériens) je décidai donc de rentrer par la terre soit via Gibraltar avec mon chien Ulysse comme passager, puis la frontière algéro-marocaine et la traversé d’Ouest en Est de l’Algérie.
Il fallait être complètement givré pour entreprendre ce périple, à la moindre panne, vu l’état de mes finances, c’était la cata. Mais la petite boîte à sardines, vaillante et increvable, ne connut jamais une seule panne.
Je l’ai ramenée à Paris, le seul problème que j’eus avec elle ce fut avec le service des douanes mais en négociant je réussis à éviter de casquer un max.
Parlons d’elle dont on dit que l’ex-Régie envisage de la ressortir en mini-SUV
Plein pot sur une passion française, la 4L
09/02/2011 (MIS À JOUR LE 22/01/2016
par Gérard Conreur ICI
« Comme la 2 chevaux qui ne ressemble à rien, comme cette tour de métal surgie dans le Paris du baron Haussmann, comme encore la Caravelle, le Concorde ou le TGV, le Moulin rouge, le camembert et pourquoi pas le Beaujolais, la 4L est une part essentielle de notre exception culturelle, un fragment intime de notre identité. Quelque chose dont nous seuls étions quasi génétiquement porteurs. Elle n’aurait pas pu voir le jour à Osaka ou à Sidney. Elle est née sur une table à dessin, entourée de fumeurs de Gitanes . Au bistro de l’usine, on parlait d’elle et peut-être déjà des cadences infernales. »
La Renault 4 ©Renault autrement dit la R4 ou encore la 4L voit le jour sur l’Île Seguin en août 1961. C’est une nouvelle réponse de Renault à la 2cv Citroën, réponse ou riposte que n’avait su apporter jusqu’alors la 4 CV. Cette fois, le match va être plus serré et s’il n’est pas décisif dans la gamme des véhicules populaires de grande diffusion, la Renault 4 marquera définitivement l’histoire de l’automobile en France. Deudeuche et Renault 4 nous laissent pantois sur l’inventivité du siècle passé à une époque – la nôtre – où toutes les bagnoles se ressemblent. Ajoutons enfin que ce vingtième siècle avait aussi commis la cocotte-minute et le Vélosolex…
Des années secrètes de la R4 – la phase de conception baptisée Programme 350 – bien peu de choses ont transpiré. Quelques photos ou vues d’artistes… La 350 sera une traction avant. A l’opposé donc, c’est le cas de le dire, de la 4cv. Terminées aussi les courbes arrondies, la nouvelle Renault adoptera la coupe au carré et l’angle droit et quand le beau jour arrive d’une première présentation aux professionnels de la marque, la consternation se lit rapidement sur les visages avec une implacable certitude : avec un look pareil, cette voiture ne se vendra jamais ! La Renault 4 termine sa carrière en 1992 et tient le record de la voiture française la plus fabriquée : 8 135 424 exemplaires.
Deux choses encore, c’est probablement l’une des dernières voitures que l’on pouvait encore démarrer à la manivelle et qui oubliera ce manche de parapluie qui lui faisait office de levier de vitesse ? Enfin, au cours de son existence, la R4 aura vu apparaître les feux de détresse et la ceinture de sécurité. Elle a servi, en livrée rouge, chez les sapeurs-pompiers, en bleu chez les gendarmes, en jaune avec l’oiseau bleu chez les postiers, en blanc nature pour l’armée.
Pierre Overney : mort pour un clown
16 FÉVR. 2018 PAR ALEXANDRE ANIZY BLOG : LE BLOG DE ALEXANDRE ANIZY
Le 25 février 1972, à 14h30, l'ouvrier Pierre Overney mourait d'une balle en plein cœur à l'usine Renault de Boulogne-Billancourt. Bien entendu, ses chefaillons maoïstes ne l'ont pas accompagné au paradis
Morgan Sportès doit avoir des comptes à régler avec son passé : il le fait avec talent dans son récit documentaire Ils ont tué Pierre Overney (Grasset, 2008, c'est ce qui nous importe ici.
« A l'époque, les maîtres à penser de la Gauche prolétarienne, Alain Geismar, Serge July, André Gluksmann, Pierre Victor, envisagent comme horizon de la révolution l'année 1974. » (p.29/271)
Pour cela, les maos français ont investi les usines, parce qu'après mai 68 où une vingtaine de barricades déclencha une grève générale qui faillit renverser De Gaulle, ces minots pensaient : « qu'avec un mois de manifs, trois coups de feu, deux douzaines de morts, on foutrait la société par terre, explique un mao et non des moindres : le ci-devant vicomte Charles-Henri de Choiseul-Praslin (...) allié par ailleurs aux Wendel, les maîtres de la sidérurgie(...) » (p.28/271) En 1969, ils ne sont que 4 maos à pointer chez Renault à Boulogne-Billancourt, mais les hostilités commencent en janvier 1970 avec l'initiative de prolos : la bataille du métro (il s'agissait de bloquer tous les soirs le contrôleur de la RATP et ainsi de faire voyager gratuitement les ouvriers qui rentraient chez eux). « Pierre Overney, "qui était de toutes les bagarres", car il aimait la cogne, participera à la "Bataille du métro". » (p.36/271)
Que faisaient les maos au sein de l'usine ?
« Trente ans et quelques plus tard, Bouboule s'est posé la question :
― C'était pas tout à fait faux, ce que disait la CGT : je me baladais partout dans l'usine, dans n'importe quel atelier, sans autorisation, avec dans la poche ventrale de mon bleu de travail un énorme paquet de tracts que je distribuais... On me laissait faire, alors que c'était un motif d'expulsion. J'aurais pu être viré quarante fois ! » (p.40/271)
Quand on connaît la rigueur des systèmes d'organisation de la production, on se dit, comme la CGT, que ces maos jouissaient d'une grande indulgence. Ici comme à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm (Paris, 5ème arrondissement).
La Gauche Prolétarienne est interdite le 27 mai 1970. Ses membres rentrent alors dans une clandestinité... toute relative puisque :
« Les flics savaient qu'il y avait des réunions à Ulm, que Victor était là. On comptait dans ces assemblées jusqu'à cent cinquante personnes. Victor présidait comme porte-parole de Sartre. » le grand chefaillon Pierre Victor, apatride sans carte de séjour, doit toutes les quinzaines pointer à la préfecture de police ;
« (...) Victor a coopté au comité exécutif de l'organisation, où se prennent toutes les décisions importantes, un ancien mineur de fond : Paupaul ! Or ce Paupaul est une taupe. Son agent traitant est le commissaire Jacques Harstrich, des Renseignements Généraux. » (p.61/271)
Dans l'épopée de la GP, tout est à cet avenant grotesque.
Pour Pierre Overney, la fin de la mascarade maoïste tolérée par le pouvoir sera tragique, mais elle aura évité un bain de sang :
« Une "manif militaire" ultra-dure est prévue pour le 25 février au soir, à Paris, boulevard Voltaire, XIe arrondissement. On compte sur les Os de la Régie pour grossir les bataillons... Dans les sous-sols de l'université de Jussieu, véritable caverne d'Ali Baba du terrorisme, on fabrique des centaines de cocktails Molotov.
― C'était une vraie folie, raconte Jacky aujourd'hui. Les cocktails Molotov, c'est une arme de guerre. Les partisans russes utilisaient ça pour cramer les chars d'assaut nazis ! Il était prévu de prendre en tenaille les CRS, lors de la manif, et de les bombarder. Il y aurait eu des morts, c'est sûr, les flics auraient tiré, si...
― Il n'y avait pas que les cocktails Molotov de prévus ! ajoute Philippe Tancelin. Certains comptaient apporter des armes... » (p.133/271)
« La violence était prévue non seulement pour la manif du 25, mais aussi pour la distribution de tracts chez Renault qui devait la précéder, précise Philippe Tancelin. » (p.136/271)
Complétons le scénario : aucune tactique de repli n'est mise au point. En clair : on envoie les mômes aux casse-pipes !
Ce 25 février 1972, avant l'action, Pierre Overney, qui vit maintenant avec Geneviève et ses deux enfants d'un premier mariage, et qui, selon le commissaire Poiblanc, « considéré jusqu'ici comme instable, bohème, avait commencé à se calmer », déjeune à Billancourt avec des camarades.
« ― Ils l'ont chauffé, ils lui ont fait boire de la gnole ! affirmera le cégétiste Roger Sylvain.
― Ils lui ont bourré la gueule pour l'envoyer au casse-pipe, comme les Poilus de 14 avant le Chemin des Dames, renchérit Michel-Antoine Burnier, journaliste à Actuel, revue underground.
― La victime, Pierre Overney, était dans la phase ascendante de l'ébriété, ajoute le docteur Martin qui remplace à la barre le professeur Lebreton. Cette phase est la plus dangereuse. Le sujet peut devenir agressif et perdre le contrôle de ses mouvements ! » (p.138/271)
Peu après 14 heures, les maos ont attaqué, et Pierre Overney s'est effondré, un trou rouge en plein cœur. Le grand chefaillon Pierre Victor, alias Benny Lévy positionné en retrait dans une rue adjacente, tient maintenant son cadavre chaud, son martyr... Mais il n'en fera rien, forcément.
La suite, Morgan Sportès la raconte bien : Ils ont tué Pierre Overney.
La suite du billet ICI
Geismar à la porte Emile Zola © Horace Photos