Des cons venus…
En ce dimanche 12 mai, 4e dimanche de Pâques, évangile – selon Saint Jean 10, 27-30, j’aurais pu adopter l’orthographe de nos brillants leaders gilets jaunes, purs produits de l’école à la française adepte de la méthode globale.
Si je me suis abstenu, tout en confessant mes mauvaises pensées, ce qui vaut aussi péché comme disait mon curé à propos des rêves érotiques nappant ma couche de cartes de France, c’est que les bonnes âmes de gôche, ceux qui pratiquent l’écriture inclusive, m’auraient envoyé au bûcher des affreux adeptes du mépris de classe.
Lorsque je me suis libéré du joug des curés de ma vieille Vendée, je suis tombé dans la mécréance et je ne fais que pécher sans regrets ni recours à la contrition parfaite permettant de les laver pour 3 pater et 2 ave.
Je regrette pourtant le mercredi des Cendres, le lavement des pieds du jeudi saint, la disparition des cloches me permettant de faire tourner la crécelle, les rogations, la fête Dieu, ma soutane rouge et mon surplis empesé par les bonnes sœurs…
Je plaisante à peine, c’était le bon temps de ma jeunesse sauvageonne à jamais perdue… Je ne sais quand je vais voir, façon de parler, le bout de la route. Alors pour occuper mes jours je lis beaucoup.
Comme vous avez pu le constater je fais des razzias de livres dans mes librairies préférées.
Mes choix ne doivent rien aux critiques, je pratique la pêche à pied au gré de mes humeurs, de mes envies, de mes coups de cœur pour certains auteurs.
Mais, n’étant ni adepte d’une quelconque règle, ni psychorigide, il m’arrive parfois de me fier aux avis que je lis sur la toile.
Il en fut ainsi pour un roman encensé tant sur Face de Bouc que sur Twitter.
Je notai les références sur un petit papelard en compagnie de deux autres bouquins sur les black blocs.
Direction la librairie Gallimard boulevard Raspail.
J’attache ma monture et j’entre.
Fouille dans mes poches, bien évidemment j’ai oublié le papelard, la vieillesse est un naufrage mon pauvre monsieur.
Chez Gallimard on me connaît, face à mon désarroi, mes vagues déclarations, une jeune femme et un jeune homme se mettent en branle pour me dégoter mes 3 bouquins.
Très vite ceux sur les black blocs sont trouvés mais pour le dernier c’est galère.
Je débite quelques précisions, que je ne vous révélerai pas car je risquerais de me retrouver les pieds dans le ciment, je me plante sur la profession officielle de l’auteur tout en me souvenant de son nom.
Enfin, du fin fond de la réserve le jeune homme extirpe le livre en me disant gentiment c’est un polar alors que j’avais affirmé le contraire.
Je paye, fais tamponner ma carte de fidélité et je rentre au bercail.
Bien sûr, une fois ôté le bandeau faisant référence à un Ellroy du Sud je me plonge dans le polar.
Dieu que c'est long, je suis allé au bout, ce fut déconvenue.
« Une expression de déconvenue, de tristesse assombrit son visage charmant. »
Gide, Si le grain, 1924, p. 56
Je n’en dirai pas plus.
Pourquoi ?
Tout bêtement parce que j’ai beaucoup donné cette terre et que j'en ai soupé des clichés...
Le polar ne m'est pas tombé des mains loin de là, il se lit avec intérêt, mais même si l'auteur connaît bien sa terre, trop bien, tout y est, ça manque de rythme, les descriptions sont longues comme des jours sans pain, la météo sinistre est omniprésente, tout est sinistre, les femmes à leur place, petite, le héros est à la limite de la caricature du flic loser, la poulaille locale et les pandores loin de l'humour de Pétillon, les fonctionnaires venus de l'ailleurs à chier, surtout ceux aux ordres de celle ou de celui qui gardent les Sceaux, les politiques et les pouvoirs publics évoqués, les voyous sont minables, ce qui cadre bien avec la réalité, ça patauge, ça s'emmêle, un sac de nœuds à la dimension du lieu, bref à trop vouloir coller à la réalité, avec trop de tout, l'auteur, c'est son premier roman, ne se laisse pas aller, se bride, avec ce matériau il pouvait prétendre à entrer par la grande porte des grands polars bien plus pointus que la littérature absconse des sociologues officiels.
Après avoir terminé d'écrire cette chronique j'ai lu une courte critique du livre dans le canard du camarade Dupont du vin primeur de Bordeaux, on y sent une touche de lauriers un peu convenus.
Bon dimanche à vous tous.
En ce dimanche 12 mai, 4e dimanche de Pâques, évangile – selon Saint Jean 10, 27-30
En ce temps-là, Jésus déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »