Souvenir de la vente chahuté de Roquefort Société à Besnier rebaptisé Lactalis.
J’étais aux manettes, ce fut une rude bataille perdue d’avance sur laquelle je ne reviendrai pas. Je ne citerai pas de noms car deux des protagonistes majeurs sont passés de vie à trépas.
Papa Besnier était à la manœuvre, furieux d’avoir vu lui échapper l’Union Laitière Normande, passé entre les mains de son ennemi héréditaire Jean-Noël Bongrain, il savait que le maillon faible était le Crédit Agricole actionnaire de la Société des Caves à hauteur de 10%. Sans écrire des mots qui fâchent il appliqua le tout s’achète à qui veut se vendre.
En dépit d’une offensive de dernière minute de l’Aveyronnais Raymond Lacombe, alors président de la FNSEA, l’ogre entra dans la maison en faisant patte douce. Juré il ne toucherait pas à un seul cheveu du roi des fromages.
L’appétit insatiable de l’inventeur de Président, avec un sommet le Président de campagne, pour les AOC fromagères était connu, il se fondait, si je puis dire, sur le constat que la notoriété des AOC était le meilleur socle pour vendre des fromages, comme le proclame José Bové, Canada Dry.
Le fils a retenu les leçons du père, en les amplifiant, alors il ne faut pas s’étonner qu’après le camembert il s’attaque avec sa grosse machine Société à un autre monument : le Roquefort.
« La commercialisation d’un bleu de brebis estampillé Société par le groupe Lactalis suscite les foudres de José Bové. Il dénonce un « Canada dry » du Roquefort et s’inquiète pour l’avenir de l’AOP du « Roi des fromages » dont la fête est programmée pour le mois de juin.
José Bové ne décolère pas. Un échantillon du fameux bleu de brebis entre les mains, il fulmine. La boîte en plastique reprend la forme du Roquefort vendu en grande surface par Société des caves. L’étiquette est verte… « Regardez cette étiquette, un bleu de brebis avec Société en logo. Depuis des années, en France mais aussi en Europe, ce logo veut dire Roquefort. Aujourd’hui, c’est un ersatz. Pour le consommateur ce sera du Roquefort mais qui n’est pas du Roquefort. C’est du Canada dry ».
« Ce n'est plus du lait cru, c'est du lait pasteurisé », explique-t-il à l'occasion de la conférence de presse qu'il organisait, mardi 9 avril 2019. « On n'a aucune garantie sur la zone de ramassage du lait ».
José Bové en est sûr : ce fromage à bas prix va faire du tort à l'AOP (appellation d'origine protégée) Roquefort, la plus ancienne de France. « C'est un produit fait par le plus grand industriel de Roquefort. C'est un coup de poignard dans le dos. Jamais on n'aurait pu penser que ça arriverait ».
L'interprofession doit réagir, martèle le député européen. Qui se dit résolu si besoin à porter le dossier devant les plus hautes instances juridiques.