J’aime les belles histoires, celle des raisins du Brionnais conté par mon ami le Vendangeur masqué est de ce tonneau.
Le Brionnais évoque pour moi les cartes de Vidal de la Blache et mon bref passage à Paray-le-Monial lors du voyage en car qui me conduisait à la colonie de vacances des enfants de l’île d’Yeu à Saint Jean de Maurienne.
Le Brionnais-Charolais est une région de bovins, alors pourquoi résister au clin d’œil d’y aller couper du raisin pour faire un beau vin.
C’est une petite région nichée dans l'extrême sud de la Bourgogne, aux confins du Charolais, du Bourbonnais et du Beaujolais. Ses collines verdoyantes composent un paysage paisible et harmonieux.
Chevet de l'église de Saint-Germain-en-Brionnais photo de Cees van Halderen
La nef en berceau
C’est la Bourgogne romane : une trentaine d'églises romanes compose un circuit très intéressant entre Paray et Charlieu, les deux étapes majeures, trésors de l'art de Cluny. Les magnifiques églises aux clochers octogonaux d'Anzy-le-Duc et de Semur, capitale historique du Brionnais, sont parmis les plus belles du département. Les pierres ocrées des petites églises semblent dorées par le soleil d'été. La sculpture abondante des tympans sculptés et des chapiteaux, ainsi que les architectures originales aux hauts clochers.
Tout à la fin de l’histoire je reviendrai sur Vidal de la Blache évoqué par Mona Ozouf dans la toute neuve revue intitulée Zadig, qui se donne la mission de raconter, je cite, « La France à partir de toutes les France »
Conception et naissance d’une nouvelle cuvée du Vendangeur Masqué
« Après la grêle de 2016, le gel 2017 a fait des dégâts qui nous obligé à faire des achats de raisins… C’est Julien Altaber ICI qui travaille avec le Dom Derain qui nous a aiguillés vers les raisins de Jean-Claude Berthillot. Celui-ci recherchait alors à vendre son domaine. L'affaire était en bonne voie, et puis lui aussi a subit le gel. Donc l'affaire de vente succession de son domaine ne s'est pas faite aux jeunes qui devaient racheter. Jean-Claude est un ancien chaudronnier il me semble (à confirmer) qui a créé son domaine, le "Domaine des fossiles". Il vendait surtout autour de chez lui sa production issue des magnifiques collines du Brionnais. Considérant en 2017 que la vente de son domaine ne pouvait se faire, et estimant son stock, il a choisi de vendre sa récolte amoindrie par le gel à Julien et à nous. Jean-Claude nous a vendu des Chardonnays, Sauvignon Gris, et un peu de Pinot. Jean-Claude travaille en bio depuis un moment. »
« Nous sommes descendus avec notre petite équipe chercher ces raisins. Sur la route la pluie et la fraîcheur. Et à chaque fois qu'il pleut je repense à cette musique, comme un balai d'essuie-glace :
Et puis l'essuie-glace a lâché justement. Et pas moyen de l'actionner comme sur une vieille 2CV. On bricole, on continue avant d'arriver ce matin de brume et de grisaille sur les collines du Brionnais. Paysage où au milieu des vallons, les haies, des arbres, et des vaches de l'Auxois, sont perchées quelques vignes de façon éparses. Les maisons ont aussi une jolie couleur dorée comme la pierre du lieu. Ces vignes éparses seraient le reliquat d'un vignoble beaucoup plus important dont Jean-Claude nous a montré de vieilles photos.
« Ensuite sur ce rouge de Pinot, nous voulions faire un vin boisson. Donc vendange entière, les raisins mis en cuve sans que l'on touche au raisin jusqu'en fin de cuvaison. Nous avons obéit aux directives de notre fils Romain. L'absence de pigeage explique la couleur peu intense. De mon côté j'en aurais bien fait un. Après la couleur a fait le nom. »
« Ce fut une belle expérience humaine. Pour différentes raisons. Delphine notre nouvelle employée venait de rejoindre David, et Antoine notre ancien employé qui voulait faire du maraîchage était venu retravailler avec nous pour ces vendanges. Ces vendanges correspondent à mes souvenirs de mes premières vendanges, petites équipes, vignes éparses avant que le Chablisien ne ressemble à ce qu'il devenu. La brume, les effaroucheurs à étourneaux qui flottent au-dessus des parcelles. »
Merci à Alice et Olivier de Moor...
Merci à ICI MÊME 68 Rue de Charenton, 75012 Paris, une des plus belles caves de vin nu de Paris, de m'avoir fait découvrir ce vin choisi par la caviste masquée...
Et voilà, et sur mon balcon d’un dimanche ensoleillé ça donne ça.
Vérigoud !
Retour sur Mona Ozouf qui vient d'offrir à Éric Fottorino un très bel entretien. Elle y évoque « l'enchantement » avec lequel elle a rêvé, dans son école bretonne des années 1930, devant les grandes cartes géographiques accrochées au mur de sa classe. Un magnifique « remède », nous dit-elle, aux « longues plages d'ennui. »
Ces cartes colorées, qui ont contribué à forger dans les jeunes esprits une représentation spécifique de leur pays, étaient alors signées, pour la plupart, du nom de Vidal de la Blache.
Le livre de Vidal de la Blache, c'est Le Tableau de la géographie de la France. Il est sous-tendu par une question qui n'a pas cessé de nous préoccuper jusqu'aujourd'hui, de nous tarauder parfois, et qui est celle de notre originalité collective, de notre identité nationale. Vidal de la Blache s'interroge – déjà !-, tout au long de son ouvrage, sur ce qui a pu constituer cette spécificité sur le long terme, cette unité à partir d'éléments très disparates. A la fois du côté des données spatiales, matérielles et du côté des représentations, des sentiments partagés ou dissonants.
Tableau de la géographie de la France
Publié en 1903, au terme de plusieurs années de gestation, ce monument de la géographie française fête cette année son centenaire. Ouvrage de commande, le Tableau s'insère dans l'Histoire de France (1903-1911) dirigée par l'historien Ernest Lavisse, dont il constitue la préface géographique. A l'origine, il devait paraître avant la fin du xixe siècle. Mais celui qu'on n'aura de cesse de présenter depuis comme le père de la géographie française prend à coeur le projet : il met à profit ses nombreux voyages à travers la France pour noircir ses carnets de notes et de croquis, accumulant ainsi les années de retard. C'est que l'entreprise est d'importance pour l'école française de géographie dont Vidal de La Blache est en train de jeter les fondements : après l'amputation de l'Alsace et de la Lorraine, le Tableau entend contribuer à restaurer « une certaine idée de la France ». Après avoir caractérisé la « personnalité géographique de la France », Vidal de La Blache propose une description région par région, Alsace et Lorraine comprises... Sur le plan scientifique, il promeut une géographie humaine, centrée sur l'étude des rapports entre l'homme et son milieu. Cinq ans après sa parution, le géographe édite une nouvelle édition richement illustrée, sous le titre La France. Tableau géographique. Des générations d'élèves découvriront leur pays à travers les Tableaux, mais aussi les tout aussi célèbres cartes Lablache (le patronyme de l'auteur avant l'option de la particule) accrochées au mur de leur classe.