« C’était la façon de dire à la Cour de Versailles que le comte d’Artois, ennuyé par de sa femme « le gâteau de Savoie », allait chez sa maîtresse Rosalie Duthé.»
L’anecdote est contée par André Castelot.
Le futur Charles X, , le fringant comte Charles Philippe d'Artois, frère cadet de Louis XVI, était marié à Marie-Thérèse de Savoie, il dépensait sans compter pour satisfaire ses deux passions : le jeu et les jolies dames. IL est le beau-frère préféré de Marie Antoinette. Les deux ardents jeunes gens ont en commun une passion immodérée pour la fête, les jeux et les rires.
Marié depuis 1773 à Marie Thérèse de Savoie, le prince se consacrait pour la forme à son devoir conjugal en son château de Saint Cloud. Ses amours et ses aventures galantes le conduisaient de son hôtel particulier de la rue d'Artois à plusieurs maisonnettes discrètes de la capitale et à ce qu'il appelle son « vide bouteille », rue de Reuilly. Il trinque, joue, s'encanaille dans les cabarets de la Bastille et, surtout, marivaude.
Nobles débutantes, boutiquières ou actrices, le frère du roi, grand seigneur, les aime toutes. La comédienne Louise Contat, future créatrice du rôle de Suzanne dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, lui inspire une folle passion. Spirituelle et gaie, elle lui donnera un fils, peu avant de recevoir, en cadeau de rupture, un hôtel particulier à Chaillot. Pendant que son jeune frère mène grand train, dépense sans compter et multiplie les conquêtes, le très raisonnable Louis XVI ne peut s'empêcher de sourire. Surtout, quand on a vu Artois quitter Versailles en catimini et a prétexté une migraine pour se faire excuser de ne pouvoir assister au souper de Sa Majesté. »
Morale de l’Histoire : Argent, sexe... font de nos jours le miel des réseaux sociaux. « Jadis, on cancanait bien dans les dîners en ville, évoquant les aventures prêtées à Giscard avec de célèbres actrices, on s'amusait de la réputation de séducteur à la hussarde de Chirac, on se pâmait à l'évocation des vies secrètes de Mitterrand. On en parlait, mais cela ne s'écrivait pas dans les journaux. Il fallut attendre la divulgation — plus ou moins consentante — des photos dans « Paris Match » de Mazarine, la fille du vieux président, pour que le soupçon devienne une vérité, étalée à la une des magazines.
Aujourd'hui, le téléobjectif d'un paparazzi, et plus encore le simple téléphone mobile d'un quidam, suffit à piéger un(e) politique. Ces derniers jours, la prétendue existence de photos volées d'un candidat à la présidentielle, surpris en galante compagnie, ont ainsi agité les rédactions sans que la rumeur ait pu être vérifiée. Entre le sphinx Mitterrand et le motard Hollande, flashé avec son casque sortant de chez Julie Gayet, le monde politique a basculé. »
Revenons à notre gâteau de Savoie, dont on dit, même si certains le conteste, qu’il aurait été inventé en 1358, à Chambéry, où Amédée VI (1334 - 1383), Comte de Savoie, d’Aoste et de Maurienne recevait alors à sa table son suzerain, Charles IV de Luxembourg mécontent de lui, et dont il voulait s’attirer les faveurs.
Pour plaire à son suzerain, Amédée VI demanda à son maître-queux pâtissier, Pierre de Yenne, de concevoir un gâteau léger comme une plume.
Celui-ci eut l’idée de battre longuement jaunes d’œufs et sucre jusqu’à les faire blanchir, d’alléger la préparation en y incorporant des blancs en neige, de faire cuire sa préparation dans un plat en bois, pour une cuisson plus douce, donnant à la pâte sa légendaire légèreté.
Ce gâteau de Savoie a perduré au fil des siècles suivants, se nommant souvent biscuit de Savoie. Après la Révolution, deux pâtissiers parisiens, Benaud et Tavot, eurent l’idée de remplacer la farine par de la fécule, rendant ce gâteau encore plus léger. Un moule spécifique est attaché au Gâteau de Savoie, la Varenne l’a évoqué ensuite au 17 e siècle. Carême s’en est beaucoup servi : on retrouve souvent les gâteaux de Savoie dans Le Maître d’Hôtel français (1822) et dans d’autres de ses ouvrages.
La recette s'est affinée avec le temps grâce à Massialot au XVIIe siècle et Menon au XVIIIe, acquérant au passage, parfums (zeste de citron vert, cannelle, fleur d'oranger etc.) et sucre glace en même temps que le Savoie devenait un gâteau idéal pour accompagner le thé.
Les anglais, qui n’en ratent pas une, nomment ce gâteau Sponge Cake (gâteau éponge), encore une offense de la perfide Albion
Recette d’Alain Ducasse
INGRÉDIENTS (8 PERSONNES)
Préparation du moule
20 g de beurre
80 g de sucre cassonade
Préparation de la pâte
60 g de farine T 45
60 g de fécule de maïs
165 g de sucre semoule
100 g de jaunes d’œufs
150 g de blancs d’œufs
1 g de sel
Finition et présentation
Sucre glace
Préparation du moule
Mettre le moule à biscuit au réfrigérateur. Beurrer et chemiser soigneusement de sucre cassonade un moule. Réserver au frais.
Étape 2 : Préparation de la pâte
Tamiser ensemble la farine et la fécule. Dans un récipient, verser le sucre et les jaunes d’œufs. Les fouetter jusqu’à ce qu’ils blanchissent et fassent un ruban. Incorporer la farine et la fécule à la spatule en coupant la masse. Dans la cuve du batteur. Monter les blancs en neige avec le sel jusqu’à ce qu’ils soient bien fermes et forment le bec caractéristique au bout du fouet.
Les incorporer délicatement dans l’appareil en soulevant et en tournant le récipient toujours dans le même sens jusqu’à ce que la masse soit sans trace de blanc d’œuf. Verser la pâte dans le moule (26 cm) qui doit être rempli seulement aux 2/3. Tapoter le moule sur le plan de travail.
Étape 3 : Finition et présentation
Préchauffer le four à 170 °C. Cuire pendant 20 minutes puis finir à 150°C pendant 10 minutes environ. La cuisson se vérifie avec une lame d’un couteau qui doit ressortir propre. Laisser reposer 2 minutes à la sortie du four. Démouler le gâteau sur une grille et le saupoudrer de sucre glace.