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28 mars 2019 4 28 /03 /mars /2019 06:00
Le péril jaune : LA BELT AND ROAD INITIATIVE Les ports italiens dans le viseur : Trieste point de passage des nouvelles routes de la soie

Dans notre vieux pays on n’a plus de grands projets reste l’ironie à la sauce Médiapart pour agrémenter le lourd ragoût insoumis, l’aigre paulée aux cochons des nationaux bas du front, les pauvres restes, les maigres épluchures gaullo-mitterrandienne…

  

Mon Président et le Péril jaune

 

Ah, mon Président ! Nous voici, comme à la fin du XIXe siècle, face au risque de voir notre belle Nation livrée à des hordes déchaînées. A l’époque, le Péril jaune était liée au danger que représentait un possible expansionnisme chinois puis, à partir du début du XXe siècle, japonais. Evidemment, vous pourriez dire que les Chinois sont réellement en train de devenir la première puissance économique de la planète, mais nous vous faisons toute confiance pour les stopper à nos frontières par quelque leçon de morale ou conseil bien senti.

Gérard Xavier blog Médiapart.

 

Et pendant ce temps-là la Chine de Xi Jinping dessine La Belt and Road Initiative, développée dans le cadre du « Rêve Chinois »…

 

Un mot d’explication sur le péril jaune :

 

Vers la fin du XIXe siècle, il y eu une période durant laquelle les Blancs craignaient que les Chinois ou les peuples venant d'Asie ne les surpassent et ne prennent la direction du monde. C'est pour désigner ce danger que le terme « péril jaune » a été inventé.

 

Associée à la « fourmilière asiatique », un terme entomologique métaphorique, l'expression « péril jaune » tirerait ses origines de l'Allemagne. Ce serait en effet Guillaume II qui en serait l'instigateur, en septembre 1895. A l'époque, il voulut fédérer les pays occidentaux qui avaient des colonies sur le continent asiatique contre la montée en puissance du Japon et de la Chine.

 

Il a ensuite encore été utilisé plusieurs fois vers le début des années 1900, comme lors du conflit qui opposa le Japon à la Russie.

 

ICI 

 

Pendant que nous nous lamentons, que nous contemplons avec délice notre nombril national, tous aux barricades, enfermons-nous, replions-nous sur nous-mêmes, vivons heureux, vivons cachés mais de grâce ne nous privez pas de nos smartphones car nous ne pourrons plus communiquer entre nous, pauvres de nous…la Chine communiste, le plus beau fleuron du néo-libéralisme tisse sa toile.

 

Cap sur l’Italie :

 

Géopolitique. L’Italie sur le ring entre la Chine et les États-Unis

 

LA REPUBBLICA – ROME

 

En visite officielle à Rome, le président de la république chinoise Xi Jinping, signera samedi 23 mars un accord pour faire rentrer l’Italie dans la Nouvelle route de la soie. Un projet d’infrastructures et géopolitique auquel Washington est farouchement opposé.

 

Sans s’en rendre compte, l’Italie s’est retrouvée sur un ring de boxe. Celui où les États-Unis et la Chine s’affrontent pour le titre de champion du monde des poids lourds. Le pays est ainsi exposé aux coups des uns et des autres, qui frappent au-dessus et en dessous de la ceinture. L’Italie s’offre ainsi à la fois à l’ire du champion en titre, les États-Unis – que nous considérons comme notre allié et qui est de fait notre maître de maison –, ainsi qu’à celle de son unique rival, la Chine, qui aimerait se servir de notre pays pour se rapprocher du centre du ring, occupé par le tenant du titre. Alors que le match menace de se prolonger au-delà du temps réglementaire, reste à savoir comment nous avons fait pour nous fourrer dans un tel pétrin. Et comment faire pour en sortir. Il faut donc comprendre ce que veulent, et ce que peuvent, dans l’ordre, la Chine, les États-Unis et l’Italie.

 

La Chine se sert de la brillante opération baptisée les “nouvelles routes de la soie” pour construire une contre-mondialisation à 360 degrés. Cela fait dix ans que Pékin est convaincu que le système géopolitique et économique centré sur les États-Unis est en pleine désintégration. Il n’entend donc pas y entrer pour y jouer un rôle d’acteur de second ordre : il compte au contraire établir les règles d’un nouveau jeu sino-centrique, auquel les autres pays pourront se joindre. La Belt and Road Initiative [nom donné en anglais aux nouvelles routes de la soie], comporte au moins trois grands piliers.

 

Primo : développer les infrastructures des routes maritimes et terrestres entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe, en investissant dans les ports maritimes et les ports intérieurs. Mais aussi les réseaux ferroviaires, les télécommunications et les routes de la soie numériques. Dans ce but, ces quatre dernières années, Pékin a investi 448 milliards de dollars dans 64 pays. Et 117 milliards de dollars d’investissements sont prévus pour 2019. Quand cela est utile et possible, les Chinois ajoutent à leurs investissements financiers l’exportation de main-d’œuvre (c’est surtout le cas en Afrique, pas en Italie), ainsi que la mobilisation de la diaspora locale (cela vaut aussi pour “nos” Chinois) et des lobbys sinophiles (il en existe chez nous aussi) pour soutenir ses projets.

 

Les États-Unis ne céderont pas la couronne mondiale sans ciller

 

Secundo : pénétrer les systèmes politico-institutionnels des pays impliqués selon le principe de moindre résistance ; ce qui signifie identifier les “ventres mous”, les infiltrer et, à partir de là, se développer. À la différence de la Russie, qui veut tenir l’Otan le plus loin possible de ses frontières, la Chine cherche à y entrer. L’expansion de la sphère d’influence américaine vers l’est de l’Europe lui va très bien parce qu’elle ne la menace pas.

 

Tertio : construire des bases militaires le long des routes concernées. La première se trouve déjà à Djibouti, goulet d’étranglement fondamental situé sur l’axe Pacifique-Indien-Suez-Méditerranée, où sont installées presque toutes les grandes puissances, parmi lesquelles l’Italie. D’autres bases suivront. Certaines (secrètes) existent déjà. Il est probable que le projet chinois, qui s’accompagne d’un discours inutilement arrogant, excède les ressources dont dispose l’empire du Milieu. Il pourrait peut-être même en accentuer la crise, déjà perceptible. Ou bien la transformer en un affrontement direct avec les États-Unis, hypothèse étudiée dans les moindres détails par les forces armées des deux titanesques rivaux. Quoi qu’il en soit, les États-Unis n’accepteront jamais de céder sans ciller la couronne mondiale. C’est pourquoi ils sont dans un état de préguerre contre la Chine (et la Russie). La bataille des droits de douane n’en est qu’une manifestation secondaire.

 

Les ambitions de Pékin se font contenir de toutes parts. Washington, qui considère la Belt and Road Initiative comme une menace vitale – après l’avoir longtemps sous-estimée –, est prêt à faire subir des représailles disproportionnées à tous ceux qui ouvriraient trop grand la porte à Pékin. En particulier si ce sont des alliés. Aujourd’hui, les États-Unis voient, dans l’ordre, la Chine, la Russie et l’Allemagne comme leurs principaux adversaires. Ils estiment que les intérêts de ces pays sont inconciliables avec la suprématie planétaire américaine, qui aujourd’hui se trouve dans un état de délitement manifeste.

 

Figure1.png

 

Les ports italiens dans le viseur ?

 

Aux yeux de Washington, l’Italie est une petite Allemagne : nous partageons notamment avec Berlin une approche douce face à Moscou et Pékin. Les États-Unis menacent de réduire les habituelles rations d’informations secrètes transmises aux Allemands et, parallèlement, aux Italiens ; cette menace ne peut être que rhétorique, car autrement l’Oncle Sam perdrait de sa crédibilité, déjà entachée auprès de ses partenaires et de ses adversaires.

 

Dans la bataille pour les nouvelles routes de la soie engagée par les gouvernements Renzi et Gentiloni [exécutifs guidés par le Parti démocrate, centre gauche, de 2014 à 2018] et accélérée par l’actuel président du Conseil, Giuseppe Conte, l’Italie était, et reste, à la recherche de capitaux. Coincés dans notre vision économiste, qui conçoit les relations de pouvoir comme un marché (voire un souk), nous ne nous sommes par rendu compte des énormes enjeux géopolitiques. Par exemple, si les Chinois essayaient d’installer des centres de collecte de données dans les ports de Gênes ou de Trieste, les Américains l’empêcheraient. Et ils nous donneraient une leçon pour l’avenir. Notamment par le biais des agences de notation (qui leur appartiennent), qui cesseraient d’édulcorer leurs évaluations de l’état de nos finances publiques.

 

Tout cela implique deux choses.

 

Primo, l’Italie a besoin d’urgence d’un centre stratégique national. Nous ne pouvons plus permettre que des autorités locales, des autorités sectorielles, voire de simples individus, prennent des engagements qui concernent la sécurité de l’État, souvent même sans s’en rendre compte. Alors que le match entre les grandes puissances se fait dur, nous, nous glosons sur la délégation d’autres fonctions aux régions [une réforme sur l’autonomie des régions du nord de l’Italie est à l’étude]. Et nous bavassons sur l’Europe, comme si elle existait. Nous nous fourvoyons.

 

Secundo, nous avons pleinement le droit, et même le devoir, d’attirer les investissements étrangers pour apporter du sang frais à notre économie paralysée. Une des priorités évidentes est de raccrocher solidement Gênes et Trieste aux nouvelles routes de la soie et aux infrastructures paneuropéennes en projet. Or si nous nous lions au principal concurrent (la Chine) de notre maître de maison (les États-Unis), nous devrons d’abord convenir avec Washington des lignes jaunes à ne pas franchir. Comme l’ont fait par le passé d’autres États membres de l’Otan mieux avisés que nous. Bref, moins de mémorandums [que l’Italie va signer avec Pékin cette semaine], dont la valeur symbolique irrite les États-Unis, et plus d’investissements, chinois, mais pas seulement.

Le temps de l’improvisation est fini.

Lucio Caracciolo

 

Le port de Trieste, point de passage des « nouvelles routes de la soie »

par Sergio Cantone  22/03/2019 -

 

Niché dans le golfe de l'Adriatique, à la pointe nord-est de l'Italie, Trieste a été pendant des siècles un important port de commerce. En déclin depuis plus de 70 ans, il pourrait redorer son blason en servant de centre logistique stratégique dans le projet pharaonique des "nouvelles routes de la soie" initié par Pékin. L'Italie, troisième puissance économique de la zone euro est en passe de signer un protocole d'accord avec la Chine.

 

" Nous sommes en train de devenir une jonction importante pour les échanges commerciaux internationaux. Il est clair qu'un tel carrefour devient pertinent aux yeux des grands acteurs du marché mondial dont les Chinois sont aujourd’hui l'un des acteurs majeurs", explique Zeno D'Agostino, président de l'autorité portuaire de Trieste.

 

Pour certains des partenaires occidentaux de Rome, en particulier les Etats-Unis, l’Italie risque, avec cet accord, de devenir le cheval de Troie de la Chine en Europe. Le gouvernement italien, lui, y voit plutôt une perspective alléchante.

 

"L'axe de la politique étrangère de Rome reste l'Europe et l'OTAN. L'accord avec la Chine est censé stimuler une économie italienne stagnante. Reste que le prix politique à payer pourrait être élevé".

 

Les entrepreneurs locaux sont convaincus que traiter avec les Chinois fera le lit de nombreuses opportunités dans leurs affaires, notamment dans le secteur des services.

 

"L'accord avec la Chine va permettre une expansion progressive du secteur tertiaire, notamment en ce qui concerne le port de Trieste. Cela va lui apporter une réelle plus-value sur le marché européen", dit Federico Pacorini, entrepreneur.

 

Tout le monde n’est pas de cet avis. Forza Italia, par exemple, estime qu'un renforcement des liens avec la Chine peut être dangereux pour l'Italie.

 

"L'Italie doit choisir entre ses 70 ans de relations avec la plus grande démocratie du monde, à savoir les Etats-Unis, ou la Chine. Si les Italiens pensent qu'ils obtiendront des avantages des deux, ils ne sont pas seulement naïfs, mais aussi stupides", exprime Giulio Camber de Forza Italia.

 

Pour d'autres, le protocole d'accord entre l'Italie et la Chine peut profiter à Trieste.

 

Pour l’écrivain originaire de Trieste, Paolo Rumiz, le protocole d'accord entre l'Italie et la Chine ne concerne pas seulement l'économie et le commerce.

 

"Cet accord n’offre pas seulement à l’Italie un nouveau rôle central, il lui redonne toute la place qu’elle occupait auparavant, du temps des grands empires. C'est ce qu'était Trieste, pendant ses années de prospérité, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, juste avant le début de la Première Guerre mondiale", dit-il.

 

Si Trieste attire déjà de nombreux investisseurs, l’envie légitime de la ville portuaire de renouer avec un passé glorieux pourrait la conduire en eaux troubles dans l’avenir. La Chine pourrait en effet, selon les analystes, s'avérer être un partenaire trop fort et trop grand pour l'Adriatique et l'Italie.

 

Journaliste • Raphaele Tavernier

 

LA BELT AND ROAD INITIATIVE : ENJEUX ET DÉFIS POUR LA CHINE

 

Résumé: La Belt and Road Initiative, développée dans le cadre du « Rêve Chinois » de Xi Jinping, souligne une grande diversité d’intérêts chinois. Ce projet de développement d’infrastructures à grande échelle pourrait être bénéfique diplomatiquement et économiquement pour nombre de pays si la Chine assure sa viabilité à long terme. Cet article vise à présenter les motivations à l’origine de l’élaboration d’une telle politique et à souligner les défis de sa mise en place.

 

ICI 

 

à suivre...

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commentaires

P
Effectivement il faut y voir clair et éviter de donner les commandes à des daltoniens. N'oublions pas que le péril jaune fut un temps un péril rouge. Rouge et jaune donne de l'orange. Mais, là encore, il faudrait s'entendre sur la signification de cet orange. Autre fois signe qu'il fallait ralentir il semble qu'aujourd'hui ,pour beaucoup, cela veut dire accélérer . Il faudrait également s'assurer que Chinois et Européens aient la même notion des couleurs. En effet, que penser de ces redoutables dialecticiens dont une profession de foi essentielle est de se foutre de la couleur du chat pourvu qu'il rapporte des souris. C'est pourquoi, je ne suis pas loin de penser, qu'il est peu être inopportun de parler de ligne jaune quand on parle de Chinois.Qui nous garantit que pour eux ce n'est pas une ligne de départ ?
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P
Sur la fin de sa vie (il est mort à 101 ans) Lévi-Strauss disait qu'il vivait dans un monde auquel il n'appartenait plus. Ainsi, quand on me parle de Trieste, les péripéties mercantiles actuelles me laissent froid. Je ne pense qu'à la vie cosmopolite de cette ville, grande rivale de Venise au point de devenir un temps autrichienne . Ce sont ces brassages de culture qui, pour moi, donne à Trieste ce parfum de mystère et de rêve que l'on prête à des villes comme Tanger. A tout cela se rajoute l'aura qu'apporte le séjour d'écrivain aussi important que James Joyce et Italo Svevo. Je n'ai jamais été à Trieste pas plus que je ne fus à Venise. Mais comment ne pas rêver comme d'autres s'enivrent au seul nom de Samarcande ou de Tachkent.
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