Nous, les farouches gaulois, râleurs, de France, de Navarre et d’ailleurs, adeptes du nombrilisme, pendant que le monde affronte de lourds périls, nous nous passionnons pour les « exploits » de Benalla et les errances des gilets jaunes…
Pauvre petit pays rabougri, racorni, en panne, immobile, prêt à s’embarquer dans les fourgons de pires démagogues, je m’en désole mais, sans aucun doute, mon grand âge m’épargnera de vivre un temps qui ne me va pas.
Coup de bourdon ?
Non !
Comme une envie de moucher sur les réseaux sociaux ceux qui passent leur temps à donner de leçons sur tout et le contraire de tout, mention spéciale pour certains cavistes dit engagés.
Alors, afin de ne pas me laisser aller à un pugilat sans intérêt avec des gens qui n’en ont pas un gramme j’ai décidé ce matin de donner la parole à un anglais.
- Pour faire plaisir au sieur Jacques Dupont
« Selon moi, il faudrait rassembler les fanatiques de la santé qui ont empoisonné tous nos plaisirs naturels et les enfermer dans un lieu où ils pourraient se casser les pieds entre eux avec leurs remèdes de charlatans. »
- Le crachat à 100£ pour honorer les vrais dégustateurs
Ça se passe lors de dégustation organisée par Corney&Barrow le marchand londonien possédant les droits anglais exclusifs sur les vins du Domaine de la Romanée Conti.
« C’était la première fois que je prenais conscience de la véritable souffrance du critique de vin. Car comment peut-on faire tourner quelque chose dans sa bouche après une expression aussi béate tout en sachant que la bouteille vaut 1500£, et tout cela pour griffonner ensuite « sacrément bon » sur son carnet ? Je voyais leurs sourcils se froncer tandis qu’ils s’efforçaient de rallonger leur paragraphe, d’ajouter un peu d’encre par-ci, de raboter par-là et, d’une façon ou d’une autre, de se faire pardonner leur crime puisqu’ils jetaient dans l’évier l’équivalent d’une mensualité de leur emprunt immobilier. »
- Pour mes nombreux lecteurs bourguignons
« Le Charlemagne (un vignoble donné à l’abbaye de Saulieu par Charlemagne en 775) se situe sur la pente favorable de la colline de Corton, non au-dessus d’Aloxe mais au-dessus de Pernand. L’Île de Vergelesses se trouve juste en-dessous, planté avec du pinot noir. Mais entre les deux, se trouve un minuscule vignoble appelé « Les Noirets » qui n’est ni un grand cru comme le Charlemagne ni un premier cru comme l’Île de Vergelesses, mais un simple vin de pays de Pernand. Il est planté avec du chardonnay et produit un vin aux arômes fins et nets, à la richesse profonde de noisette qui sont la marque d’un bourgogne blanc noble. Ceux qui dépensent une fortune pour une bouteille de corton-charlemagne n’ont pour la plupart jamais entendu parler du pernand-vergelesses, et aucun sans doute n’a entendu parler des noirets. Je suis profondément désolé de vous en parler. Mais à quoi servirait ce chapitre si je n’en parlais pas. »
- Pour le grand président Chapoutier
« Pourquoi l’appeler « shiraz » ? Ce raisin – la syrah – n’a rien à voir avec la ville de Shiraz, nonobstant la légende qui est mise ici et là sur les rives du Rhône, selon laquelle les Croisés auraient rapporté ce raisin de ces contrées et nonobstant la célébrité de Shiraz, lieu de naissance du grand buveur Hafiz. La syrah est le raisin de l’hermitage, un vin qui vieillit durant des décennies pour donner le plus délicat et le plus parfumé de tous les produits du Rhône. Le nom de « shiraz » donne au vin un côté sauvage et velu qu’il faut descendre au goulot avec le stoïcisme d’un converti qui vient de renoncer à la bière. Forcer le syrah à atteindre les 14 degrés (ou plus en rusant) pour accélérer la maturation, afin de mettre le produit sur le marché avec toutes ses saveurs de réglisse indomptées – crachant son souffle de feu comme un vieux coureur de jupons qui se penche vers vous et met sa main poilue sur votre genou – c’est massacrer un raisin qui, correctement traité comme c’est la cas sur la colline de l’Hermitage ou sur la Côte Rôtie, est le plus lent et le plus civilisé des séducteurs. »
- S’ouvrir au monde
« Aussi, retournons vers la véritable justification du vin, c’est-à-dire la pratique vertueuse. Voici une manière de l’exercer. Tout d’abord, entourez-vous d’amis. Puis servez quelque chose d’intrinsèquement intéressant : un vin enraciné dans un terroir qui vient vers vous depuis un lieu privilégié, qui invite à la discussion et à l’exploration, qui éloigne l’attention de vos propres sensations et l’ouvre au monde. Dans l’arôme qui s’échappe du verre, faire apparaître du mieux que vous pouvez l’esprit des choses absentes. Partagez chaque souvenir, chaque image et chaque idée avec vos compagnons. Recherchez un état d’esprit détendu et sincère, et surtout pensez au sujet en vous oubliant. »
Je bois donc je suis de Roger Scruton est publié dans la collection l’autre pensée chez Stock 20€ traduit de l’anglais par Elsa Boyer
Le fondateur de la chaîne Wetherspoon a même supprimé les alcools européens de son enseigne de 900 pubs.
Avec ses polos mal coupés, ses cheveux mi-longs et son curieux accent traînant, héritage d’une jeunesse passée entre l’Irlande du Nord et la Nouvelle-Zélande, Tim Martin incarne le parfait patron de pub, bien planté derrière son comptoir en bois. Carrure de rugbyman (1,95 m et 130 kg), l’homme parle avec des phrases simples, frappées au coin du bon sens.
Comme beaucoup de ses confrères, il soutient le Brexit avec ferveur. Il renvoie les experts, qui avertissent des dangers de la sortie de l’Union européenne (UE), à leurs chères études. « Les élites, les énarques, comme on dit en français, sont ce que j’appelle des “européistes” : ils ont une croyance presque religieuse en l’UE. »