Au temps où je rapportais, le débat sur les copeaux de chêne faisait rage, les vins boisés étaient à la mode, je n’ai jamais considéré que ce fût un facteur de compétitivité à l’export pour les vins héritiers des vins de table et de pays, alors je ne me suis pas aventuré sur ce terrain.
Afin d’enterrer mon rapport qui emmerdait les grands chefs du vin le ministre de l’époque confia une mission au préfet Pomel qui pondit « Réussir l'avenir de la viticulture de France » en mars 2006.
Rien ne vaut un vrai serviteur de l’État, les préfets en sont la caricature, pour produire des conclusions qui vont dans le sens du gouvernement et de ses soutiens professionnels.
C’est donc le préfet Pomel, grand expert de la chose du vin, qui préconisa l’autorisation de l’utilisation des copeaux de chêne doit être autorisée par la France, pour toutes les catégories de vins
« L’utilisation des copeaux de chêne est désormais autorisée au plan communautaire. Le règlement d’application est en cours de discussion. Les considérations techniques posent peu de problèmes en s’appuyant sur les travaux de l’OIV. En revanche, leur utilisation par les différentes catégories de vin n’est pas tranchée au plan communautaire.
Laisser les Etats membres se déterminer sur ce point semble la solution la plus pertinente.
Dans ce cas, l’utilisation des copeaux de chêne doit être autorisée par la France, pour toutes les catégories de vins.
Le règlement européen d’autorisation générale s’appliquera directement. Les AOC qui le souhaiteront pourront se l’interdire. »
Qui se souvient du préfet Pomel à part moi ?
Préfet honoraire il s’est indigné le 21/11/2014 dans une tribune publié dans le Midi-Libre : « Non à la fusion »
« Honte à ceux qui, par ignorance ou par incompétence, par vanité ou par servilité, ont sacrifié Montpellier et le Languedoc-Roussillon à de vils intérêts partisans ou à de médiocres ambitions politiciennes.
Faut-il descendre dans la rue pour empêcher cette ignominie ?
Faut-il engager la résistance civique à des mesures ineptes ?
Faut-il, pour cela aussi, attendre le retour de Nicolas ?
Nous n’avons pas le choix. Préparons-nous aux trois, tout à la fois, pour dire non à la fusion. »
Pauvre Bernard, caramba il a encore tout raté, Nicolas l’a laissé tomber…
Laissons-là ce pauvre rapporteur pour constater que du côté de l’utilisation des copeaux de bois depuis sa préconisation c’est l’omerta.
« En une décennie, les morceaux de bois et les alternatives aux barriques se sont imposés auprès des œnologues, comme des outils précieux afin de piloter le profil produit de leurs vins.
Quelle est la réglementation en vigueur pour l’utilisation des copeaux de chêne ?
L'utilisation de morceaux de bois de plus de 2 mm est autorisée en élevage depuis le règlement CEE du 20 décembre 2005 (sauf pour les Organismes de Défense et de Gestion - ODG les ayant explicitement interdits). Depuis le 10 juillet 2009 et le règlement CEE n°606/2009, il est également possible d'utiliser ces morceaux de bois en vinification.
Douelles, copeaux de chêne, poussière ou mélange de copeaux : les différences entre les techniques ?
Les planches intérieures ou douelles, « staves », ont l’avantage de posséder une large gamme de composés aromatiques. Lors de la chauffe, il existe un gradient de température au sein d’une même planche. C’est le produit qui se rapproche le plus de la barrique.
Copeaux ou éclats de chêne : la petite taille qui doit être supérieure à 2 mm pour respecter la réglementation, permet d’obtenir une chauffe homogène. Il apporte moins de complexité que les douelles. La vitesse de diffusion des composés aromatiques dans le vin dépend fortement de la taille des copeaux utilisés (diffusion rapide pour la poussière, la chauffe est uniforme et très forte, diffusion plus lente pour les gros éclats)
Les mélanges de copeaux : le mélange de copeaux de chauffe différente permet de se rapprocher de la complexité aromatique de la barrique, avec beaucoup de souplesse. »
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Bien sûr y’a pas mort d’homme mais tout de même celles et ceux qui conchient le vins nature « Le vin nature est une offense à l’esthétique, une offense au terroir, car le vin nature exprime rarement le terroir. »
Nous y voilà, terroir, typicité, expression des cépages, avec un chouia de poussière de bois ça fait le parfum du bon vin quotidien vendu en GD !
Ecole flamande du XVIIIème siècle SCÈNE DE TAVERNE Huile sur toile, ...
«… en ville elle est visible dans un lieu où le petit vin blanc acide coule à flots et où le peuple apprend à boire en mangeant. C’est le cabaret ou la taverne du centre ancien, ou encore la guinguette hors les murs, plus tard la taverne des faubourgs.
[…]
Le cabaretier proclame à corps et à cri qu’il ne fait que suivre les goûts de sa clientèle et qu’il a adapté son offre au goût dominant. Et ce goût dominant, ô surprise chez des gens qu’on dit soumis à une monotonie lassante, c’est un goût uniforme. Chez le tavernier, on réclame son vin habituel, de la même « boîte » que celui qu’on boit d’ordinaire. Aussi les taverniers débitant beaucoup ont-ils passés contrat avec le menuisier le plus proche et les gros copeaux sortant de la varlope finissent dans leurs caves. Ils en emplissent les futailles puis transvasent le vin, dans le but de « fournir toujours aux acheteurs de vin de même goût ou boîte […] ; l’usage de ces Rapez n’est à d’autres fin que pour entretenir toujours leurs chalands d’une même boîte pour le rendre tout d’un goût, même si [ils sont] de diverses provenances.
Va-t-il boire au cabaret ? L’artisan du XVIIIe siècle exige un vin standardisé.»
Nicolas de Bonnefons Les délices de la campagne 1741 cité dans Nourritures canailles de Madeleine Ferrières.