Mépris de classe va-t-on me balancer !
Halte au feu, les obtuses et des obtus se recrutent dans tous les milieux sociaux, rien n’est pire qu’un polytechnicien obtus ou une vétérinaire obtuse, j’en ai croisé un paquet dans ma longue carrière.
Dans les 15 dernières années je me suis colleté aux dossiers dont personne ne voulait dans la haute-administration de l’Agriculture, on m’a baptisé médiateur d’abord dans les Pyrénées-Orientales sur le dossier catastrophe des vins doux naturels puis sur celui du Cognac en plein désastre, puis du côté de Châteauneuf-du-Pape Clochemerle, du Gers pour tenter de réconcilier deux blocs coopératifs, enfin tout à la fin puisque je sentais le soufre dans le vin le Ministre Le Maire m’a fourgué les dossiers laitiers bien vérolés.
Ma méthode fut simple : les semelles de crêpes au plus près des gens, les réunions dans les villages avec les intéressés, toujours disponible pour écouter, entendre, dialoguer, tenter de convaincre les plus virulents, c’était chaud, sportif, même parfois violent : à St Jean Lasseille la CR badigeonna des slogans hostiles sur le portail du lieu où je dormais, à Cognac le Modef aviné me coursait derrière ma petite auto, des menaces, des je me plaindrai à votre Ministre de la part d’un président de Chambre d’Agriculture…
Maintenant que j’y songe j’en ai rencontré beaucoup des futurs gilets jaunes.
Débattre avec dans la salle un paquet d’obtus braillards occupant le fond de la salle ce fut mon lot : « Y’a qu’à interdire les importations ! » m’admonestaient les gars du Modef à Matha. Réponse : « Le Cognac c’est 90 % à l’exportation… » ou avec des gens de gauche encore dans mes histoires laitières avec les Lactalis et autres « Puisque vous êtes le représentant du Ministre vous n’avez qu’à leur imposer de nous acheter notre lait. »
Oui les y’a ka et les vous avez ka c’est un peu la marque de fabrique des gilets jaunes.
J’ai plaidé tant auprès de mes collègues hauts-fonctionnaires que des Ministres qu’il leur fallait traiter certains problèmes aigus en allant au plus près des gens, en se débarrassant de ses oripeaux d’autorité, sorte de missi dominici du Ministre, maîtrisant le dossier tout en se mettant à l’écoute des difficultés des gens placés dans des situations inextricables.
Peine perdue, mes collègues, dont beaucoup avaient été Directeur Régionaux ou Départementaux auprès des Préfets, ne voulaient pas ou ne pouvaient pas se mettre à ce niveau. Quant aux Ministres ils ne font que passer, comme m’a dit Le Foll la dernière fois que je l’ai vu « t’es un emmerdeur… »
Certes, mais j’ai vu, lors de la première réunion avec les éleveurs livrant leur lait pour faire de la Fourme de Montbrison, abandonnés par leur collecteur, un grand jeune homme de 35 ans pleurer.
Comme vous le voyez les obtus et les obtuses se nichent du haut en bas de l’échelle, certains ont des œillères, d’autres sont calcifiés dans des schémas idéologiques, des idées reçues, des illusions.
Qu’il y ait de la misère sociale dans notre vieux pays, tout de même bien bordé par des mécanismes redistributifs, je suis le premier à le reconnaître, mais je ne vois pas dans le mouvement désordonné, minoritaire, individualiste, avec tous les relents nauséabonds que nous traînons, des gilets jaunes une porte ouverte au débat.
Les politiques d’opposition sont lamentables.
Les grands médias pataugent dans la fange de l’audience à tout prix.
Les intellectuels patentés nous assènent leurs vérités pré-préparés et tels des derviches tourneurs occupent les plateaux télés.
Le pouvoir, au travers de son Président descendu enfin dans l’arène, ne cherche qu’à éteindre le feu, soupçonné d’enfumer ces « braves gilets jaunes »
Le grand débat national, pourquoi pas ?
Mais entre le point de vue des gilets jaunes qui affirment « ça fait deux mois que l’on débat sur nos ronds-points » et une majorité « silencieuse » qui oscille entre la compréhension et l’exaspération, il sera bien difficile d’accoucher d’une synthèse emportant l’approbation.
Pour sourire un peu, le roi de la synthèse molle, François Hollande, a fait la preuve de son efficacité pour liquider un grand parti sûr de lui et dominateur.
J’avoue que je ne suis guère optimiste nous traversons une zone de turbulences dans un Monde lui aussi bien aventureux dont nous ne pourrons nous extraire en implorant la volonté de nos gouvernants quels qu’ils soient.
Notre goût de l’entre-soi n’est plus de saison, le repli sur soi, l’incapacité dans laquelle nous sommes de débattre c’est-à-dire de discuter avec vivacité et chaleur, sans recours à la violence, aux injures, tout en examinant les aspects contradictoires d'une question… est le symptôme d’une société en pleine perte de sens, le sens du vivre ensemble, incapable de reconnaître qu’elle est parmi les plus privilégiée du monde, assistée, envieuse, sans projets fédérateurs.
Et lorsque je lis les déclarations des leaders autoproclamés des gilets jaunes je me dis que les dirigeants de notre pays ne sont pas sortis de l’auberge.
L’association MichelRocard.org vous souhaite une très bonne année 2019 !
« Plus que jamais la parole de Michel Rocard semble manquer dans une situation actuelle particulièrement tourmentée. Il a lui aussi été confronté à d’importants mouvements sociaux, même s’ils n’avaient rien de comparable à ce que nous vivons ces derniers mois. Déjà à l’époque, l’affaiblissement des partis politiques et des syndicats était patent, poussant ainsi les protestataires à s’organiser dans des coordinations en dehors des organisations, processus que les réseaux sociaux ont largement contribué à amplifier. Durant ces périodes, Michel Rocard et son gouvernement se sont toujours efforcés de privilégier la concertation et l’écoute. Il résistait à la pression de médias amplifiant l’hystérie collective. Toute sa carrière s’est fondée sur le rejet de la violence en politique, y compris pendant les années post-68 où la tentation était forte. Surtout, il savait que, pour être durablement acceptée, une réforme doit reposer sur un diagnostic aussi largement partagé que possible, et que le temps long du diagnostic, de la concertation et de la délibération ne sont pas au final du temps perdu, mais du temps gagné.
Puisque le mois de janvier est aussi celui des souhaits et des bonnes résolutions, espérons que cette méthode, « la méthode Rocard », sera adoptée par nos gouvernants comme par leurs opposants durant les mois à venir. »
OBTUS-OBTUSE
[En parlant de l'homme considéré intellectuellement ou, p. métonymie ., de l'intelligence, de l'esprit]
Qui manque de subtilité, de finesse, qui comprend très lentement.
Synonyme : épais, lourd, borné, bouché (fam.).
« La finesse chez nous est ce qu'il y a de plus rare: tout à l'air d'être fait avec de gros outils et, qui pis est, par des esprits obtus et vulgaires (Delacroix, Journal, 1855, p.338).
« Un subalterne obtus qui ne voit pas plus loin que la lettre de la consigne » (Arnoux,Roi,1956, p.273)
« Comparez la guerre à la paix. Les travaux de la paix sont longs, monotones, souvent pénibles, et sans gloire pour la plupart de ceux qui s'y livrent; les œuvres de guerre, promptes, faciles, à la portée des intelligences les plus obtuses. A. France, Vie fleur, 1922, p.476.
♦ Obtus à + subst. indiquant l'objet de l'incompréhension.
« La foule qui se passionne, mouvante et vague, autour d'un livre ou d'une pièce, et les met à la mode, n'est pas artiste, au sens où les initiés entendent ce terme. Elle est obtuse aux beautés de forme, les plus importantes au regard des cénacles » (Bourget Nouv. Essais psychol., 1885, p.5).
− En emploi subst. « Le moyen du scepticisme est l'ironie, l'essence et la quintessence de l'esprit français, la formule la moins accessible aux masses, aux obtus, aux épais, aux sots et aux niais » (Goncourt,Journal,1858, p.459).
Depuis le XVIe siècle et l’expression "d’une buse on se saurait faire un épervier", les imbéciles sont traités de buses. La réputation de ce rapace vient du fait qu’autrefois, les fauconniers ne parvenaient pas à les dresser, et ils ont donc considéré que la buse était un animal stupide. En ajoutant "triple", on insiste ainsi lourdement sur la stupidité.
Plus de 200 personnes se sont réunies vendredi soir à Lons-le-Saunier, dans le cadre du grand débat national voulu par Emmanuel Macron. Mais les doutes persistent sur cette initiative qui vise à répondre aux « gilets jaunes ».