Après avoir été ouverte, relayée sur internet, la lettre aux Français sera également envoyée par courrier, pour un coût d'environ 10 millions d'euros ; encore un pognon de dingues vont éructer les gilets jaunes alors que le jeune Emmanuel soutient la Poste en mal de papier timbré.
J’avoue ne pas l’avoir lu, trop longue, trop bon élève, bref, sur papier je pense que je vais m’y coller.
En attendant, non pas Godot, je vous propose de lire une contre-lettre, comme autrefois au bon temps de Mitterrand version IVe République, avec des gouvernements durant moins longtemps que durent les roses, il y avait un contre-gouvernement.
C’est l’œuvre de Pierre-Antoine Delhommais du Point.
Ce garçon, que je ne connais pas, a tout pour me déplaire, il est journaliste économique tendance libertarien, les économistes je n’aime déjà pas, alors les journalistes économiques c’est la catata, des perroquets, quant aux libertariens, les trop d’État, depuis que je me suis tapé Salin en mai 68, vu Reagan, avec ses boys de l’école de Chicago à l’œuvre, je suis sceptique. Mon modèle, comme mon pays Michel Albert, c’est le modèle rhénan.
Bref, comme mais je ne suis pas sectaire je confie à Philippe Labro le soin de vous le présenter :
Le Goncourt du journalisme a été décerné la semaine dernière à Paris, à l'Hôtel Lutetia.
Il s'agit du prix Louis-Hachette 2012 pour la presse écrite, qui récompense, depuis plus de vingt-cinq ans, quatre «papiers», qu'ils soient parus sous forme de chronique, de portrait, d'enquête, d'éditorial ou grand reportage. Deux critères dominent les jugements: il est préférable que ce soit bien écrit (on favorise le «style», le «ton», cette petite musique qui fait la différence et que l'on n'entend guère sur les sites et les blogs) et il est indispensable que l'histoire, le contenu, propose une information originale - que cela ait appris quelque chose aux lecteurs, les ait surpris. J'ai le plaisir de faire partie du jury. Il a été longtemps présidé par Françoise Giroud, à laquelle a succédé Claude Imbert. Demain, Laurent Joffrin prend le relais.
Pierre-Antoine Delhommais, 50 ans (donc 59 cette année), 1,85 m, éditorialiste au Point, a été, lui, choisi pour une chronique intitulée «Et si l'on saisissait La Joconde…». Voici un homme qui, pour parler chaque semaine d'économie, va chercher Balzac et Jean Ferrat, puise dans l'humour et la littérature, et parvient à cet exploit : faire comprendre à chacun cette «matière rebutante», la finance et les chiffres. Il vit en Touraine, élève son garçon tout seul, me dit qu'il pense toute la semaine à son édito, mais le rédige assez vite, avec la sensation de «passer le bac chaque semaine. Ça me stresse - ma vie en dépend - j'adore ça. « L'important, c'est comme dans la pêche à la mouche (ma passion): il faut se concentrer! Ne penser qu'à cela, comme quand on fait l'amour avec une femme que l'on aime, selon le mot de l'écrivain Jim Harrison».
Sa contre-lettre, est dans la bonne tradition des chroniqueurs qui ne trempent pas leur plume dans l’eau tiède – ça me rappelle Louis-Gabriel Robinet du Figaro, dit robinet d’eau tiède par ses confrères – j’avoue aimer ça car beaucoup de ses saillies pointent sur là où ça fait mal.
Et puis, que voulez-vous, en face, c’est morne plaine, les émules de PMF, du père Rocard sont portés disparus, ballotés pour ce qu’il reste du PS entre un Mélenchon chavezizé, un Hamon décrédibilisé, des Verts qui ne savent plus où ils habitent, un PC coulé.
Du côté droit, le fou du Puy gît dans l’ornière dans laquelle il s’est jeté la tête la première pour le plus grand bonheur de la niaise du borgne de Montretout. Les gilets jaunes offrent un boulevard à cette frange qui pue, remugle des temps que l’on croyait disparu.
Reste le jeune Macron avec son en même temps qui penche beaucoup à droite avec par gros temps de gilets jaunes un ressaut qui se voudrait rocardien, confère son marathon de 6 heures devant les maires de l’Eure.
Il est pugnace le gamin mais au-delà du débat restera à trancher, choisir au risque de déplaire, de décevoir, comme le disait PMF : « gouverner c’est choisir… »
Bonne lecture :
Mes chers compatriotes,
Ma cote de popularité, au plus bas selon les sondages unanimes, comme le large soutien que vous apportez depuis le départ, malgré ses violences, au mouvement dit des « gilets jaunes », indiquent aujourd'hui assez clairement que non seulement ma politique, mais aussi ma personne, font l'objet d'un rejet que l'on peut qualifier, sans exagération je crois, de franc et massif. Alors le moment est venu pour moi de vous dire, en ce début d'année 2019, que la réciproque est également vraie. Si dix-huit mois ont été nécessaires pour qu'éclate votre haine à mon égard, il m'a fallu nettement moins de temps pour ne plus pouvoir vous supporter.
Pour ne plus supporter vos jérémiades incessantes et vos plaintes continuelles, votre capacité inégalée dans le monde - les autres chefs d'Etat rencontrés lors des G20 me l'ont confirmé - à vous lamenter en permanence sur votre sort. A vouloir, aussi, tout et son contraire : à réclamer moins d'impôts mais plus de dépenses sociales, à militer pour le made in France mais à acheter toujours plus de produits importés, à hurler parce que l'Etat n'en fait pas assez dans la lutte contre le réchauffement climatique mais à vous révolter contre la hausse de la taxe carbone sur les carburants.
Déni. Vous m'aviez trouvé blessant quand j'avais évoqué un peuple de « Gaulois réfractaires ». Je le reconnais volontiers, le mot était mal choisi. Ce n'est pas réfractaires que vous êtes, c'est ingouvernables. Par ignorance, bêtise ou aveuglement, probablement un peu les trois, vous continuez de vivre dans un complet déni de la réalité économique qui est celle de la France, celle d'un pays qui vit depuis des décennies au-dessus de ses moyens, endetté jusqu'aux oreilles, où l'on travaille moins qu'ailleurs, où l'on crée moins de richesse et de croissance qu'ailleurs. Ce qui ne vous empêche pas d'exiger le même niveau de vie et les mêmes hausses de pouvoir d'achat que celles qu'obtiennent, grâce à leurs performances économiques collectives, les Allemands, les Suédois ou encore les Américains. Vous êtes convaincus, et je suis d'accord avec vous au moins sur ce point, que la France va mal, et pourtant vous voulez que surtout rien ne change, vous vous opposez par principe aux réformes qui ont réussi chez nos voisins. Vous avez même l'arrogance de prétendre imposer notre modèle de société au reste du monde qui nous regarde pourtant, de façon assez objective, comme un pays à l'agonie. Vous vous donnez des grands airs révolutionnaires pour mieux cacher votre ultra-conservatisme.
Cagnottes. Je dois dire que l'indifférence que vous manifestez à l'égard de la situation de nos finances publiques m'a régulièrement mis dans des colères noires, m'a fait pousser des « noms de nom » et même des « sacrebleu » tonitruants qui ont résonné dans tout le palais de l'Elysée. Je tiens tout de même à vous rappeler, mes chers compatriotes, vous qui aimez tant les cagnottes, qu'il faudrait en lancer une où chacun d'entre vous verserait 35 000 euros pour éponger notre dette publique. Votre obsession de justice fiscale s'arrête visiblement au fait de léguer aux générations futures le soin de la rembourser avec leurs impôts.
Je ne supporte plus enfin votre détestation factice de l'argent - en premier lieu celui des personnes qui en gagnent plus que vous -, votre haine envieuse des riches et des « élites » - sauf quand il s'agit des joueurs de l'équipe de France de football -, votre jalousie maladive que vous maquillez en amour de l'égalité. Je ne supporte plus ces contempteurs en chef du « système » qui ont passé leur existence, comme sénateur ou héritière, à en vivre grassement. Ni ces pseudo-intellectuels déclinistes faussement préoccupés, eux qui n'en connaissent pas, par les problèmes de fins de mois d'un peuple dont ils méprisent par ailleurs les aspirations « bassement » matérialistes. Au premier rang desquels ce philosophe pour midinettes qui fait l'éloge de la sagesse romaine mais écrit, sans que cela offusque grand monde, des textes à mon encontre d'une vulgarité homophobe à vomir.
Gloubi-boulga. Inutile de vous préciser que je n'attendais strictement rien de l'organisation de ce grand débat national qui n'avait d'autre objectif, je peux maintenant vous l'avouer, que de satisfaire votre goût immodéré pour les palabres et votre propension pathologique à la procrastination. Il ne pouvait guère en résulter qu'un gloubi-boulga informe de propositions plus irréalistes et stupides les unes que les autres, probablement aussi quelques poudres de perlimpinpin dont vous possédez le secret de fabrication.
Permettez-moi, mes chers compatriotes, de douter fortement de votre expertise et de votre sagesse en matière économique, vous qui avez constamment élu et même parfois réélu sans discontinuer depuis quarante ans, sur la foi de promesses électorales à dormir debout, des dirigeants parfaitement incompétents ayant conduit le pays au bord de la faillite.
Pour votre plus grand soulagement qui n'égale toutefois pas le mien, j'ai donc décidé de démissionner de la présidence de la République, annonce qui sera très certainement fêtée jusqu'au bout de la nuit, sur tous les ronds-points du pays, par des chenilles enflammées, dansées en chantant des « Macron Ciao » vous procurant des petits frissons de nostalgie révolutionnaire. Profitez-en bien. Je crains en effet que la mise en œuvre des résultats de vos référendums d'initiative citoyenne ne conduise très rapidement la France à se retrouver sous la tutelle du FMI, dont les « programmes d'ajustement structurel » vous feront paraître, en comparaison, comme incroyablement douce et protectrice la politique de réformes économiques que je menais. Alors, chers gilets jaunes et chers compatriotes, je vous souhaite bon vent et surtout, saperlipopette, bon courage !